Hans Hürlimann : musicien en Suisse, vigneron bio en France

Changer de vie et se reconvertir dans la viticulture biologique. Hans Hürlimann, ancien musicien, l’a fait. Écologiste convaincu, amateur de vin « nature », le choix était évident. Aujourd’hui, il gère avec sa femme le domaine Bourdic à Alignan-du-Vent, dans l’Hérault. Amoureux de la nature, il met tout son cœur à produire son vin. Portrait.

Le vin, le viticulteur de soixante ans est tombé dedans quand il était petit. « J’accompagnais mon père quand il allait acheter du vin chez les producteurs. J’étais dans les caves dès mon plus jeune âge », se souvient-il. Suisse d’origine, musicien de profession, Hans a cédé au chant de la vigne. La note bio : une évidence pour le viticulteur. « Produire sain, maintenir un certain équilibre de la nature, bannir les produits chimiques qui détruisent la faune et la flore », tout simplement.

L’artiste nature

Pour Hans, musicien et vigneron, c’est un peu la même chanson. Pour lui, produire son vin revient à composer une œuvre. « Il faut de l’imagination, avoir un côté artiste. » Et mettre tous ses sens en éveil : « l’ouïe dans la musique, le goût dans le vin ». Au final, seule la temporalité de la « création » diffère, beaucoup moins longue du côté des raisins. Selon le viticulteur, le bio, « c’est le terroir qui parle, ce sont des sols qui vivent ». Profondément convaincu, Hans puise ses arguments dans la terre. Ses plants de vignes se développent grâce aux minéraux du sol, un point c’est tout. « Cela donne des vins au goût plus intéressant », argumente-t-il.

Le motivé écolo

L’Hérault, Alignan-du-Vent, le domaine Bourdic : « un hasard complet ». L’Andalousie était le premier choix d’Hans et de Christa, sa femme, ancienne institutrice également reconvertie. L’attrait pour la région est venu de l’horizon qui défilait sur l’autoroute. Là encore, tout simplement. En ruine, il a d’abord fallu reconstruire le domaine et retravailler les douze hectares de vignes. « L’avantage de ce vignoble ? Il avait des sols purs », confit Hans.
Avant de se lancer, il a fallu se former. « Pendant trois ans, j’ai suivi une formation en agriculture raisonnée », révèle le viticulteur. Arrivé en France, Hans n’a pas composé avec les formations proposées « pas vraiment intéressantes », admet-il. Toujours calme et pas rancunier pour un sou, Hans a donc appris par lui-même. Il s’est plongé dans les livres « j’ai beaucoup lu », il s’est entouré, « des amis vignerons m’ont conseillé ».

Une fois lancé, vendre le vin a été l’étape suivante. Cet acte reste la « relative » difficulté pour Hans. « Il faut se faire connaître et dans la région, il y a une telle concurrence que ce n’est pas forcément évident », avoue-t-il. Fort heureusement, Christa, sa femme, l’aide beaucoup. « Elle s’occupe du côté administratif, la comptabilité, la vente. »

La campagne comme moteur

-23.pngQuel est le plus par rapport au métier de musicien ? « Le travail dans la nature », lance sans hésitation aucune Hans. Le processus de fabrication du vin, aussi. « J’aime suivre le produit de la vigne jusqu’à la bouteille ». Et le contact avec le client, bien sûr. « Certains clients sont devenus des amis, ça renforce le lien social quand on arrive dans une région et un pays où on ne connaît personne, c’est très important », termine-t-il toujours aussi paisiblement.

Le changement de vie et sa reconversion, Hans en est fier. « Aucun regret », affirme-t-il. La Suisse, c’était « du béton », une « vie stressante ». Dans son domaine, Hans est « tranquille » et bénéficie d’une surface suffisante pour s’oxygéner, « la campagne, les animaux, c’est si précieux », argue-t-il.

L’appel de Millésime Bio

Pour Hans, le salon Millésime Bio est aussi une évidence, même s’il regrette parfois qu’il ait pris une ampleur démesurée. « La présentation est sympa : chacun à sa table, on n’est pas trop dans le marketing et c’est un salon qui reste très professionnel. » Un événement qui permet aussi de « discuter » avec un public « intéressé » par le vin biologique. Toujours d’un ton calme et posé, Hans participe au salon pour « présenter le produit avant tout ». L’occasion pour le viticulteur mélomane « de rencontrer de nouveaux clients ou de passer un moment avec ceux qu’on connaît déjà. » Naturellement.

Une chose est sûre, chez Hans, la viticulture biologique semble aussi adoucir les moeurs.

Dominique Reynié: le trublion des Républicains



Passé de la théorie à la pratique, le politologue Dominique Reynié (Les Républicains) traverse la campagne des régionales comme un ovni politique. Contesté en interne et admonesté par Nicolas Sarkozy, il s’est révélé pugnace et déterminé à briser certains codes.

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

Dominique Reynié revendique l’urgence de renouveler la pratique politique. Prof à Science Po Paris et directeur d’une fondation, il est habitué aux plateaux de télévision (C dans l’air sur France 5) et de radio (une chronique sur France Culture jusqu’en 2012). Mais l’heure était pour lui venue de passer du commentaire à l’engagement. « Je sentais que la tentation était là, chez un politologue il y a toujours l’envie de passer de l’autre coté du miroir », confie son collègue Pascal Perrineau, professeur et chercheur à Science Po Paris, un ami de trente ans.
Désigné après une interminable primaire régionale de quatre jours, il est définitivement adoubé tête de liste LR-UDI en mai 2015 avec une courte avance (deux voix face à Bernard Carayon, maire de Lavaur). Au cœur de son programme, la revalorisation de la région comme « pouvoir public » face à « l’affaissement de l’Etat ».

Inconnu au bataillon

Le professeur Reynié est un curieux produit, un homme politique qui ne veut pas en être un. « Il n’est pas un professionnel de la politique, il est dans l’efficacité et apporte une vision fraîche », se félicite Elisabeth Pouchelon, tête de liste Les Républicains en Haute-Garonne. Tous ses colistiers, mais également ses adversaires, s’accordent à dire qu’il n’utilise pas les codes politiques du milieu. Qu’il se pose souvent en candidat décalé, bref qu’il n’est pas du giron.

Ses partisans assurent le croire « sincère et novateur ». Un créneau qui peut séduire le citoyen désenchanté par la politique politicienne. « Ils m’ont désigné, accepté, ils ont pris le risque de prendre quelqu’un d’atypique, si c’est pour en faire un politique comme les autres ce n’est la peine », explique le candidat content de son positionnement.

« Illégitime, inexpérimenté, amateur, décalé », autant d’adjectifs utilisés par ses détracteurs, surtout dans son propre camp. Des élus ont criés au parachutage ? Dominique Reynié, 55 ans, les a pris au mot et s’est offert un saut en parachute à la communication bien orchestrée.

« Il est têtu ! »

Le prof aime faire la leçon mais n’aime pas s’en laisser donner. Et surtout pas par Nicolas Sarkozy qui a plusieurs reprises a haussé le ton et menacé de le démettre pour le faire entrer dans le rang. Une vive tension était né autour de la composition de ses listes régionales quand Paris avait voulu lui imposer des noms. Mais le rappel à l’ordre de l’ancien président de la République n’y avait rien changé. « C’est un têtu, un sacré gaillard, il ne plie pas facilement le genou », confirme son ami Pascal Perrineau.

Le 5 novembre, Reynié ne se dégonfle pas et présente au conseil national Les Républicains la liste définitive qu’il a choisie et déposée en préfecture de Toulouse. Résultat : des caciques et des apparatchiks locaux ont été rayés ou rétrogradés.
Désabusé, piégé, énervé par ce comportement insolent, Sarkozy encaisse. Cet affront que certains attribuent à son inexpérience est aussi l’expression d’une réelle agilité politique. Le sage professeur se paie d’ailleurs ce jour-là le luxe d’une ovation par un parterre ultra-sarkosyste.

Mais de retour à sa campagne locale, une autre embûche l’attend. Il est accusé par le sénateur Les Républicains Jean-Pierre Grand de ne pas être domicilié dans la région qu’il brigue. Lui, assure être inscrit sur les listes électorales et résider dans l’Aveyron depuis mars 2015. Au final, il exhibera un contrat de location. Mais celui-ci révèle que l’appartement qu’il dit occuper depuis toujours n’est qu’une chambre individuelle dans la maison de sa mère à Onet-le-Château. De petits arrangements avec la vérité qui montrent que l’ovni Reynié fait aussi sa politique comme les autres.

Apache au bord du Lez

Au détour d’un chemin, sous un grand pont franchissant le Lez à Montpellier, Apache a établi son campement entre ville et nature.
Un choix de vie assumé. Récit.

bmartin-apache2-2.jpgUn rayon de soleil rasant éclaire la table en plastique blanche couverte d’objets hétéroclites. La lumière d’un matin de décembre illumine la cathédrale de béton clair que forme la voute du pont reliant Castelnau à Montpellier. A la perpendiculaire du pont qui les abrite, deux tentes colorées, deux lits défaits s’étalent en contre-bas du chemin qu’empruntent de rares joggeurs. Adossés au mur d’une propriété privée, quelques chaises, des livres, une radio allumée et des casseroles indiquent le coin salon. Plus loin, un homme fait du feu par terre et salue amicalement les sportifs. Si ce n’était le froid et le bruit assourdissant des trams et des voitures qui circulent inlassablement au-dessus du campement, cela ressemblerait à un camping au bord du Lez. Des vacances ? Plutôt un choix de vie pour Apache qui s’est installé ici depuis un an et demi, sous le pont Castelnau, qu’il a rebaptisé « pont de l’arbre mort. »
La fumée s’élève de l’âtre improvisé. Un jeune chien au poil ras, noir et blanc, se réchauffe sous les couvertures tout en gardant un œil sur son maître qui s’affaire calmement.
Apache s’appelle Yan sur sa carte d’identité. Il a eu 55 ans en septembre. Le visage long et buriné où percent des yeux d’un bleu délavé, rappelle celui des aventuriers du grand nord. Haute stature couverte de plusieurs blousons d’aviateurs, casquette fourrée de trappeur canadien, bijoux mexicains, chaussures de randonneur pour arpenter la ville, Apache accueille tous ceux qui veulent le rencontrer avec une gentillesse confondante.

« Ce n’est pas inquiétant de vivre dehors mais je ne dors que d’un œil et Cochise fait le guet. »

bmartin-apache6web.jpgL’homme des bois a la voix douce : « Ce matin, quand j’ai ouvert les yeux j’ai vu le lever du soleil, on aurait dit que c’était le feu. Le soleil était énorme et rouge, tu es sous la couette et tu vois ça, c’est géant. Je suis bien dehors, je suis en pleine nature. Je vois des cormorans, des hérons, des colverts avec leurs petits au printemps, des belettes. En été les rossignols chantent la nuit et les grenouilles aussi…Les rats sont un peu embêtants, ils sortent la nuit et mangent tout ce qu’ils trouvent. Je les chasse avec un bambou quand ils montent sur mon sac de couchage. Ce n’est pas inquiétant de vivre dehors mais je ne dors que d’un œil et Cochise fait le guet.»

«Il a vraiment choisi de vivre ici parce qu’il se sent mieux ainsi, dehors.»

bmartin-apache3web-2.jpgPour la protéger des rongeurs, la nourriture est stockée dans une tente donnée par une habitante du quartier. La deuxième sert à stocker les vêtements. Apache évoque souvent ceux qui spontanément lui amènent fournitures et provisions. « Des gens arrivent avec des habits, des torches, des boites de conserve…il y a un couple d’architectes à la retraite qui viennent me voir et m’amènent le Nouvel Obs, ils sont très sympas, on discute de plein de choses ». Comme cette belle femme blonde, Claudie, qui travaille dans la police, habite à côté du pont et s’est prise d’amitié pour lui. Elle vient souvent lui amener du café le samedi matin : «Apache n’est pas un SDF comme les autres. Il a vraiment choisi de vivre ici parce qu’il se sent mieux ainsi, dehors. Il ne gêne personne, il a fait plein de choses dans sa vie et il ne se drogue pas».
La vie d’avant, d’homme «comme tout le monde», Apache l’évoque volontiers. Né à Paris, il voyage beaucoup en suivant son père qui est ingénieur chez Esso. Amiens, Valenciennes, Lyon puis les Pyrénées : il se rapproche du sud de la France au gré de l’histoire familiale. Un bac G, puis des études de droit pour devenir clerc de notaire qui n’aboutissent pas, la séparation de ses parents, un passage par la drogue dont il se sort grâce à un beau-père qui l’initie au moto cross et à la nature…et puis une vie de labeur dans le bâtiment. D’abord ouvrier coffreur, il gravit tous les échelons et finit chef de projet sur les chantiers montpelliérains. Il les connaît bien les immeubles du quartier d’Antigone.

«Je me suis couché sur une couverture, la tête face au sol et j’ai laissé le bison me traverser.»

bmartin-apache5web-2.jpgQuand il parle avec son chien Cochise, Apache n’utilise que la langue de son peuple fétiche: l’athabasque. Si on lui demande comment il l’a appris, il sourit et répond par un récit initiatique du Watatanka: «Un jour je me suis couché sur une couverture, la tête face au sol et j’ai laissé le bison me traverser. Si tu laisses le bison te traverser, alors tu parles la langue des apaches, c’est tout. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas». Ses yeux balaient le paysage familier de la rivière verte qui coule doucement entre les piliers de béton. Un tram orange passe de l’autre côté de la rive. C’est là qu’il va chercher du bois pour alimenter le feu avec une charrette à bras.

«Ma fille, si je lui demandais de venir me voir ici avec mon petit-fils, elle viendrait, j’en suis sûr!»

bmartin-apache4web.jpg«J’aime les indiens depuis mon enfance. Je dis souvent à mon fils : est-ce que tu sais construire une cabane dans les arbres ? Moi j’en faisais tout le temps quand j’étais petit.»
Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas le retour à la nature qui motive Apache à vivre ici. Apache ne pêche pas les poissons car «le Lez est pollué et en amont des tuyaux déversent les eaux usées», ne chasse jamais, et préfère faire ses courses aux supermarchés des alentours. Parfois il va plus loin, à St Vincent de Paul, dans le quartier des Beaux-Arts, manger un repas chaud pour un euro cinquante, et prendre une douche.

Apache parle de tout, des femmes qu’il a aimées, de ses enfants…Deux filles d’un premier mariage puis un fils. Son fils ne vient jamais ici, mais ils se voient souvent. Parfois ils boivent une bière dans le beau parc Méric. Sa fille ainée, Rita, a mieux accepté le choix de vie de son père : «ma fille, si je lui demandais de venir me voir ici avec mon petit-fils, elle viendrait, j’en suis sûr!». Mais pas sa fille cadette : elle est morte, à 15 ans, tuée par un jaloux dans une cité. De cela il parle aussi, longuement, sans haine. Mais la blessure est là. Apache, pudique, garde sa part d’ombre. Philosophe, il conclut : «je suis mon instinct, si ça ne marche pas, je me dis que ça ne devait pas marcher…je n’ai pas de pensées négatives».

Le soleil est haut dans le ciel. Il est temps de retrouver ses amis derrière l’église de Castelnau et de boire quelques verres de l’amitié. L’année dernière, ils avaient fêté Noël ensemble, autour du feu, avaient ouvert des boites de foie gras et bu du rosé, sous les étoiles et les néons de la ville.

Ainsi font, font, font les robotiques marionnettes de Morgan Euzenat

Du 23 au 27 décembre dernier, l’artiste Morgan Euzenat présentait sa dernière création aux Machines de l’Ile à Nantes. Téléguidant un robot nommé Klug, il a enchanté le public venu admirer l’Eléphant et le Carrousel des Mondes Marins. Portrait de l’homme caché derrière cette marionnette singulière.

Il est 13 h ce vendredi 27 décembre quand Morgan Euzenat fait son apparition dans le hangar des Machines de l’Ile. Vêtu d’une parka rouge et d’un jean il se présente sans son robot, Klug, qui profite de ses derniers instants de repos avant son ultime représentation prévue à 14h30. Avec le temps maussade et le vent qui souffle en rafale sur la cité des Ducs, la sortie de l’Eléphant est annulée. L’occasion pour le robot, fait de bois et de roues de fauteuils roulants, de jouer les premiers rôles dans la galerie crée par François Delarozière et Pierre Oréfice. Et pour son créateur de revenir sur son parcours.

capture_d_ecran_2013-12-29_a_10.04.38.pngA 39 ans Morgan Euzenat a trouvé sa voie, celle de la création de marionnettes robotiques. Passionné par les machines, il s’oriente, dès le début de ses études vers le domaine de la mécanique en passant un Bac STI génie mécanique puis en poursuivant dans un BEP maintenance des systèmes mécaniques de production. Cependant, frustré par l’absence de réalisation concrète, il décide de passer un concours d’éducateur spécialisé pour « allier l’art avec les enfants ayant eu un parcours difficile ». Un rôle d’accompagnement qui va renforcer son envie de divertir les autres par l’art de la manipulation.

Sûr de son choix, il refusera toutes les propositions de CDI et de CDD afin de se consacrer exclusivement à la marionnette. Il prendra même le statut d’intermittent du spectacle. En 2004, il rejoint la compagnie vannetaise l’Hémisphère de l’Ouest ou il participe à la création de spectacles burlesques. « Ca m’a permis de mettre le pied à l’étrier et de toucher à tout » se souvient-il. Néanmoins, par manque de confiance l’expérience s’achèvera. « Je ne me suis pas trouvé au niveau. Je ne me voyais pas construire un spectacle à 100% » explique-t-il pour justifier son départ de la troupe.

Quand la mécanique rencontre la marionnette

Mais ce n’est pas la seule raison. « J’étais plus dans la déambulation par rapport au public. C’est le premier aspect des marionnettes à fil. Au final ça a marché. En effet, sa rencontre en 2009 avec l’inventeur hollandais Fred Abels et la marionnettiste Mirjam Langemeijer, membres du groupe Electric Circus va marquer un tournant dans la trajectoire du jeune artiste. « Avec eux j’ai redécouvert les machines. Ils m’ont permis d’associer les savoirs passés. » C’est surtout de cette collaboration que va germer dans l’esprit de Morgan l’idée de la création d’un nouveau type de marionnette sous forme de robot. Une façon aussi de marier ses compétences techniques à sa passion pour les arts de la marionnette.

Construit en neuf mois et finalisé en 2009, Klug est l’aboutissement d’un long travail d’assemblage de divers matériaux. Les roues par exemple ont été récupérées sur un fauteuil roulant. Ce processus d’assemblage a aussi été parsemé de moments de doutes sur la réussite du projet. « J’ai eu des difficultés techniques. La déception fait révéler le manque de confiance. Je ne savais pas ce que je faisais » avoue-t-il. Mais il y a eu des moments plus intenses comme lorsqu’il a fallu poser les yeux de Klug. Ou celui de la mise en mouvement du robot qui reste, selon l’artiste, le moment le plus émouvant. D’où le rapport plutôt détendu qu’il entretien avec sa création. « Quand je manipule il y a un transfert. Je suis en connexion dans la tête. Au début j’ai eu peur de ne rien ressentir, de ne pas envoyer d’émotions » confesse-t-il.

klug.jpg Influencé par la fiction, les cartoons et surtout la science fiction il pense qu’« il y a du E.T dans Klug ». Fan du Donald Duck de Disney, Morgan n’hésite pas non plus à pousser la comparaison avec le célèbre canard « Comme Donald c’est un personnage attendrissant. Il est impressionnant et fragile ». L’aspect robotique de Klug a été inspiré par les films « Terminator » qui ont longtemps « habité » Morgan. De même, afin de créer les mouvements d’une de ses marionnettes il s’est directement inspiré du film « Dans la peau de John Malkovitch » en faisant des pauses pendant le visionnage afin de reproduire les mouvements des acteurs.

« J’ai du mal avec les cadres »

Présenté pour la première fois en 2009 à Charleville-Mézières pour un test, Klug va devenir une véritable attraction. Le succès populaire du robot continue d’ailleurs de surprendre son créateur. « Je voulais juste faire une machine. Tout de suite les gens ont été attirés » s’étonne t-il. Retravaillant le rapport de la marionnette au public, Morgan explique que son but était « que les gens se débrouillent et construisent leurs théories sur le robot ». Il aime ainsi se qualifier de « créateur de mémoire, de souvenirs » pour les enfants, qui repartent souvent émerveillés de leur rencontre avec Klug. Son meilleur souvenir ? « Un type qui avait l’air très macho et qui est tombé comme amoureux. Il est resté 2 heures avec la machine. Il lui faisait des signes de la main, des bisous» se rappelle-t-il ému.

Comédien et bricoleur Morgan Euzenat profite de son indépendance. « J’aime la liberté. J’ai du mal avec les cadres. Je n’ai pas fait les beaux arts. Pourtant je suis libre ». clame-t-il fièrement. Artiste plutôt solitaire, Morgan reste attentif à tous les modes de manipulation de l’objet et du public. Avec la réussite du projet Klug qui l’a entraîné sur les routes de France, de Belgique et du Canada, il avoue se concentrer désormais sur la recherche. En attendant, le hangar des Machines de l’Ile et ses automates issus de l’univers de Jules Verne est un théâtre idéal pour cet admirateur de l’écrivain nantais et son attachant robot.

Jean Hil, célèbre artiste inconnu

Nous sommes le 12 décembre 1943, et la bataille de Stalingrad fait rage. Un certain Charles, depuis Alger, s’efforce de soustraire l’hexagone aux claquements de bottes et aux autodafés. Il est loin de se douter qu’au même instant, dans Paris XVIème (outragé), vient au monde l’un de ses ennemis jurés.

Dany Lapointe, la musique en héritage

L’amour de la musique, c’est de famille. Dany Lapointe, petite-fille de Boby, reprend aujourd’hui le flambeau. Pour sa dixième édition, elle prend les rennes du Printival, festival de musique francophone qui se déroulera du 21 au 24 avril à Pézenas. Portrait.