Les IUFM se mobilisent contre la réforme sur la masterisation

Une forte mobilisation des IUFM contre la réforme sur la masterisation est attendue pour le mardi 15 décembre au niveau national. Les étudiants et les professeurs voient dans ce projet une formation au rabais pour les futurs enseignants car il privilégierait la théorie au détriment de la pratique et de la pédagogie.

Luc Chatel, Ministre de l’ Éducation nationale, entend poursuivre la réforme de la masterisation des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) amorcée en 2008 par l’ex-ministre de la rue de Grenelle, Xavier Darcos et la ministre de la recherche, Valérie Pécresse. Cette révision envisagée pour la rentrée 2010 prévoit de recruter les enseignants à un niveau universitaire plus élevé qu’aujourd’hui. Le recrutement se fera au niveau master 2 (bac+5) au lieu du niveau Licence (bac+3). Ce changement sous-entend pour les futurs instituteurs une préparation académique à l’université, mais sans véritable formation pédagogique dans les IUFM et parfois même sans stage en situation scolaire concrète. Même si Luc Chatel s’est voulu rassurant en affirmant le 18 novembre au journal le Monde que «La mastérisation est d’abord une chance pour les enseignants et les élèves», son projet suscite de vives polémiques.

Pour les syndicats universitaires et professionnels de l’enseignement, les IUFM, déjà absorbés par les universités depuis 2007, verraient avec le projet de Luc Chatel leur rôle considérablement réduit. La Sgen-CFDT a d’ailleurs dénoncé avec colère «les responsables d’une régression dramatique», selon l’Unsa Education «le pire se confirme» et l’UNEF déclare que «le projet est inacceptable en l’état». En effet, si la réforme de la masterisation diminue les compétences des IUFM, elle favorise aussi une formation « généraliste », mais avec peu de pédagogie.

Étudiants, enseignants et personnels des IUFM se sont donnés rendez-vous le mardi 15 décembre, pour des manifestations aux quatre coins de la France pour lutter contre la résolution du ministre de l’Education Nationale. «Cette réforme passe inaperçue mais elle aura des conséquences dramatiques sur le métier d’enseignant et surtout sur les futurs élèves. Avec cette nouvelle formation. Les nouveaux enseignants seront recrutés sur des épreuves écrites et orales basées sur une approche purement disciplinaire, qui ne comportera pas d’évaluation à caractère didactique ou pédagogique. Les professeurs ne seront plus formés sur le terrain» confie Géraldine, étudiante à l’IUFM de Perpignan. Pour elle, le projet de Luc Chatel est synonyme de régression « Le ministre veut supprimer tous les fonctionnaires stagiaires. De plus avec cette réforme, le fonctionnaire ayant réussi le concours et titulaire d’un master 2, sera immédiatement sur le terrain compétent ou pas…» Pour cette future prof, la titularisation reste aussi floue «Après presque 6 ans de formation, les enseignants stagiaires ne seront même pas surs d’être titularisés! Un vrai parcours du combattant, quand on pense que du temps de l’école normale il ne fallait que le bac pour passer ce concours.» Selon l’étudiante une bonne formation doit donc «allier théorie et expériences de terrain avec l’appui de professionnels comme les professeurs des écoles exerçant la fonctions de maître formateur. Ces derniers sont malheureusement voués à disparaître avec la nouvelle réforme.»

«Le mouvement du mardi 15 décembre a donc pour objectif de tenir informer les gens. A Perpignan, plusieurs actions vont être menées un peu partout. Nos professeurs ont écrit une lettre qui normalement devrait être lue à l’Assemblée Nationale et nous les étudiants, ont va faire un cortège jusqu’à l’inspection d’académie», conclue Géraldine, déterminée à poursuivre le mouvement de contestation.

Décidé aussi à lutter contre cette réforme, l’IUFM de Montpellier descendra dans la rue ce mardi 15 décembre (14h, départ de l’IUFM arrêt de tram 1, Stade Philipidès). Jean-Paul Udave, le directeur adjoint à la formation de l’IUFM de Montpellier a d’ailleurs dénoncé, lors d’une assemblée générale le 8 décembre, « la parodie de concertation engagée par le gouvernement entre septembre et décembre.» Posant ainsi une question essentielle : «Est-ce que vous iriez chez un médecin qui n’a appris que la théorie et n’a jamais été interne ?»

Après les manifestations des lycéens témoignants contre la disparition de l’histoire en terminale Scientifique, c’est au tour des futurs enseignants de manifester contre une réforme mettant en danger leur formation. Décidément les projets de Luc Chatel ne font pas l’unanimité.