Soir de rugby dans un bar de Montpellier

Samedi 20 novembre, les Montpelliérains qui n’avaient pas leur sésame pour le test-match de rugby France-Argentine au Stade de la Mosson, se sont donné rendez-vous dans les bars de la ville pour supporter le XV de France. Reportage et ambiance place Sainte-Anne au pub irlandais le O’ Carolans.

« Allons enfants de la patrie » ! Alors que les premières mesures de la Marseillaise retentissent, tous les regards convergent vers les différents écrans de télévision retransmettant l’opposition face aux Pumas. Chacun y va de son pronostic sur le score final. « J’espère une victoire des Bleus 23 à 10 », prédit Philippe, observateur assidu de rugby. D’autres sont moins optimistes sur l’issue de la rencontre : « Difficile de faire un pronostic, explique Clément, les duels franco-argentins sont toujours âpres et disputés ».

Pression à tous les étages

Au fil des minutes, le bar se remplit et le premier quart d’heure rythmé fait réagir le public. La pression monte, autant sur le terrain que dans les pintes. Mais, progressivement, le match baisse d’intensité, tout comme l’ambiance dans le pub. A la mi-temps, le score est seulement de 9 à 3. Les supporters réagissent et attendent que le match s’emballe. Jean-Paul, accompagné de ses camarades de pétanque, est un peu déçu du niveau de jeu produit par les hommes de Marc Lièvremont : « l’équipe tient la route, mais elle manque de liant au niveau des trois-quarts ». Un autre spectateur fait le même constat : « c’est un match décousu, un peu du n’importe quoi par moment et au final le niveau de jeu reste moyen ». Le premier acte peu enivrant ne leur coupe toutefois pas la soif. Beaucoup profite des dix minutes de pause pour reprendre leur souffle : une cigarette, un verre et c’est reparti pour 40 minutes de combat.

De la première à la dernière minute, tous les regards étaient rivés sur les écrans de télévision

A l’image de la première mi-temps, le second acte est tout aussi pauvre en animation offensive, les défenses prenant le pas sur les attaques. Les rares tentatives françaises n’arrivent pas à enflammer le bar, pourtant bien rempli. Le monde présent en surprend même certains : « c’est plutôt étonnant », souligne Jean-Paul, « vu que le match se dispute à Montpellier ».
La fin du match est tendue, l’Argentine maintient l’écart et reste menaçante pour le XV de France. Le coup de sifflet final libère les supporters qui applaudissent les Bleus, malgré leur victoire poussive (15-9).

Une victoire sans la manière

Une fois la tension redescendue, les commentaires vont bon train. Vincent et Simon sont les premiers à réagir : « tout s’est joué sur la défense. Ce fut un match très stressant, avec peu de jeu développé par les deux équipes ».
De la première à la dernière minute, tous les regards étaient rivés sur les écrans de télévision
Guillaume livre la même analyse : « c’était ennuyeux, l’équipe n’a pas réussi à conclure ses actions, à cause d’un manque de précision. Le match était trop mou avec deux équipes qui se sont neutralisées ». Dans ce florilège de réactions, la gentes féminine, bien représentée, a également son mot à dire. « L’Argentine est une grande équipe, mais la victoire de la France est logique au vue de sa domination d’ensemble », avance Estelle. À contrario, son amie Mayane pense que « la victoire n’est pas méritée, car les Pumas ont dominé physiquement ». De son côté, Lucas s’attarde plus particulièrement sur la performance des joueurs français : « Rougerie et Chabal ont fait une bonne prestation, quant à Morgan Parra, il a été plutôt moyen ». Concernant Damien Traille, « il n’a pas sa place en tant que numéro 10 » conclut Lucas.

Bilan de la soirée : un match moyen, malgré le succès français, qui a déteint sur l’ambiance générale. Hervé parle ainsi « d’une ambiance qui ne s’est jamais véritablement enflammée ». Malgré tout, la plupart se disent prêt à revenir et ce dès la semaine prochaine pour supporter à nouveau le XV de France contre l’Australie pour son dernier test-match d’automne.

Quizz on tuesday!

Chaque Mardi soir à 21h, les accros de la culture G et de l’actualité se donnent rendez-vous, place Pétrarque, pour le quizz hebdomadaire du pub anglais le Shakespeare. Le principe est simple et ouvert à tous. Des équipes, sans restrictions de nombre, s’affrontent durant quatre manches. Avec trois ans et demi d’existence et autant de succès, mieux vaut arriver en avance pour espérer trouver des places disponibles. D’autant plus que les températures hivernales découragent les joueurs à venir s’assoir en terrasse. L’ambiance à l’intérieur est donc très conviviale…

Melting pot et pintes de bières

Parmi les participants, beaucoup de nationalités sont représentées : Anglo-Saxons (of course), Norvégiens, Suédois, Américains, Tchèques, Polonais, Bulgares, Français, etc. Toutes les langues sont au menu. L’endroit est propice aux rencontres inhabituelles et à l’échange de cultures. Le petit plus qui donne son charme au quizz : les questions sont données d’abord en anglais, puis en français. Gary, l’un des serveurs, endosse chaque semaine le costume d’animateur, pour le plus grand plaisirs des clients. Son accent « so british » fait fureur et colle parfaitement au décor.Gary, juché sur le comptoir, annonce les questions
Pub anglais oblige, la boisson officielle est la pinte de bière. Rousse, brune, blonde, il y en a pour tous les goûts. Que les « sans alcool » se rassurent, ils servent également des sodas. Les idées claires restent de rigueur car les questions sont plutôt du genre corsées. La recette pour gagner ? Une bonne connaissance de l’actualité, une culture générale solide et une oreille musicale à consonance anglo-saxonne. La triche est interdite. Inutile d’essayer de naviguer sur le Wap d’un téléphone portable, d’appeler un ami, ou bien de copier sur les autres. Points de pénalité pour les coupables, voire exclusion du quizz. A gagner, une bouteille de whiskey, souvent partagée avec les autres équipes qui ont échoué dans la quête du graal. A l’annonce du classement final, toutes les équipes sont applaudies. Le fair-play anglais se respecte jusqu’au bout.

Des voisins en colère

Lieu d’échange, de détente, de culture, il n’en reste pas moins que le mardi soir, la compétition fait rage. Un peu trop d’ailleurs au goût du voisinage. Joies, déceptions, revendications, rires… Le Shakespeare se retrouve victime de son succès. Du coup, le quizz est en sursis. Les clients font trop de bruits, surtout à la sortie du bar. Les voisins, mécontents, ont menacé à plusieurs reprises de porter plainte pour tapage nocturne. Il serait dommage que ce moment de convivialité disparaisse. So, please, be quiet !