» Il s’agit de traiter toutes les conduites à risque « 

La prévention reste le moyen le plus efficace dans la lutte contre la toxicomanie, mais sa mise en place s’avère complexe.

« Pour lutter contre la drogue, la prévention doit se faire à travers toutes les questions de l’adolescence. » Jean-Marie Ferrari, directeur du centre de soins contre la toxicomanie, est convaincu de l’impact des actions de prévention en milieu scolaire. Cependant, comme tous les acteurs de cette lutte, il considère qu’il vaudrait mieux traiter le mal-être général des jeunes. Pour le Dr Galland, addictologue au centre hospitalier de Béziers, « il s’agit donc de traiter toutes les conduites à risque, en incluant ainsi l’alcool et le tabac. »

Toutefois, le plus difficile demeure l’organisation de la prévention. Il revient à chaque établissement scolaire de mettre en place une politique de lutte contre la toxicomanie. Pour le choix des intervenants, l’éventail est large : associations, établissements publics, gendarmes ou encore policiers. Tous agissent indépendamment, sur sollicitation des équipes pédagogiques. Ce qui entraîne un manque de coordination globale. D’autant que chacun possède ses propres méthodes.
La clé de la réussite, pour Jean-Marie Ferrari, réside dans la motivation des encadrants qui entourent les adolescents. « L’équipe d’adultes
doit être motivée car la prévention du mal-être général passe par le bien-être de l’institution.
» Si les enseignants et les personnels administratifs sont impliqués, c’est la prévention qui devient efficace. Car contrairement aux idées reçues, les adolescents ont encore envie de communiquer avec les adultes.

« Le quotidien des jeunes »

Trois questions au Docteur Stoebner Delabarre, Addictologue, médecin de santé publique.

Quel est l’impact de la drogue chez les jeunes ?

Les effets sont très rapidement néfastes, même s’ils varient d’un individu à l’autre. Un usage régulier de cannabis entraîne des difficultés de concentration ayant des conséquences sur la scolarité et allant parfois jusqu’à une désocialisation. La tolérance au produit oblige à augmenter les doses pour pouvoir toujours atteindre les mêmes résultats. Des signes secondaires négatifs apparaissent en cas de non consommation. La dépendance est donc bien réelle.

La perception de la drogue a-t-elle évolué ?

Le drame actuel, c’est la banalisation de la drogue. Aujourd’hui, elle fait partie du quotidien des jeunes. Mais ce qui est vraiment inquiétant, c’est que le rapport au produit a changé. Ce n’est plus l’esprit festif des années 1960 mais plutôt l’expression d’un mal-être profond.

Quel est le rôle des parents dans l’usage de la drogue ?

Il y a une véritable part de responsabilité des adultes. Ils n’ont pas su informer les jeunes assez tôt des dangers de la drogue et notamment du cannabis. D’ailleurs, ils ne sont souvent pas conscients de la réelle consommation des adolescents. Il y a une méconnaissance totale des us et coutumes des jeunes.