Un polar plus blanc que noir

Film réalisé par Samuel Benchetrit
Avec Anna Mouglalis, Edouard Baer, Jean Rochefort, Alain Bashung, Arno
France, 2007, 1h48

Une cafétéria vide et son parking désert au bord de la Nationale 17. Quatre histoires se croisent et se recoupent sur ce décor filmé en noir et blanc. Pas de quoi faire rêver.
Des rêves, les personnages n’en n’ont plus qu’un : devenir un gangster, un vrai, comme on en voit au cinéma. Un braqueur désarmé que personne ne craint, deux papas gâteau fauchés qui kidnappent une ado suicidaire, une rencontre inattendue entre des artistes passés de mode. Le bouquet final ? Une bande de papys flingueurs qui n’y voient plus grand-chose sans leur paire de lunettes à triple foyer. Le tout accompagné d’une bande originale qui passe de Schubert à Bob Marley. Autant prévenir tout de suite, il s’agit d’un genre hétéroclite.

LA_BANDE.jpg

Après Janis et John en 2003, Samuel Benchetrit signe son deuxième long métrage avec un casting alléchant. Le titre de l’oeuvre en dit déjà long. J’ai toujours rêvé d’être un gangster révèle l’échec de ne pas devenir ce qu’on aurait espéré. Les héros du film sont des losers comiques, acteurs de situations complètement absurdes.
Nostalgique du cinéma d’antan, le réalisateur empreinte au septième art des années 1920’s ses saynètes burlesques : dans un intermède muet, Anna Mouglalis suit les traces de Charlie Chaplin avec brio dans une pantomime gracieuse. Ces gangsters à six sous ont tous une gueule, une fausse prestance empreintée aux vrais durs des grands polars américains. Quant à l’influence de Tarantino, elle ressort notamment à travers le découpage du scénario en chapitre, comme c’était le cas dans Kill Bill.
La caméra ne se presse pas, elle s’attarde sur chaque personnage. Pas de zapping possible. Certains moments semblent un peu longs, comme pour marquer un temps d’arrêt. Finalement, c’est assez reposant.
Présente dans la majeure partie des histoires, la serveuse Susie, interprétée par Anna Mouglalis, règne dans ce monde d’hommes un flingue dans la botte. Plantée au milieu de nulle part, sa cafet’ ressemble à un saloon. Avec de faux gangsters.