Edwy Plenel dénonce le « surgissement progressif d’une justice politique »

Mercredi 4 novembre se tenait au restaurant Le Baloard le 7e « café démocrate » animé par Franck Michau, étudiant du Master professionnel « Métiers du journalisme » à Montpellier. Pour l’occasion, il recevait Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, invité à répondre sur une question largement médiatisée : « Clearstream : les coulisses du scandale ».

S’il est une affaire qui, aujourd’hui, demeure, aux yeux du profane, obscure et confuse, et ce en dépit de son large traitement médiatique, c’est bien l’affaire Clearstream. Face à ce flou, l’éclairage de l’ancien directeur de la rédaction du quotidien Le Monde, qui s’est constitué partie civile au procès, était le bienvenu.

Sans surprise, l’analyse de M. Plenel s’est voulue sans complaisance à l’égard du président de la République, Nicolas Sarkozy, en condamnant tout d’abord son statut de partie civile « ordinaire », en dépit de l’immunité pénale dont il jouit au cours de son mandat. Il a rappelé que dans le jargon pénal, il existe une notion pour désigner un tel déséquilibre entre accusés et accusateurs: «l’inégalité des armes». Le fondateur de Mediapart a ainsi dénoncé ce qui constitue, à ses yeux, le principal danger de cette affaire : « le surgissement progressif d’une justice politique ». Et le journaliste de citer en exemple l’affaire Dreyfus pour mettre en exergue le problème « d’éthique publique » que pose le procès Clearstream.

De ce point de vue, Clearstream n’aura en effet pas été sans conséquences. Ainsi selon Edwy Plenel, l’affaire aurait été l’objet d’une « privatisation » par Nicolas Sarkozy qui s’en serait servie comme « levier » en vue de l’élection présidentielle de 2007. Dans la même veine, l’ancien directeur de la rédaction du Monde a stigmatisé une « privatisation de l’instruction », ainsi qu’une « ligne de lecture univoque » au profit du président de la République. Et de dénoncer un Nicolas Sarkozy trop impliqué dans l’affaire, allant jusqu’à parler à la télévision de « coupables » au sujet des prévenus qui jouissent pourtant du droit à la présomption d’innocence.

Sur l’affaire elle-même, sans rentrer dans ses méandres les plus obscurs, M. Plenel a pointé du doigt les responsabilités des différents acteurs, de l’habile informaticien Imad Lahoud à l’ancien vice-président d’EADS, Jean-Louis Gergorin, en passant par le journaliste Denis Robert. Il a surtout insisté sur le rôle majeur d’Imad Lahoud, accusé d’avoir remis au Général Rondot les fichiers trafiqués. Aux yeux du fondateur de Mediapart, la culpabilité de l’informaticien semble ainsi faire peu de doutes.

Au final, si l’auditoire ne sort guère plus éclairé sur les mécanismes de cette affaire complexe, le débat aura permis à Edwy Plenel de souligner, d’une manière plus générale, les « dérives » toujours plus nombreuses à la tête de l’État et de faire partager son « inquiétude » sur cette instrumentalisation politique de la justice. Et de mettre en garde, au final, sur cette absence de « vitalité démocratique » et de « contre-pouvoirs » qu’a mis en exergue avec acuité cette sombre affaire Clearstream.

Sarko sous le soleil de Mexico

Un petit gout de bling bling. En pleine récession et crise internationale, Nicolas Sarkozy avait du se serrer la ceinture. Pas de dépenses trop monstrueuses, pas de voyages sur le yacht de riches industrielles ni de repas dans un restaurant huppé parisien, le chef d’Etat avait su se retenir. Enfin, jusqu’au week-end dernier…

« A la veille de sa visite officielle au Mexique, le couple présidentiel a séjourné dans la station balnéaire de Manzanillon sur la côte sud-ouest du pays » indique l’Express. Parti jeudi 5 mars 2009 pour une rencontre officielle prévuew le lundi 9 mars, ça fait du bon petit week-end. Trois jours de détente pour un couple fort occupé, on comprend. Profiter d’une visite diplomatique pour prolonger un séjour privé, on comprend aussi. Ce que l’on ne comprend pas par contre, c’est la source du financement des petites vacances des Sarkozy…

Pour le Canard Enchainé, Carla et Nicolas ont été hébergé au sein de l’hôtel Tamarindo Beach and Golf Resort : le « summum du luxe ». A 2000 dollars la nuit pour la suite présidentielle, 4000 dollars la suite Océan avec majordome particulier, le citoyen français aurait pu grincer des dents. Mais qu’il se rassure, car selon l’hebdomadaire satirique, « l’Elysée a prévenu qu’il s’agissait d’une invitation du président Calderon ». Une invitation personnelle ? De bonnes bases pour entamer les négociations musclées concernant la détention de Florence Cassez…

Mais rebondissement dévoilé par RTL « la présidence mexicaine n’aurait rien payé pour un séjour hors d’une résidence de l’État mexicain ». Pour RTL, c’est sans aucun doute le propriétaire du fabuleux hôtel lui-même, Roberto Hernandez Ramirez, qui aurait financé le séjour. Et comme on est au Mexique, sans narcotrafiquant, la visite aurait manqué de charme. Heureusement, ce n’est pas le cas pour Rue89 qui a passé au peigne fin le passé de ce banquier milliardaire et accessoirement l’une des plus grosses fortunes du pays : «Dans les années 1990, il a été soupçonné au Mexique de faire transiter par ses propriétés de la cocaïne sud-américaine et de participer au blanchiment de l’argent de la drogue». Quel exotisme, c’est Carla qui a du être contente de cette immersion en pleines mœurs locales…

D’un S qui veut dire Sarko

Mais trêve de farniente, Nicolas n’était pas là pour rigoler (enfin pas trop…). « La visite de Nicolas Sarkozy au président Calderon est officielle, elle tend à raffermir les relations franco-mexicaines et elle était prévue de longue date » précise la Voix du Nord. Mais le passage de notre chef d’Etat « a pris un tour politique avec la lourde condamnation par la justice locale de la Française Florence Cassez » rappelle le Point. Condamnée à 60 ans de réclusion en appel pour enlèvement et séquestration, Florence Cassez réclame son transfert vers les prisons françaises. Comme si les prisons françaises valaient mieux que les mexicaines, la bonne blague !

Arrivé sur place, Zorro-Sarko est arrivé sur Tornado pour faire la loi et ridiculiser le sergent Calderon. Mais las, le succès ne fut pas au rendez-vous comme avec les infirmières bulgares ou les membres de l’Arche de Zoé. Florence Cassez a ainsi été contrainte de renoncer à un pourvoi en cassation, pourvoi qui aurait pu permettre d’établir son innocence, afin d’effectuer son transfert vers la France. Dans un climat de tension au Mexique où les enlèvements constituent un véritable fléau, la démarche française est très mal perçue.
« La mise en place d’une commission bilatérale pour revoir la situation juridique de Florence Cassez est, de quelque côté qu’on le voie, une honte nationale » s’insurge le quotidien de gauche et d’opposition La Jornada. Et d’enfoncer le clou : « Le gouvernement mexicain s’est plié à la logique raciste et discriminatoire imposée par le président de la France, Nicolas Sarkozy ».

Réduit à user de prudence, « le président français et son homologue mexicain Felipe Calderon ont officiellement engagé hier (mardi 10mars ndlr) la procédure de transfèrement, en vertu de la convention de Strasbourg de 1983. Une commission de juristes des deux pays réglera les derniers détails dans les trois semaines » précise le Parisien.

C’est donc ulcérée que la population mexicaine observe son chef d’état s’accommoder des lois pour le bien fondé de la diplomatie. C’est également outrée qu’elle observe le pouvoir politique se mêler

Nicolas Sarkozy fait « face à la crise » sans convaincre

15 millions de français étaient réunis devant leurs écrans, jeudi 5 février 2009, pour écouter Nicolas Sarkozy expliquer comment la France va gérer la crise actuelle. Un rendez-vous à l’initiative de l’Élysée sans réelles propositions du chef de l’État.

Faire face à la crise. L’ambition était grande, le résultat décevant. Après 90 minutes de direct à la radio et à la télévision, Nicolas Sarkozy n’a pas vraiment convaincu. Il a ressorti son show médiatique, mis en scène dans les studios de l’Elysée avec quelques journalistes triés sur le volet, sans apporter de réelles solutions.

Dès les premières minutes il annonce la couleur : « je dois écouter ceux qui n’ont pas manifesté ». Une réponse directe à la journée d’action intersyndicale du 29 janvier dernier qui a réuni plusieurs centaines de milliers de français dans les rues. Certes Sarkozy laisse paraitre une image calme et s’ouvre au dialogue, mais le discours reste le même : « j’ai été élu pour agir. Je ne renoncerais pas aux réformes ». Une manière claire de soutenir la politique de son gouvernement, largement contestée par les manifestants. Néanmoins, quand il faut en venir aux propositions concrètes, il botte en touche : « il faudra en parler avec les partenaires sociaux ». Le rendez-vous est donné aux syndicats : il se réunira avec eux le 18 février 2009 pour discuter des réformes qui pourront aider les français à traverser cette crise.

Un virage social ?

Le chef de l’État a tout de même avancé quelques pistes pour rassurer les français. Sa priorité, c’est l’emploi. Exit le pouvoir d’achat, il faut stopper l’augmentation du chômage et relancer l’embauche. « C’est à moi de protéger les français » proclame-t-il. Selon lui, c’est en créant des emplois que la France sortira de la crise. Il propose pour cela une politique de relance par l’investissement notamment dans la construction de grandes infrastructures. « On ne sait pas ce que ça va créer comme emplois, mais ça va en créer » explique-t-il.
Sarkozy veut également venir en aide à cette classe moyenne française durement touchée par la crise. Solutions envisagées : supprimer la première tranche de l’impôt sur le revenu qui concerne 2 millions de contribuables, supprimer le deuxième tiers de ce même impôt dès 2009 ou encore augmenter les allocations familiales. Seule décision concrète annoncée : la suppression de la taxe professionnelle en 2010 pour toutes les entreprises. Une mesure estimée à 8 milliards d’euros et destinée à aider les entreprises françaises à créer de l’emploi. Des promesses intéressantes, mais qui risquent de faire exploser des dépenses publiques qui sont déjà au plus haut. Pour faire des économies, le Président a ainsi réaffirmé sa volonté de ne pas renouveler un fonctionnaire sur deux et refuse d’augmenter le Smic. Le virage social à ses limites.

Le Président de la République n’a finalement pas apporté de solutions pour faire face à la crise. Il lance des idées tout azimut pour tenter de rassurer, mais le problème subsiste. Néanmoins, le chef de l’État a compris qu’il ne peut pas résoudre la crise à lui seul. Il lui faudra réellement s’ouvrir aux syndicats lors de la rencontre du 18 février prochain pour dissiper le malaise social qui règne en France. Une entente avec ses partenaires européens est également incontournable. Le Président français attend de l’Europe une position unanime à la réunion du G20, le 2 avril 2009, pour « refonder le capitalisme mondial ». Une autre grande ambition d’un Nicolas Sarkozy qui a pris goût aux feux de la rampe internationale.

Il leur a dit d’aller siffler sur une autre colline

A force de déplacer, échanger, nommer et remplacer, une mutation en deviendrait presque banale. Jean Charbonniaud, préfet de la Manche, et Philippe Bourgade, son directeur départemental de la sécurité publique, ont été aimablement conviés à dégager respectivement les mercredi 28 et jeudi 29 janvier 2009. En cause, la manifestation du 12 janvier à Saint Lo au cours de laquelle le président a été amplement sifflé. Encore deux victimes de plus sur son tableau de chasse.

Le Premier ministre chinois évite la France

En visite en Europe pour le Forum économique mondial, Wen Jiabao, le premier ministre chinois, a délibérément choisi de ne pas passer par la France lors de son périple. La mésentente entre les deux pays risque de durer si Pékin et Paris ne font pas d’effort pour renouer leurs relations.

Le début du désamour

Depuis les émeutes au Tibet en mars 2008 et la position considérée pro-tibétaine de la France vis à vis de la Chine, les liens amicaux entre les deux pays s’étaient légèrement refroidis. Mais le passage tumultueux de la flamme olympique à Paris et l’appel au boycott des jeux par des politiciens français ont été les gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase.

Les relations bilatérales se sont considérablement refroidies par presse interposée. Particulièrement lorsque le président français a attendu que le vent tourne pour annoncer sa venue à Pékin le 8 aout 2008, jour de l’ouverture des J.O. Ne sachant pas sur quel pied danser, le Président français n’a pas hésiter à faire attendre l’invitation des chinois.

A la même période, le gouvernement français a annoncé la rencontre, le 7 décembre 2008, entre Nicolas Sarkozy, alors président de l’Union Européenne, et le chef spirituel tibétain, le Dalaï-lama, à Gdansk en Pologne, à l’occasion des cérémonies du 25e anniversaire du Nobel de la Paix à Lech Walesa.

La Chine a menacé à de nombreuses reprises la France des conséquences d’une telle rencontre. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao a d’ailleurs déclaré le 4 décembre 2008, «Nous attachons une grande importance à notre partenariat stratégique avec la France aussi bien qu’avec nos liens commerciaux, ces deux points sont liés. C’est seulement s’il y a de bonnes relations bilatérales que nous pouvons créer une bonne atmosphère pour nos relations commerciales.»

Les déclarations s’enchainent

En réponse à cette entrevue entre le Dalaï-lama et Nicolas Sarkozy, la Chine a annulé le Sommet UE-Chine prévu pour le 1er décembre. La position de la France avait été claire, Nicolas Sarkozy n’a d’ailleurs pas hésité a déclarer devant l’Assemblée européenne qu’il était « libre de son agenda ». Il a également ajouté quelques heures avant sa rencontre avec le chef spirituel, « En tant que président du Conseil de l’Europe, je porte des valeurs, des convictions. C’était mon devoir de le faire, je le fais bien volontiers ».

Dès lors un boycott des produits français est lancé en Chine. De nombreux magasins « Carrefour » très implantés en Chine ont été boycottés, mais pas pour longtemps. Car les magasins Carrefour emploient majoritairement des chinois et vendent des produits chinois.

Toutefois, le 8 décembre, la rencontre se fait. Les rotatives tournent, l’agence Chine Nouvelle condamne dans ces colonnes « l’initiative opportuniste, irréfléchie et à court terme », prise par « la partie française ». Malgré la courte durée de l’entrevue à Gdansk, le gouvernement chinois se dit mécontent et ne compte pas en rester là.

Effectivement, quelques heures après, l’ambassadeur de France en Chine, Hervé Ladsous est convoqué par le ministère des Affaires étrangères chinois pour s’expliquer sur cette «ingérence grossière dans les affaires intérieures de la Chine». Pékin a annoncé lors d’une conférence de presse quotidienne que cela a «blessé non seulement les sentiments des Chinois, mais miné aussi les relations sino-françaises».

Wen Jiabao est en Europe

Ne souhaitant pas dramatiser la situation, le Premier ministre Wen Jiabao s’est rendu à Davos, le 28 janvier 2009 avec l’unique intention d’apporter des solutions aux problèmes de la crise financière mondiale. Il est ensuite allé à Berlin pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel, avec qui il a annoncé le renfort de la coordination et de la coopération sino-allemande afin de surmonter la crise et développer les relations entre les deux pays.

Il est ensuite allé à Bruxelles pour rencontrer José Manuel Barroso, président de la Commission européenne avec qui il a convenu d’une date future pour le nouveau Sommet UE-Chine. La Chine souhaite renouer économiquement et diplomatiquement avec l’Europe. Des contrats ont d’ailleurs été signés entre le groupe aéronautique européen EADS et le chinois Avicopter pour la construction d’une usine produisant des composites en fibre de carbone pour le nouvel avion A350 d’EADS, le 30 janvier 2009.

La faute de Nicolas Sarkozy

De nombreux chinois attestent que depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de la France, les relations entre les deux pays se sont détériorées. Ils ne pensent pas que les choses vont s’améliorer dans l’avenir. D’autant plus que la Chine fête cette année plusieurs anniversaires. Les 20 ans de la place Tian an men ou les émeutes de Lhassa en mars auront un an.

La position de la France vis à vis de la Chine va être observée à la loupe. Après les attaques virulentes de l’ancien président de reporters sans frontières, on se demande ce qui va se passer lors des vingt ans des manifestations de Tian an men.

Pékin attend un geste de la part de Paris afin que les relations se réchauffent. Mais pour le moment, la Chine suit son chemin en Europe et tente de résoudre en collaboration avec les autres pays du monde la crise financière qui touche durement le pays.

Le Premier ministre chinois évite la France

En visite en Europe pour le Forum économique mondial, Wen Jiabao, le premier ministre chinois, a délibérément choisi de ne pas passer par la France lors de son périple. La mésentente entre les deux pays risque de durer si Pékin et Paris ne font pas d’effort pour renouer leurs relations.

Le début du désamour

Depuis les émeutes au Tibet en mars 2008 et la position considérée pro-tibétaine de la France vis à vis de la Chine, les liens amicaux entre les deux pays s’étaient légèrement refroidis. Mais le passage tumultueux de la flamme olympique à Paris et l’appel au boycott des jeux par des politiciens français ont été les gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase.

Les relations bilatérales se sont considérablement refroidies par presse interposée. Particulièrement lorsque le président français a attendu que le vent tourne pour annoncer sa venue à Pékin le 8 aout 2008, jour de l’ouverture des J.O. Ne sachant pas sur quel pied danser, le Président français n’a pas hésiter à faire attendre l’invitation des chinois.

A la même période, le gouvernement français a annoncé la rencontre, le 7 décembre 2008, entre Nicolas Sarkozy, alors président de l’Union Européenne, et le chef spirituel tibétain, le Dalaï-lama, à Gdansk en Pologne, à l’occasion des cérémonies du 25e anniversaire du Nobel de la Paix à Lech Walesa.

La Chine a menacé à de nombreuses reprises la France des conséquences d’une telle rencontre. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao a d’ailleurs déclaré le 4 décembre 2008, «Nous attachons une grande importance à notre partenariat stratégique avec la France aussi bien qu’avec nos liens commerciaux, ces deux points sont liés. C’est seulement s’il y a de bonnes relations bilatérales que nous pouvons créer une bonne atmosphère pour nos relations commerciales.»

Les déclarations s’enchainent

En réponse à cette entrevue entre le Dalaï-lama et Nicolas Sarkozy, la Chine a annulé le Sommet UE-Chine prévu pour le 1er décembre. La position de la France avait été claire, Nicolas Sarkozy n’a d’ailleurs pas hésité a déclarer devant l’Assemblée européenne qu’il était « libre de son agenda ». Il a également ajouté quelques heures avant sa rencontre avec le chef spirituel, « En tant que président du Conseil de l’Europe, je porte des valeurs, des convictions. C’était mon devoir de le faire, je le fais bien volontiers ».

Dès lors un boycott des produits français est lancé en Chine. De nombreux magasins « Carrefour » très implantés en Chine ont été boycottés, mais pas pour longtemps. Car les magasins Carrefour emploient majoritairement des chinois et vendent des produits chinois.

Toutefois, le 8 décembre, la rencontre se fait. Les rotatives tournent, l’agence Chine Nouvelle condamne dans ces colonnes « l’initiative opportuniste, irréfléchie et à court terme », prise par « la partie française ». Malgré la courte durée de l’entrevue à Gdansk, le gouvernement chinois se dit mécontent et ne compte pas en rester là.

Effectivement, quelques heures après, l’ambassadeur de France en Chine, Hervé Ladsous est convoqué par le ministère des Affaires étrangères chinois pour s’expliquer sur cette «ingérence grossière dans les affaires intérieures de la Chine». Pékin a annoncé lors d’une conférence de presse quotidienne que cela a «blessé non seulement les sentiments des Chinois, mais miné aussi les relations sino-françaises».

Wen Jiabao est en Europe

Ne souhaitant pas dramatiser la situation, le Premier ministre Wen Jiabao s’est rendu à Davos, le 28 janvier 2009 avec l’unique intention d’apporter des solutions aux problèmes de la crise financière mondiale. Il est ensuite allé à Berlin pour rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel, avec qui il a annoncé le renfort de la coordination et de la coopération sino-allemande afin de surmonter la crise et développer les relations entre les deux pays.

Il est ensuite allé à Bruxelles pour rencontrer José Manuel Barroso, président de la Commission européenne avec qui il a convenu d’une date future pour le nouveau Sommet UE-Chine. La Chine souhaite renouer économiquement et diplomatiquement avec l’Europe. Des contrats ont d’ailleurs été signés entre le groupe aéronautique européen EADS et le chinois Avicopter pour la construction d’une usine produisant des composites en fibre de carbone pour le nouvel avion A350 d’EADS, le 30 janvier 2009.

La faute de Nicolas Sarkozy

De nombreux chinois attestent que depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de la France, les relations entre les deux pays se sont détériorées. Ils ne pensent pas que les choses vont s’améliorer dans l’avenir. D’autant plus que la Chine fête cette année plusieurs anniversaires. Les 20 ans de la place Tian an men ou les émeutes de Lhassa en mars auront un an.

La position de la France vis à vis de la Chine va être observée à la loupe. Après les attaques virulentes de l’ancien président de reporters sans frontières, on se demande ce qui va se passer lors des vingt ans des manifestations de Tian an men.

Pékin attend un geste de la part de Paris afin que les relations se réchauffent. Mais pour le moment, la Chine suit son chemin en Europe et tente de résoudre en collaboration avec les autres pays du monde la crise financière qui touche durement le pays.

Montpellier se mobilise largement pour défier Sarkozy

La journée de mobilisation interprofessionnelle du jeudi 29 janvier 2009 a porté ses fruits. L’action coordonnée par huit syndicats a réuni plusieurs centaines de milliers de manifestants aux quatre coins de la France. Avec près de 40 000 participants, Montpellier n’est pas en reste. A journée exceptionnelle, mobilisation exceptionnelle.

Du jamais vu depuis les mouvements anti-CPE. Jeudi 29 janvier 2009, à Montpellier comme dans le reste de la France, la grève générale, à l’appel de huit syndicats, a été très largement suivie. Au niveau national, la CGT avance le chiffre de 2,5 millions de manifestants –contre 1,08 million selon le ministère de l’Intérieur. Des écarts de chiffres parfois étonnants à l’image de Marseille où les organisateurs comptabilisent une foule de 300 000 personnes, alors que la police n’en annonce que 60 000.

En Languedoc-Roussillon, 85 000 personnes sont descendues dans la rue. 30 000 à 50 000 pour la seule ville de Montpellier. Une mobilisation importante pour la région et pour la ville, comparable à celles de 2006 contre le CPE, ou celles d’avril 2002 après l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles.

Un cortège hétéroclite a envahi les rues montpelliéraines de l’esplanade du Peyrou jusqu’au Corum. Le départ donné à 14h30, les derniers participants ont dû patienter près de deux heures avant de commencer à battre le pavé. Tous étaient réunis pour défendre l’emploi, les services publics et le pouvoir d’achat : retraités, personnels hospitaliers, caissières, instituteurs, étudiants… Et même des banquiers ! Secteurs public et privé unis, actifs et chômeurs main dans la main, chacun avait sa raison de revendiquer et tous ont defilé ensemble. Une manifestation qui s’est déroulée dans le calme mais qui n’est, nullement, passée inaperçue.

Réactions au cœur du mouvement

Carine, médecin au Planning familial, est là pour alerter sur la mise en danger de certaines antennes de cette association. L’État va réduire ses aides de plus de 40%. C’est ce qui l’a décidée à rejoindre la mobilisation nationale.


Karine

Des élus aussi battaient le pavé. Le maire de Saint-Roman-de-Codières, commune gardoise, n’apprécie en rien les choix de Nicolas Sarkozy et il le fait savoir. L’une des plus célèbres répliques du Président de la République n’est toujours pas passée, au goût du maire.


Philippe Pibarot

Le personnel du monde hospitalier participait activement à la mobilisation. Très présents dans le cortège, vêtus de leur blouse blanche, ces employés sont en attente de meilleures conditions de travail, et d’une revalorisation des salaires.


Simone

Cette manifestation nationale regroupe des mécontents en tout genre. Certains ont des revendications précises, tandis que d’autres y voient l’occasion de protester contre la politique globale du Gouvernement actuel. C’est le cas de André, retraité de l’aviation civile, affilié à la CGT.


André

Parmi les banderoles sarcastiques, revendicatives ou simplement syndicales, flottent des drapeaux arc-en-ciel. Philippe est là au nom de la Lesbian and Gay Pride, mais surtout au nom de la solidarité et du soutien aux plus démunis.

Nicolas Sarkozy, favorable à un statut d’éditeur de presse en ligne

Ce matin, les traditionnels vœux du Président à la presse se sont déroulés dans une atmosphère lourde. Les conclusions des États Généraux de la presse écrite ont monopolisé le discours. Nicolas Sarkozy annonce un projet sur trois ans, pour moderniser et investir dans le secteur.

Urgences

L’augmentation des frais postaux pour la presse écrite est reportée d’un an. Le manque à gagner sera compensé par l’État. Autre priorité : pour faire face à « l’effondrement des perspectives publicitaires », l’État va doubler ses dépenses de communication orientées vers la presse. « J’espère que personne n’y verra une atteinte à son indépendance » ironise le chef de l’État.

Équité sur le net

Les mesures phares concernant la presse numérique ont été entendues. Un statut d’éditeur de presse en ligne devrait voir le jour, selon les critères présentés par le pôle de Bruno Patino (Pôle Presse et Internet) : « l’exercice d’une mission d’information à titre professionnel à l’égard du public » et « l’emploi régulier de journalistes professionnels ». En outre, les sites d’information auront droit au même régime fiscal que les entreprises de presse traditionnelles. Ils pourront accéder à un taux de TVA réduit, soit 2,1% au lieu des 19,6 % actuels.

Droits d’auteurs

Quant au problème des droits d’auteurs, renforcé par le virage numérique, il devra être « adapté » répond le Président. L’idée est de « remplacer « un droit lié à un support » par « un droit lié à un temps d’exploitation de 24 heures » a-t-il avancé. Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, devrait proposer ces solutions au législateur « dans les meilleurs délais ».

Distribution

L’État va aider le secteur de la distribution par une modernisation des points de vente. Une mission nationale va être mise en oeuvre pour lever les obstacles au développement de ces points. Cela, dans l’objectif de « redonner le goût du métier de diffuseur ». Nicolas Sarkozy prévoit également un « plan massif » de développement du portage. Enfin, le président de la nouvelle Autorité de la Concurrence sera en charge de réfléchir à un changement du Conseil Supérieur des Messageries de la Presse, pour remédier au « risque de diffusion arbitraire ».

Impression

Comme le préconise le Livre Vert, les coûts élevés de l’impression seront réduit de 30 à 40%. Le Président a salué la négociation des partenaires sociaux, en vue de reconvertir les ouvriers en sureffectif. L’État participera aux investissements.

Formation

Dans ce domaine aussi, plusieurs propositions ont été confortées par le chef de l’État. Il s’engage à appuyer « l’axe de la modernisation de la Recherche et de la Formation ». Nicolas Sarkozy a soutenu l’idée d’une Conférence nationale des Métiers du Journalisme, évoquée par Bruno Frappat (Pôle Métiers du Journalisme) et les incite a se réunir rapidement. L’État devrait aussi attribuer des bourses sur critères sociaux pour favoriser une diversité socioculturelle dans les écoles de journalisme.

L’offre

L’État s’engage enfin a financer les innovations éditoriales, pour faire face à la crise de confiance du lectorat. L’idée d’un abonnement gratuit à un quotidien d’information pour les jeunes de 18 ans a été retenue par Nicolas Sarkozy. Il dit avoir été convaincu par l’exemple belge, auquel se référait François Dufour (Pôle Presse et Société).

« Une presse libre, pluraliste et indépendante, c’est l’un des biens les plus précieux de notre démocratie » s’est exclamé Nicolas Sarkozy, en guise de conclusion. Un « Comité consultatif de suivi des États Généraux » constitué par les quatre chefs de pôle, dans un premier temps, devrait poursuivre l’effort, annonce le Président.

Les États Généraux de la presse font couler beaucoup d’encre

L’idée des États Généraux est bonne mais sa pratique laisse à désirer, voici ce qui ressort de la plupart des papiers publiés sur le sujet. Sorte de confession publique de l’état de la presse et du besoin de changer les choses, le président de la République a souhaité « sauver la presse » en désignant des patrons de presse comme animateurs de groupe de réflexion sur le métier de journaliste.

Dans son discours d’inauguration des États Généraux de la presse, le 2 octobre 2008, le président Nicolas Sarkozy, a déclaré: « Je ne veux en aucun cas que l’État décide à votre place, choisisse à la place de vos entreprises de presse. Il ne le pourrait d’ailleurs pas. Au contraire, j’ai souhaité que des états généraux associent l’ensemble des acteurs concernés dans une volonté commune de partager un diagnostic et de dégager des solutions. Je me réjouis de voir que c’est bien ainsi qu’ils ont été accueillis. »

Des animateurs pas comme les autres

Le chef de l’État se soucie des problèmes qui touchent la presse. Pourtant, celui-ci n’a pas convié des journalistes, des lecteurs ou des rédacteurs en chef de la presse écrite et audiovisuelle à animer les débats, mais seulement des patrons de presse. Heureux de contribuer au changement du paysage des médias français, Bruno Frappat (président du directoire du groupe Bayard), Arnaud de Puyfontaine (senior advisor du groupe Mondadori), Bruno Patino (ancien patron de Télérama et directeur de France Culture) et François Dufour (président du groupe de presse enfantine Play Bac) ont tenu à « sauver la presse ».

En rang serré, chacun d’eux anime un atelier de travail visant à se questionner sur l’avenir des métiers du journalisme (M. Frappat), le processus industriel de la presse (M. De Puyfontaine), la presse dans l’ère du numérique (M. Patino) et les rapports entre presse et société (M. Dufour). Ces thèmes sont ambitieux et importants dans le monde journalistique. Mais ne faudrait-il pas un atelier sur la crise de confiance des français envers leur presse? La Fédération Européenne des Journalistes présidée par Arne König indique que « Nous attirons l’attention des participants sur les risques que soulèvent certaine propositions, alors que le journalisme traverse une crise d’identité avec la banalisation des blogs et du contenu généré par les utilisateurs. Le journalisme de qualité en France est en jeu. »

Le monopole des grands groupes de presse

Cependant comme l’explique Rue89, le but non caché de Nicolas Sarkozy est de « voir émerger de ce « Grenelle » de la presse de grands groupes de média français, de taille européenne, susceptibles de concurrencer les « anglo-saxons » ». Daniel Schneidermann ajoute que le président français veut « favoriser l’émergence de grands groupes de presse au bénéfice de ses amis personnels et politiques qui détiennent déjà les conglomérats audiovisuels ». Dans son discours, le Président ne trouve pas que la concentration des médias soit « incompatible avec la protection du pluralisme ». Ce dernier appelle également la France à se « documenter sur le secteur de la presse dans les pays qui sont comparables ». Dans son communiqué du 6 octobre 2008, la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ) répond à ces propos : « Même si aucune réglementation européenne ne le prévoit, il existe des limites à la concentration de la propriété, selon différents critères de marché, d’audience ou de publicité, dans plusieurs pays d’Europe ».

Depuis le lancement des États Généraux beaucoup d’encre à couler, Rue89 se désole de voir « la diabolisation d’Internet » qui semble être le nouvel outil de travail des journalistes. De son côté le Syndicat des Journalistes-CGT considère dans un communiqué de presse, qu’au vu des animateurs des quatre groupes de travail, « ces États généraux ne sont qu’une opération de pure mystification ». Conscients du besoin d’avoir des États Généraux de la presse, le SNJ-CGT s’indigne de voir le détournement fait par la présidence pour conforter la position des patrons de presse français.

Le journaliste de Marianne 2 Régis Soubrouillard constate que le chef de l’État n’a pas pris en compte «  les questions de fonds : à savoir l’indigence éditoriale de certains titres, une presse largement suiviste dans les grands médias, la perte de crédibilité des journalistes éduqués le plus souvent sur les mêmes bancs que les élites du pays, la mise en scène et la mauvaise hiérarchisation des informations, le permanent soupçon de collusion de cette profession vis à vis des puissants, la proximité avec l’univers de la communication, enfin une incapacité au retour critique sur soi. »

Dans une chronique pour Libération datée du 27 octobre 2008, Daniel Schneidermann conclut ironiquement : « Convoquer des États Généraux de la presse écrite à l’abri des journalistes, et des lecteurs (grand oublié de ce « Grenelle » de la presse), est une démarche qui a sa logique. Si les États Généraux de 1789 s’étaient tenus en présence de la seule noblesse, à l’exclusion du clergé et du tiers, nul doute qu’ils eussent été nettement plus paisibles. Mais sans doute moins efficaces. »

D’autres grondent

La polémique gronde également dans le milieu des chercheurs à l’image de Jean Marie Charon, spécialiste des médias, sociologue et chercheur au CNRS. Il répond aux questions de Thierry Leclère pour Télérama, le 18 octobre. Le sociologue émet des doutes vis-à-vis des conséquences de ces États généraux mais ne conteste pas le fait qu’il en fallait. « Cette idée qu’on va résoudre la crise de la presse en dotant la France de grands groupes est inutile et dangereuse. Elle va augmenter le doute dans l’esprit du public, qui est déjà très sceptique sur l’indépendance et la liberté de la presse. C’est ce qui me rend très dubitatif sur ces États généraux de la presse, même si de bonnes questions, par ailleurs, sont soulevées, comme les coûts de fabrication et de distribution des journaux. »

Par ailleurs, Jean-Michel Dumay, qui préside le Forum des sociétés de journalistes s’indigne: « Tout est opaque, dans ces États Généraux. On ne nous permet pas de venir. Ni nous, ni d’ailleurs tous ceux qui, depuis deux ou trois ans, participent à ce bouillonnement de réflexions sur notre métier : le collectif Ça presse, Jérôme Bouvier, l’initiateur des Assises du Journalisme ou encore l’association de préfiguration d’un conseil de presse. Le public n’est pas non plus associé. On ne sait pas qui participe aux ateliers, quand ils ont lieu. Les travaux doivent rester secrets… alors que la presse est par définition le lieu de la transparence et de l’indépendance. Cette opacité pose un vrai problème. Je crains que ces pseudo-États Généraux n’aboutissent à un énième rapport. Il y a tromperie sur l’intitulé. »[[Cf. « Les journalistes indésirables aux États généraux de la presse ? », Télérama, 18 octobre 2008]]

Cela ne présage rien de bon pour le métier qui va devoir, à la fin de ces États Généraux, faire face à de nouvelles règles émises non pas par les intéressés mais par les financiers.

La question est posée par Rue89: « Était-ce au Président d’organiser cet exercice? » Voilà peut être le fond du problème, la refonte des médias par une instance publique, le métier de journaliste serait-il un service public et non un contre pouvoir?

Tous concernés : décryptage et réactions

Les « États Généraux de la presse écrite » ont été ouverts lundi 2 octobre par le Président de la République Nicolas Sarkozy, afin de «favoriser l’adaptation de la presse à son nouvel environnement dans un contexte incertain, qui évolue à toute allure, pour que notre presse reste vivante, pluraliste, indépendante».

Cela fait quelques semaines que les quatre commissions se réunissent régulièrement en vue de formuler des réponses à chacune des interrogations suivantes : Quel avenir pour les métiers du journalisme ? Comment régénérer le processus industriel de la presse écrite ? Quels modèles pour la presse écrite après le choc d’Internet ? Comment répondre aux attentes des lecteurs et des citoyens ?
Un site Internet directement rattaché à celui de l’Élysée reflète l’opacité du débat tandis que la presse, pourtant directement concernée, ne lui accorde qu’une très modeste couverture. Résultat : ceux à qui elle se destine, et qui seront donc les premiers touchés par les réformes entreprises, c’est-à-dire les lecteurs, ignorent la tenue de ce « grenelle », ou si par miracle ils en ont vaguement entendu parler, ils n’en connaissent ni les tenants ni les aboutissants.

On observe un manque d’intérêt et de pugnacité d’une profession au sujet de laquelle tout le monde s’accorde pourtant à dire qu’elle est gage de démocratie.
L’enjeu ne serait-il pas si fondamental ?
Il ne faut pas ignorer que les rapports Montaigne et Giazzi, dont s’inspire largement l’Élysée, prônent la mise en place d’un véritable Plan Marshall visant à distiller une aide temporaire massive de l’État dans la presse. Mais à terme, il s’agit de laisser la Presse obéir aux seules lois du Marché. Pour assurer sa survie dans la jungle de la concurrence mondiale, on va donc chercher à créer ou renforcer de grands groupes plurimédias. Et pour faciliter la création ou la restructuration de ces « superstructures », on invoque la nécessité d’abolir la clause de conscience, disposition législative protégeant le journaliste lorsque celui-ci voit son journal racheté par un actionnaire qui voudrait en modifier la ligne éditoriale. Enfin, pour permettre une meilleure circulation de l’information au sein de ces groupes, on envisage d’abolir les droits d’auteur, et de compenser la perte de ce revenu supplémentaire par une augmentation de salaire dans le contrat de travail du journaliste salarié.

Foncièrement, la presse a besoin de fortifier ses fondations. L’incapacité de ses différents acteurs à se réunir pour prendre le problème à bras le corps a conduit le Président de la République à prendre les devants. Ayant vu les répercussions de ses déclarations chocs au sujet de la réforme de l’audiovisuel public, Nicolas Sarkozy a retenu les leçons d’une communication trop franche et directe et préfère œuvrer discrètement pour accroître une influence déjà forte dans le domaine de la presse écrite. Tellement discrètement que personne ne semble s’offusquer que des rapports citant en exemple Berlusconi puissent ouvertement affirmer que «la concentration est un gage de pluralisme». On entend notamment réformer l’ordonnance de 1944 qui instaure un dispositif anti-concentration qui interdit à une même personne, physique ou morale, de détenir plus de deux médias sur trois (presse écrite, TV, radio) à compter d’une certaine audience. Il faut avoir en tête que de nombreux titres de presse en France sont déjà détenus par des grands patrons comme Bernard Arnault ou encore Serge Dassault. Qu’en sera t-il une fois que les dernières barrières législatives seront levées ?

C’est au vu du flou ambiant et de l’absence de communication et d’information sur l’avancée des débats et leurs conséquences futures que l’équipe de Haut Courant s’est lancée dans l’élaboration de ce dossier, sans néanmoins prétendre à une exhaustivité impossible.

Vous y trouverez un éclairage sur différents domaines touchés par les États Généraux de la presse :

Un état des lieux dans la rubrique Décryptage

 Pourquoi est-ce que l’organisation de ces États Généraux peut porter à polémique ?

 Quel est le rôle d’internet dans le paysage audiovisuel actuel ?

 Que se passe-t-il dans la Blogosphère ?

 Quelle est la place du lecteur dans ces États Généraux ?

  Où se situent les éditeurs de presse dans ces discussions ?

Les réponses de différents acteurs dans la rubrique Réactions

 Journalistes comme François Sergent, Claude Droussent ou Claude Soula

 Blogueurs comme Guy Birenbaum

 Universitaires comme Françis Balle ou Jean-Marie Charon

  Journalistes en devenir

 Directeurs des écoles de journalisme comme Christophe Deloire du Centre de Formation des Journalistes de Paris et Daniel Deloit de l’école Supérieur de Journalisme de Lille

  Lecteurs

 Compte-rendu des contre États Généraux organisés par Mediapart et Reporters Sans Frontières, accompagné d’interviews de [ François Bonnet

 >http://www.hautcourant.com/Un-enorme-simulacre-de-l-Elysee,564?var_mode=calcul], directeur éditorial de Mediapart, et de Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF.

Mais aussi une analyse de l’état de la presse à l’étranger (en Allemagne, aux États Unis), une analyse de l’état de la presse sportive

Les conclusions des discussions dans le Livre Vert publié le 8 janvier 2009.

Les conclusions de Nicolas Sarkozy, le 23 janvier 2009.