Noël : une maigre prime pour les précaires

En cette fin de mois de novembre, les fêtes de fin d’année sont déjà présentes dans tous les esprits et sur tous les panneaux publicitaires. Dans ce contexte, la prime de Noël destinée aux précaires a été reconduite. « Un geste de solidarité à minima » pour le Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP).

La période de Noël arrive à grands pas. Vendredi 19 novembre, la ville de Montpellier a inauguré ses illuminations. Le sapin métallique trône désormais sur la place de la Comédie, les commerçants préparent activement leurs vitrines, et les habitants achètent les premiers cadeaux.
On en oublierait presque que toute une partie de la population n’a pas accès à ces plaisirs hivernaux. Ce sont les chômeurs et les précaires. Pour palier à cette situation, la prime de Noël, créée en 1998 par le gouvernement Jospin, a été reconduite cette année.

Une situation critique dans l’Hérault

Distribuée aux bénéficiaires de certains minimas sociaux, cette aide « va concerner 1,7 million de bénéficiaires, pour un coût de 377 millions d’euros pour l’Etat », a précisé Roselyne Bachelot, ministre des solidarités. Elle concerne les titulaires du RSA (Revenu de solidarité active), de l’ASS (Allocation de solidarité spécifique pour les chômeurs en fin de droit) et de l’AER (Allocation équivalent retraite).
Son montant sera de 152,45 euros pour une personne isolée et de 228,67 pour un foyer de deux personnes. Cette prime sera majorée de 30 % pour chaque personne en plus dans le foyer. La ministre a évoqué un « geste de solidarité très fort ».

Alors que, selon les chiffres de l’Insee, la région Languedoc-Roussillon comptabilise le deuxième taux de chômage le plus élevé en France (12,8 % au second trimestre 2010 contre 9,3 % au niveau national), et que le département de l’Hérault n’est pas en reste (13,2 %), cette prime de Noël semble plus que jamais nécessaire pour les précaires, qui bien souvent sont des chômeurs sans droit.
En 2009, dans l’Hérault, l’INSEE recense 43 897 titulaires du RSA (socle et activité), tandis qu’ils sont environ 9000 à bénéficier de l’ASS.

« Un geste de solidarité à minima »

Toutefois, Jacqueline Balzan, coordinatrice du groupe CREER (Comité pour une répartition équitable de l’emploi et des revenus) à Montpellier et vice-présidente du MNCP, reste sceptique. Si elle estime que « ça va dépanner certaines personnes » et qu’il « ne faut pas la remettre en question vu la nécessité actuelle », elle « souhaite l’augmentation de tous les minimas sociaux ».
Et d’ajouter que « cette prime ne concerne pas toutes les personnes en précarité ». En effet, qu’en est-il de certains travailleurs pauvres ou des couples dont l’un des deux conjoints travaille au SMIC ? Pour elle, cette prime contribue à « aggraver les inégalités de traitement des uns et des autres ».

Le communiqué du MNCP évoque quant à lui « un geste de solidarité à minima » . Car le seuil de pauvreté monétaire étant fixé, selon l’INSEE, à 949 euros par mois pour une personne seule, cette prime ne permettra pas aux bénéficiaires de le dépasser à Noël. En effet, le montant du RSA pour une personne seule est de 460,09 par mois.

Rappelons que 13 % de la population, soit près de huit millions de personnes, vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté monétaire. Ainsi, le MNCP « demande le relèvement de tous les minimas à hauteur de 80% du SMIC brut. Ce qui représente 1000 euros par mois ».