Joseph, l’histoire énigmatique de l’enfant sauvage du Tarn

Ce week-end, Haut Courant vous propose une série consacrée aux mystères. Depuis plusieurs siècles, les histoires d’enfants sauvages fascinent les Hommes. Rendu célèbre par François Truffaut, le petit Victor, retrouvé dans les forêts aveyronnaises, était originaire du département voisin : le Tarn. Qui était-il ? Comment a-t-il survécu ? Scientifiques et locaux ont tous leur avis sur la question.

Lacaune a tout d’une petite ville ordinaire. Avec un peu plus de 3 000 habitants, elle est surtout réputée pour sa bonne charcuterie. Mais si, après un copieux repas, les gastronomes s’attardent dans ce village aux toits en ardoise, ils seront surpris par l’histoire singulière d’un enfant de la région.

Cette histoire est celle de Joseph : un garçon sauvage retrouvé dans les bois de la Bassine, à quelques kilomètres de Lacaune. Une partie du musée local lui est consacré et un sentier de promenade lui est dédié. Son aventure surprenante, tous les habitants pourront vous la raconter. Mais attention, les Lacaunais sont susceptibles. Évoquer avec eux Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron mis en scène par le cinéaste François Truffaut, pourrait les froisser. Car dans le petit village chacun sait que Joseph et Victor ne sont qu’une seule et même personne. Et que le célèbre garçon est bien originaire des Monts de Lacaune. Pas du département voisin !

Un enfant abandonné dans la forêt

Tout commence à la fin du XVIIIe siècle. Des bucherons trouvent un jeune garçon dans la forêt. Des villageois l’avaient déjà aperçu. Mais cette fois, ils parviennent à l’approcher et à le ligoter. Joseph, l’enfant sauvage du Tarn vient d’être découvert. Dominique Calas, professeur d’histoire-géographie, s’est passionnée pour ce cas d’école. « Il a été retrouvé nu et avait une grosse cicatrice à la gorge, d’une quarantaine de centimètres. Les scientifiques de l’époque ont estimé que Joseph avait 12 ou 13 ans. » Loin d’être une légende locale, le petit garçon a bien existé. Le mystère reste pourtant entier : qui était-il ? Comment a-t-il grandi dans les bois ?

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«Dans un village, il y en a toujours un qui en sait plus que les autres. J’ai toujours entendu dire que c’était l’enfant illégitime d’une Dame noble. Comme on disait à l’époque, c’était un bâtard.» Jean a 90 ans et a vécu toute sa vie à Lacaune. Cet ancien maire a entendu beaucoup de choses sur l’enfant sauvage, mais rien qui n’ait pu être vérifié. Sa version est celle des anciens du village. Geneviève a elle aussi son idée sur la question. « C’était le fils d’un seigneur avec une servante ou une paysanne, qui a été abandonné dans le bois ? » Quelques nuances entre les deux histoires mais une même idée : celle d’un enfant illégitime.

Au XVIIIe siècle déjà, les autorités communales s’interrogeaient sur les origines du garçon. Pour satisfaire la curiosité de la population, et dans l’espoir que quelqu’un le reconnaisse, elles l’exposent à plusieurs reprises sur la place du village. Personne ne sait rien, personne ne dit rien. Après s’être une nouvelle fois échappé, trois chasseurs confient Joseph à une veuve. Celle-ci réussit à l’affubler d’une vieille chemise et à lui faire manger des pommes de terre.

Une adaptation à la vie animale

« Dans les bois, Joseph se nourrissait de glands, de racines. Il semblerait qu’il pouvait flairer ses aliments. Comme un animal, il marchait à quatre pattes et ne craignait pas le froid. » Dominique Calas a consulté les rapports et récits des scientifiques de l’époque. Pierre Joseph Bonnaterre est le premier, en 1800, a avoir étudié le garçon. Ces conclusions insistent sur la capacité d’adaptation de l’enfant dans les bois. « On comprend l’émotion que provoqua cette nouvelle et l’intérêt qu’offrait à une société civilisée la découverte de cet enfant : trouvé nu au milieu d’une forêt, venu on ne sait d’où, victorieux on ne sait comment des rigueurs des hivers ou des attaques meurtrières des bêtes sauvages. »

D’autres scientifiques vont se pencher successivement sur son cas. Certains comme le professeur Pinel voient en Joseph « un enfant idiot ». Le docteur Jean Itard, lui, s’oppose à l’internement de l’enfant dans une institution d’aliénés. Pour Dominique Calas, beaucoup de questions se sont posées sur la santé de Joseph. « Il ne parle pas, certains se demandent même s’il est sourd. Il est aussi insensible au feu qu’au froid. Une hypothèse avance que Joseph aurait pu être un enfant autiste, abandonné à cause de sa maladie. C’est très plausible. »

L’enseignante semble convaincue par cette dernière théorie, même si elle reconnaît que l’abandon après tentative d’infanticide reste possible. « La grande cicatrice sur sa gorge peut laisser penser que quelqu’un ait essayé de l’égorger puis l’ait abandonné dans les bois. » Une seule certitude : l’enfant n’a pas été jeté dans la nature dès sa naissance, mais vers l’âge de cinq, six ans. Ce qui explique plus facilement sa survie.

Plusieurs siècles sont passés et Joseph, devenu Victor, reste toujours un mystère. Il est peu probable que les réponses à ces questions soient découvertes un jour. Mais qu’importe les incertitudes, la légende de Joseph fascine encore les Lacaunais. Ils continueront à transmettre aux nouvelles générations l’histoire de Joseph, l’enfant sauvage de la région.

À la recherche de la communauté juive du Moyen Âge

Ce week-end, Haut Courant vous propose une série consacrée aux mystères. Aujourd’hui, la présence juive à Montpellier. Elle remonterait à la création de la ville en 985 et est attestée dès 1121. À la veille d’une troisième campagne de fouilles archéologiques au cœur du centre historique, retour sur le passé médiéval de la ville et de son lien avec la communauté juive.

Légendes lyonnaises : la Tête d’Or du Christ toujours recherchée

Ce week-end, Haut Courant vous propose une série consacrée aux mystères. Dans la capitale des Gaules, les légendes sont aussi nombreuses que les bouchons lyonnais. Chaque quartier peut se targuer d’avoir une histoire non expliquée, un mystère historique ou une énigme fameuse à raconter. Mais de tous ces mythes urbains, un seul est connu et aimé de l’intégralité des Lyonnais : celui de la Tête d’Or du Christ.

Le parc de la Tête d’Or est le poumon de Lyon. Avec une centaine d’hectares de terrain, un lac et un jardin zoologique, il est la bouffée d’air vert de la ville. Tout Lyonnais a une histoire avec ce parc. L’apprentissage du vélo étant enfant, le jogging à la tombée de la nuit, les après-midi sur les grandes étendues d’herbe grasse et verte, le pique-nique à l’ombre d’un immense séquoia, les batailles de boules de neige dans les allées structurées à l’anglaise… on ne compte plus les témoignages prouvant que la Tête d’Or est bien le Jardin des Gones.

Une légende plusieurs fois centenaire

Mais peu connaissent la véritable histoire que renferment les enceintes de ce lieu. Le parc a été bâti en 1856 grâce aux paysagistes Denis et Eugène Bulher, et à l’instigation du sénateur-maire Claude-Marius Vaïsse qui voulait «offrir un jardin aux Lyonnais qui n’en ont pas.» Or, le nom du lieu ne trouve pas son origine lors de la construction du parc, il est beaucoup plus ancien. Sous François Ier, dans les années 1530, le terrain alors marécageux est déjà connu sous ce nom. Dès cette période, une légende circule à son propos. Des croisés auraient caché un trésor dans le sol flottant du terrain, dont une tête de Christ en or. Le mythe a ainsi perduré jusqu’au XIXe siècle, période à laquelle les recherches de la fameuse sculpture précieuse se sont accentuées.

L’une des versions de l’histoire mentionne une voyante qui aurait été engagée pour retrouver le trésor tant recherché. Mais cette interprétation est peu racontée car elle se termine beaucoup trop rapidement : la voyante aurait été incapable de soulager l’attente des Lyonnais, et la Tête d’Or serait restée introuvable.

Une autre variante de la légende est bien plus attrayante et plus amusante à conter. Elle tire son origine des canuts, les tisseurs de soie qui au XIXe siècle ont connu une longue période de crise. Lors de la construction du parc en 1856, les soyeux au chômage auraient été engagés pour aider à creuser le terrain destiné à l’accueil du futur lac. La pioche de l’un d’eux aurait butté sur un bloc dur. La Tête d’Or du Christ, après plusieurs siècles, est retrouvée.

Des canuts vénaux, un Christ attristé

C’est là que l’histoire prend un tournant hautement métaphysique. Les compagnons du bienheureux, envieux de sa trouvaille, le rossent de coups. Une violente rixe se déclenche rapidement. Il est alors raconté que le Christ, attristé par le comportement vénal de ces hommes, se serait mis à pleurer par l’intermédiaire de sa statue. Il faut croire que les pleurs du fils de Dieu sont perçus comme plus importants que n’importe quel mortel. Ses larmes auraient suffi à fournir toute l’eau du lac qui était en train d’être creusé. Par ce déluge, la Tête d’Or aurait été à nouveau perdue.

Si peu de Lyonnais connaissent la véritable histoire de la Tête d’Or, une grande partie sait cependant qu’une rare sculpture est enfouie dans les profondeurs du lac. Légende ou réalité, personne ne le sait vraiment, bien sûr. Mais il est fréquent, lorsque l’on se laisse promener le long des rives calmes du lac, d’entendre des enfants excités à l’idée de trouver le trésor perdu.

Rencontre avec une grenouille de bénitier

Ce week-end, Haut Courant vous propose une série consacrée aux mystères. Aujourd’hui, direction Narbonne et sa basilique Saint-Paul-Serge à la rencontre d’une grenouille, un animal bien ordinaire qui a trouvé refuge dans un lieu insolite. Découverte de cette curiosité locale qui attire chaque jour bon nombre de curieux.