Il leur a dit d’aller siffler sur une autre colline

A force de déplacer, échanger, nommer et remplacer, une mutation en deviendrait presque banale. Jean Charbonniaud, préfet de la Manche, et Philippe Bourgade, son directeur départemental de la sécurité publique, ont été aimablement conviés à dégager respectivement les mercredi 28 et jeudi 29 janvier 2009. En cause, la manifestation du 12 janvier à Saint Lo au cours de laquelle le président a été amplement sifflé. Encore deux victimes de plus sur son tableau de chasse.

Des hics et des toc : une chaotique année médiatique

Depuis son élection, Nicolas Sarkozy cohabite tant bien que mal avec les médias. Entre mépris et connivence, de nombreux sujets houleux ont parsemé la première année élyséenne de l’ancien maire de Neuilly. Suppression de la publicité télévisuelle dans le service public, polémiques autour de la nouvelle loi sur la protection des sources et conflit ouvert avec l’AFP. La presse française est menacée. Tour d’horizon d’une chaotique année politico-médiatique.

Fin janvier, un ponte du quotidien conservateur le Figaro, Yves Thréard, déclarait sans ambages ni faux-semblants : « Nicolas Sarkozy n’aime pas les journalistes, il les déteste même ». Le ton était donné.

« M. Sarkozy confond télévision publique avec télévision d’Etat »

Quelques jours auparavant, au cours de sa conférence de presse spectaculaire devant plus d’une centaine de journalistes, le président de la République a annoncé la suppression de la publicité dans l’audiovisuel public, effective dès le 1er janvier 2009, sans concertation avec les ministres et les directions concernés. Un manque à gagner de plus de 800 millions d’euros pour France Télévision qui a aussitôt fait réagir l’opposition, soupçonnant le président de favoriser par cette réforme, les affaires de groupes tel que le groupe Bouygues, propriétaire de TF1. Patrick Bloche, vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale en charge des médias avait alors dénoncé un « jeu de bonneteau hasardeux consistant à déshabiller le service public pour venir à la rescousse des grandes chaînes privées dont les actions ont aussitôt décollé« .

Pour désigner le nouveau mode de financement de la télévision publique, la Commission Copé, regroupant, à parité, professionnels et parlementaires, a été mise en place. Ses conclusions, rendues le 25 juin, ont fait long feu, surpassées par la volonté présidentielle d’appliquer ses propres idées : Nicolas Sarkozy a fixé son propre calendrier (la publicité disparaitra entre 20h et 6h du matin dès janvier 2009 puis la mesure sera étendue au 1er décembre 2011 alors que la commission préconisait 2012). Pour financer le manque à gagner, le chef de l’Etat a décidé de taxer les opérateurs de téléphonie et d’Internet à 0,9 %, alors que la commission Copé proposait que cette taxe soit de 0,5 %.

Mais c’est la nomination du président de France Télévision en Conseil des ministres qui a provoqué le plus grand tollé. En lieu et place de l’actuelle nomination par le CSA, la procédure, qui accordera ce pouvoir à l’exécutif, prévaudra également pour la présidence de Radio France. « M. Sarkozy confond télévision publique avec télévision d’Etat. Il sera peut-être, demain, rédacteur en chef« , a dénoncé dans le Monde Arnaud Hamelin, producteur et président du Syndicat des agences de presse télévisées (Satev). L’indépendance des médias français, déjà fortement malmenée, encaisse là un nouveau coup dur.
Une séquence « off » du président crée la polémique

x5z26r&related=1Cette annonce coïncide avec la publication par rue89 d’une vidéo « off » du président avant une interview sur France 3. Dans ce témoignage, Nicolas Sarkozy semble rappeler qu’il est le patron du service public et promet du changement. « Ca va changer » répète-t-il énervé dans ce document. Fait-il référence à la présidence actuelle de Patrick de Carolis avec qui le ton est récemment monté ? Après avoir menacé de démissionner, le président de France Télévision s’est exprimé sur RTL : « Lorsqu’on dit qu’il n’y a pas de différence entre la télévision de service public et les télévisions privées, je trouve cela faux, je trouve cela stupide, et je trouve cela injuste ». Une sortie qui a fortement déplu à l’Elysée. Soi-disant conforté dans ses fonctions par Sarkozy, Patrick de Carolis reste ouvertement sur la sellette. Henri Guaino ne le nie d’ailleurs pas. Selon Le Monde, le conseiller du président confirme qu’une nouvelle nomination aura lieu après l’adoption de la loi. Même la majorité semble agacée par l’attitude présidentielle. « On ne peut pas s’attaquer à l’AFP et à France Télévision », se lamentait un député UMP.

Cette vidéo « off » de rue89 a également relancé le débat sur la protection des sources journalistiques. Après la demande de l’Elysée à rue89 pour que le site d’information détruise la vidéo, France 3 a ainsi porté plainte afin de découvrir la source qui a permis « la fuite » de cette séquence « off ». Une première en France : un média qui menace un autre média pour découvrir sa source. Fondateur du site menacé et ancien de Libération, Pierre Haski explique : « La lettre de l’avocat exigeait aussi que Rue89 révèle la source de ce document. Cette demande, sans précédent entre médias, avait provoqué de nombreuses protestations, notamment des journalistes et de la direction de la rédaction de France3 qui s’en sont désolidarisés. Rue89 avait refusé d’obtempérer, et la vidéo est toujours disponible ». L’usage veut que ce soit l’Etat qui perquisitionne des journaux pour trouver leurs sources. Le Canard enchainé peut en témoigner.

Protection des sources : une loi floue

En décembre dernier, le journaliste Guillaume Dasquié, spécialisé dans les enquêtes sur le renseignement, était mis en garde à vue à la DST. Au final, une mise en examen pour « détention et divulgation au public de renseignement ou fichier ayant le caractère d’un secret de la défense nationale ». « La garde à vue de Guillaume Dasquié met en relief le retard de la législation française, la plus rétrograde d’Europe pour la protection des sources des journalistes. L’article 109 du code de procédure pénale n’assure pas assez la protection des journalistes », expliquait alors Robert Ménard à Hautcourant.com. Promis dans son programme présidentiel, la nouvelle loi sur la protection des sources des journalistes a été adoptée le 15 mai en première lecture à l’Assemblée nationale. Aussitôt dénoncée par un cortège de juges, d’avocats et de journalistes, elle ne protège les sources que dans certains cas. Les journalistes satiriques espéraient une loi leur permettant de n’encourir aucune sanction devant un juge s’ils ne divulguaient pas leurs sources. Ils ont été déçus. « La justice aura le droit de rechercher l’origine d’une information de presse lorsqu’un « impératif prépondérant d’intérêt public » l’imposera, à titre exceptionnel, en cas de crime ou délit grave et si cela est absolument nécessaire à l’enquête », explique le site bakchich.info. Le flou de la formulation interpelle.

Après 14 mois de sarkozysme et de conflits politico-médiatiques, François Malye, secrétaire général du Forum des sociétés de journalistes (FSDJ), juge « qu’il y a une régression démocratique. On assiste à une reprise en main par des grands acteurs qui veulent mettre de l’ordre dans les médias ».

La cigale chante, les fourmis légifèrent

Il était partout, il est partout, il sera partout. Nicolas Sarkozy se retrouve de nouveau sur tous les fronts. Il s’était calmé suite à la sévère défaite de son parti aux municipales, ayant compris que sa communication tous azimuts énervait. Le répit aura été de courte durée et il n’a pas pu s’empêcher de revenir omniprésent sur le devant de la scène, le gouvernement dans la caravane.

Les offensives sont multiples : assurance maladie, loi de modernisation de l’économie, spot publicitaire onéreux sur le pouvoir d’achat, réévaluation des quotas dicté par Brice Hortefeux en matière d’immigration, rapport de la Commission Copé sur la télévision publique. Une effervescence médiatique qui occulte et met volontairement au second plan le programme de la session extraordinaire de l’Assemblée Nationale prévue à partir du 1er juillet où seront votées, dans l’indifférence des vacances estivales, le projet de loi portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail ainsi que le projet de loi constitutionnelle, modifié par le Sénat, de modernisation des institutions de la Ve République. Deux réformes sensibles et importantes que le président préfère faire passer en session extraordinaire donc. Quand les Français favorisent le farniente aux luttes sociales. Pas bête le pensionnaire de l’Elysée.

Afin d’éviter les turbulences que ces réformes nationales de premier plan peuvent engendrer, Sarkozy va attirer le regard et les médias (à moins que ce ne soit le regard des médias) sur son hyperactivité internationale. L’occasion fait le larron et ce larron là souhaite sauver le monde entier. Présidant le Conseil de l’Union européenne au nom de la France, comment va-t-il surmonter le « non » irlandais ? Suite à son récent discours devant la Knesset, Sarkozy souhaite proposer une alternative aux Etats-Unis dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Sans l’hypermédiatisation hexagonale, on dirait du Chirac dans le texte. Et pendant ce temps là, les députés UMP pourront légiférer en toute tranquillité, insidieusement dans l’ombre de la capitale. Voilà l’été!

Europe : 2005-2008, même combat ?

Un double « non » franco-hollandais en 2005, un « non » irlandais en 2008 et une myriade de ratifications parlementaires : les politiques n’ont pas confiance en leurs concitoyens qui eux, n’ont toujours pas confiance en l’Europe.

2005-2008 : l’Europe reste incomprise. Trois ans après le double refus référendaire de la France et des Pays-Bas de ratifier la première constitution européenne, le récent, et finalement prévisible, « non » irlandais semble moins problématique. Néanmoins, l’adoption par la majorité des pays membres d’un processus de ratification du « Traité simplifié » par voie parlementaire révèle la méfiance que les dirigeants européens ont en leurs populations.

Lorsqu’en 2005, l’idée même de constitution avait été abandonnée, les dirigeants feignaient avoir compris le sens du double-refus : la construction européenne est incomprise et trop abstraite pour les citoyens. Dans son programme présidentiel, Nicolas Sarkozy promettait de relancer l’Europe.

«Beaucoup d’Européens ne comprennent pas la façon dont on construit l’Europe»

A deux semaines de la présidence française de l’Union Européenne, rien n’a changé, les craintes restent les mêmes. «L’Europe, ça été vécu pour protéger, et tant d’Européens pensent que l’Europe, ça inquiète. À nous d’en tenir compte, pas dans six mois, tout de suite», expliquait récemment Nicolas Sarkozy. Comme s’il prenait à peine conscience du phénomène. Et le président français d’ajouter : «Beaucoup d’Européens ne comprennent pas la façon dont on construit l’Europe en ce moment. Il faut qu’on en tienne compte très rapidement et qu’on change notre façon de faire l’Europe. L’idée européenne, on n’a pas le droit de la saboter, mais il faut qu’on fasse différemment.» Différemment. Autrement qu’avec le couple franco-allemand en tête ? De nombreux observateurs attribuent ce nouvel épisode à la faille du couple, pourtant pierre angulaire de la construction européenne depuis ses débuts.

RTEmagicC_Logo_priorites.JPG.jpgLe 1er juillet, le chef de l’Etat français prendra la présidence du Conseil de l’Union Européenne pour six mois. Son style arrogant et détonant risque de se confronter aux mœurs nettement plus policées des diplomates bruxellois. Nicolas Sarkozy risque d’appliquer à Bruxelles son style hexagonal : aller vite, être partout, au risque de parfois se contredire. Au programme de cette présidence française intitulée « l’Europe protection », quatre axes de travail : l’immigration, l’environnement, la défense et la PAC (politique agricole commune).

«L’Europe craint les initiatives de Nicolas Sarkozy»

L’immigration, sujet des plus épineux et qui risque fortement de créer des tensions. Sous la houlette du couple Sarkozy-Hortefeux et de Berlusconi, le président du conseil italien, le thème, annoncé comme prioritaire, a été nommé « La gestion globale et concertée des migrations ». Le conflit est ainsi latent entre l’Espagne d’un côté, et la France et l’Italie de l’autre. Toujours dans le cadre de l’immigration, « les 13 et 14 juillet 2008, les 44 pays du nord et du sud de la Méditerranée se retrouveront pour faire le point sur les futurs contours de l’Union pour la Méditerranée. » (touteleurope.fr) Ce projet, cher au président français, ne fait pas l’unanimité à Bruxelles, loin de là.

Autre sujet de discorde, historique celui-là, la politique agricole commune qui, une fois de plus, devrait mettre à jour certaines fractures au sein de l’Union. Nicolas Sarkozy souhaite engager « une véritable refondation en profondeur » de la PAC « sans attendre l’échéance de 2013. » « En marge des thèmes officiels, l’Europe craint les initiatives de Nicolas Sarkozy sur d’autres dossiers sur lesquels ces dernières sorties ont été diversement appréciées : les carburants et le développement durable, ou encore la politique monétaire », est-il ainsi écrit sur le blog politique de fluctuat.

La méthode Sarkozy va s’attaquer à l’Europe. Le non irlandais place d’emblée la France face à ses propres difficultés. Nicolas Sarkozy clamait haut et fort son initiative de relance du processus par le traité de Lisbonne. Quelles suites à l’épisode irlandais ? Les six prochains mois révèleront l’ampleur de l’impasse dans laquelle la construction européenne s’embourbe depuis maintenant trop longtemps.

Discorde dans la majorité

Sarkozy énerve. Et la tendance ne s’arrête pas à la gauche. Outre les villepinistes, depuis le début critiques à l’égard du président, certains barons de l’UMP montent au créneau. Après la crise à propos des OGM, nouvelles tensions en perspective dans les rangs de la majorité.

L’UMP serait-il sur le point de voler en éclats ? Depuis l’accession de Sarkozy à la tête du parti de la droite parlementaire, de nombreuses voix critiques s’élèvent à son encontre. Dans son propre parti, sa propre majorité.

Dans un entretien à L’Express du 6 mai, c’est Hervé Gaymard, député UMP, qui a jugé « incroyable que des bureaux politiques du parti du Président se tiennent au palais de l’Élysée ». L’ancien ministre de l’Economie du gouvernement Raffarin s’est ensuite référé à De Gaulle, incarnation, selon lui, « de la liberté de l’esprit et de la liberté intérieure». rapportgaymard_500.jpgAjoutant qu’il avait « toujours opéré une distinction nette entre les sphères publique et privée ». Première attaque !
Plus loin, le député de Savoie rappelle que le général De Gaulle « opérait une séparation claire entre le chef de l’Etat et, comme il disait, « l’armée de ceux qui le soutiennent ». Que des bureaux politiques de l’UMP se tiennent aujourd’hui au palais de l’Elysée me paraît incroyable». Deuxième attaque. Une dérive partisane de Sarkozy que Gaymard partage avec Julien Dray, porte-parole du PS. «Ces propos traduisent une dérive préoccupante de celui qui devrait être le premier des Français, au-dessus des contingences partisanes et des intérêts personnels », dénonce-t-il. Critiquant également la transformation de l’Elysée en «local de l’UMP».

«Le parti n’est pas à la hauteur»

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Cette armée, indéfectible, commence justement à montrer des signes de méfiance. Le 11 mai, dans une interview accordée au Parisien Dimanche, c’est le maire de Nice et proche du chef de l’Etat Christian Estrosi qui s’est exprimé sans ménager l’organisation actuelle de l’UMP : «elle tarde à porter ses fruits. Les députés se battent pour défendre avec ferveur les convictions de ceux qui les ont élus. En revanche, le parti, lui, n’est pas à la hauteur.»

Le parti ou son utilisation par le président ? Car cette réorganisation dont il parle, c’est l’arrivée dans l’organigramme de deux ministres, proches de l’Élysée, Xavier Bertrand et Nathalie Kosiuscko-Morizet, faisant fi des militants. Un bel exemple de démocratie. Suite à la défaite aux municipales, Estrosi pointe ainsi l’échec de cette stratégie.

Copé refuse les « réformes toutes ficelées« 

COPPE_JeanFrancois_2_.jpgCe même 11 mai, sur Canal +, c’est Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale qui s’est attardé sur le manque de concertation des députés de la part du gouvernement. « On produit ensemble les réformes. On ne les prend pas toutes ficelées après le Conseil des ministres pour appuyer sur le bouton ‘oui’, ironise-t-il. D’ailleurs, à chaque fois qu’on n’est pas associé en amont, ça fait des couacs. »

Lors des dernières municipales, les urnes, et les sondages qui ont suivis, ont démontré que Nicolas Sarkozy s’était éloigné des Français. S’il s’éloigne de ses partisans, attention au risque, déjà présent, d’ultra-personnalisation du pouvoir.

Sarkozy s’attaque aux hôpitaux

Le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy a présenté, jeudi 19 avril à Neufchâteau (Vosges), le rapport du sénateur UMP et ancien ministre du Travail Gérard Larcher, qui vise à réformer l’hôpital en regroupant les établissements de santé. Alors même que le déficit des hôpitaux publics est estimé entre 700 et 800 millions d’euros en 2007, ce texte ne comporte pas la moindre annonce budgétaire.

« Cette réforme trop longtemps différée est une réforme majeure. » Hier à Neufchâteau, le président de la République a insisté sur l’aspect capital de ce vingtième rapport sur la santé en six ans : « Le refus de la réforme conduira à la fermeture des hôpitaux. »
Jean-Olivier Arnaud, directeur général du CHU de Nîmes, partage cet avis et revient sur les trois propositions phare du texte.

Les hôpitaux regroupés comme les communes

Les regroupements d’hôpitaux paraissent inévitables aux yeux de Jean-Olivier Arnaud. Nicolas Sarkozy entend favoriser la mise en réseau d’établissements de santé en créant des communautés hospitalières de territoire. Ces dernières verraient le jour grâce à des aides et des subventions, à hauteur d’une dizaine de milliards d’euros. Pour le directeur nîmois, il s’agit d’une des innovations les plus intéressantes : « Cela va faciliter la mission de service public des hôpitaux. Il y aura ainsi une continuité de la prise en charge du patient, de son domicile jusqu’à son retour chez lui. »2008-04-10T095038Z_01_NOOTR_RTRIDSP_2_OFRTP-FRANCE-HOPITAUX-LARCHER-20080410.jpg

Collaborations accrues avec le secteur privé

Cette mesure s’accompagne d’une porosité accrue entre les secteurs publics et privés. Si ce concept semble novateur, il n’en est rien pour Jean-Olivier Arnaud : « A Nîmes, nous avons déjà passé des conventions avec des établissements privés. Les dirigeants hospitaliers sont convaincus qu’il faut développer de tels partenariats, notamment avec les médecins libéraux. » La maternité privée de Ganges et le CHU de Nîmes travaillent en symbiose, par le biais de la visioconférence. Entre Montpellier et Nîmes, les échanges sont également antérieurs au rapport, d’après le directeur gardois : « Nous collaborons déjà dans plusieurs domaines. Beaucoup de médecins sont passés par les deux hôpitaux, nous sommes aussi liés par la faculté de médecine. »
Cette coopération entre public et privé vise également à endiguer la concentration des établissements de santé à but lucratif. Nicolas Sarkozy craint, en effet, un « risque de monopole des cliniques privées, guidé par des fonds de pensions ». Pour Jean-Olivier Arnaud, cela pourrait engendrer une perte de la qualité des soins.

Le directeur d’hôpital devient le seul patron

Avec le rapport Larcher, le rôle du directeur d’établissement va également être bouleversé. « Les pouvoirs du directeur seront accrus afin que les hôpitaux aient un seul patron et un seul », a affirmé Nicolas Sarkozy. Sur ce point névralgique, Jean-Olivier Arnaud ne se montre pas hostile : « Moi, je compte bien rester un directeur d’hôpital et ne pas devenir un chef d’entreprise. Je suis ancré dans les valeurs du service public. Mais si je peux être un acteur du changement… »
Le directeur du CHU de Nîmes justifie la future évolution de son statut par la nécessité, pour un hôpital, de devenir plus réactif à la mutation de la société : « Les directeurs d’hôpitaux posséderont les clefs des investissements. Nous aurons donc une plus grande liberté de gestion. Nous pourrons investir plus rapidement en s’exonérant de certaines règles du marché public. » Jean-Olivier Arnaud cite en exemple de cette plus grande latitude de décisions l’embauche des médecins : « Actuellement, dans certaines spécialités et zones géographiques, nous avons du mal à recruter. Avec cette mesure, chaque établissement pourra recruter plus facilement, en faisant des choix dans le cadre de sa liberté budgétaire. »
Dès l’annonce du rapport, des voix se sont élevées, exprimant leur inquiétude de voir disparaître les établissements les moins rentables. Mais pour Jean-Olivier Arnaud, « il ne s’agit pas de réformes visant à comprimer. Un établissement avec une bonne activité n’a rien à perdre. » Reste à voir ce qui va advenir des petites structures.

Les entreprises « joueront le jeu» si l’Etat les aide

Jean-Louis Bouscaren est le dirigeant des incontournables auto-écoles ECF – Bouscaren. Il est aussi le président de la CGPME – LR, syndicat patronal des PME, et vice président du Conseil Economique et Social Languedoc-Roussillon.

Interrogé pour le Journal Midi Libre, il livre son avis sur les déclarations du président Sarkozy le 4 avril. En particulier sur ce qui le concerne : la redirection des aides aux entreprises en faveur des PME et des secteurs innovants en priorité.

«Ce n’est pas une surprise, mais cette déclaration va dans le bon sens. Maintenant que Nicolas Sarkozy l’a annoncé publiquement, il doit tenir ses engagements»…

Jean-Louis Bouscaren, président de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises (CGPME) en Languedoc-Roussillon, se montre satisfait.
Le chef de l’Etat souhaite recentrer les aides aux entreprises sur le secteur des PME et de l’innovation.

Jean-Louis Bouscaren
«Il semble avoir compris que ce sont les PME et les TPE qui créent l’emploi dans le pays. Les entreprises du Cac 40, elles, ont plutôt tendance à le tuer en délocalisant. Les structures patrimoniales prennent le plus de risques et sont les plus méritantes. Même lorsqu’elles se tournent vers le marché international, leurs racines restent en France. C’est là qu’elles versent leurs impôts.»

Echaudé par la récente décision de requalifier les Contrats Nouvelle Embauche (CNE) en CDI, Jean-Louis Bouscaren attend cependant des mesures concrètes :

«Nous souhaitons un allégement des charges, ainsi que la réduction des barrières administratives, qui sont contre-productives pour l’emploi».

La suppression des effets de seuils en fonction du nombre d’employés apparaît désormais comme une priorité pour la CGPME.

L’appel du 1er avril de Sarkozy pour Ingrid Bétancourt

Les dernières nouvelles alarmantes concernant l’état de santé d’Ingrid Bétancourt ont poussé le président Nicolas Sarkozy à envoyer un message radiophonique aux chefs des rebelles colombiens (Farc), Manuel Marulanda.
De l’Elysée, le chef de l’Etat a demandé la libération immédiate de la Franco-colombienne. Otage de la guerilla marxiste depuis maintenant six ans, et victime d’une rechute d’hépatite B, la captive aurait cessé de s’alimenter et de se soigner depuis le 23 février dernier.article_betancourt460_ok.jpg
Cet appel est intervenu le jour même où Nicolas Sarkozy a reçu une pétition de 602 000 signatures récoltées par des comités de soutien d’Ingrid Bétancourt. Le texte exigeait un « accord humanitaire » entre Bogota et les Farc pour mettre fin à la crise des otages en Colombie.
Dans ce message diffusé par les media français et sous-titré en espagnol, Nicolas Sarkozy dit son inquiétude quant à la survie d’Ingrid Bétancourt : « Ingrid est en danger de mort imminente. Elle n’a plus la force de résister à une captivité interminable. » Le président français apostrophe Manuel Marulanda : Vous qui dirigez les Farc, vous avez maintenant, un rendez-vous avec l’histoire : ne le manquez pas. Libérez Ingrid Bétancourt et les otages qui sont le plus affaiblis. » « La France est, et restera, mobilisée pour un accord humanitaire », insiste Nicolas Sarkozy.

Départ d’une mission humanitaire

Le Premier ministre François Filllon s’est déjà déclaré favorable à accorder le statut de « réfugiés politiques » à des membres des Farc détenus en Colombie, en l’échange de la Franco-colombienne. Une proposition aussitôt fustigée par Marine Le Pen, la vice-présidente exécutive du front national.
Mercredi 2 avril, la France a décidé de lancer une opération humanitaire afin d’atteindre directement Ingrid Bétancourt. Une mission néanmoins difficile et sans réelles chances de succès.
De son côté, soucieuse de remobiliser l’opinion, la famille d’Ingrid Bétancourt organise une marche blanche le dimanche 6 avril, à Paris et dans d’autres villes françaises.

Où en est-on en Afghanistan ?

Le sommet de l’Otan réuni à Riga en novembre 2007 avait approuvé une directive d’après laquelle « contribuer à la paix et à la stabilité de l’Afghanistan est sa priorité essentielle ». A l’heure où les Etats-unis demandent aux nations engagées d’accroître leur contribution en troupes, l’Otan semble s’enliser dans une irakisation afghane.

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Les Etats-Unis demandent depuis plusieurs mois à leurs alliés engagés en Afghanistan dans le cadre de l’Otan d’augmenter le nombre de leurs soldats, notamment dans le sud du pays, la zone la plus violente. Le gouvernement polonais a donc annoncé l’envoi de 400 militaires de plus, portant ainsi leurs troupes à 1600 hommes. Une condition est pourtant ajoutée, à savoir que la totalité des troupes soit basée au même endroit. La chambre des communes canadienne a donné son feu vert la semaine dernière à la prolongation de la mission de ses 2500 soldats jusqu’en 2011 au sud de l’Afghanistan. Elle demande en échange l’envoi de 1000 soldats en renfort dans la zone.

La France réfléchit à accroître son effort militaire hors de Kaboul et à la réintégration des commandos des forces spéciales, retirées en majorité en 2007 par Jacques Chirac. Nicolas Sarkozy a aussi envoyé le mois dernier trois avions Rafale pour compléter les Mirage déjà présents. Il explique vouloir garantir « l’avenir de nos valeurs et celui de l’aliance atlantique ». « La France restera engagée en Afghanistan aussi longtemps qu’il le faudra ». Mais les réflexions ne suffisent plus, les Etats-Unis et le Canada font pression sur Paris pour savoir où exactement ils comptent envoyer leurs renforts. Cela pourrait se faire à l’est du pays, permettant à des unités américaines de rejoindre les canadiens au sud.

La France au sein de deux missions multinationales

Deux coalitons internationales se déroulent en Afghanistan et la population locale s’y perd. La première est l’Opération Enduring Freedom (OEF) appelée aussi liberté immuable, menée par les Etats-Unis contre le terrorisme islamiste. Elle a débuté en 2001 à la suite de l’intervention américaine après les attentats du 11 septembre. La deuxième est la Force internationale d’assistance à la stabilité (Fias), crée en 2001 lors des accords de Bonn. Elle est commandée par l’Otan depuis 2003 qui pour la première fois se déploie en dehors de sa sphère atlantique. Depuis 2006 la Fias tend à remplacer l’OEF. Rassemblant 39 Etats et comptant 43 250 soldats (les soviétiques à l’époque avaient déployé jusqu’à 115 000 hommes), son but est « d’aider les autorités afghanes à exercer leur pouvoir sur l’ensemble du pays afin de créer les conditions propices à la stabilisation et à la reconstruction ».

La France est engagée sur ces deux fronts. Elle n’y a pas beaucoup d’intérêts stratégiques, à part la lutte contre le terrorisme, la drogue et manifester sa solidarité transatlantique. Toutefois surmonter les clivages existants entre les 25 nations européennes engagées peut donner un aperçu de l’avenir de l’Europe de la Défense, un projet que Nicolas Sarkozy aimerai relancer. L’Hexagone met ainsi à disposition pour l’OEF et la Fias 1900 hommes en comptant ceux basés dans des pays limitrophes et assure un commandement tournant de la région autour de Kaboul. Les troupes françaises ont plusieurs missions. Certains sont chargés du contrôle de Zone, d’autres forment des officiers afghans et des forces spéciales (kandaks) ou sont intégrés dans des unités de l’armée nationale afghane. De plus un contrôle de l’espace aéro-maritime du nord de l’océan indien est en place.

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Un contexte historique turbulent

La situation actuelle ne peut se comprendre sans un retour dans le passé. L’Afghanistan est un pays qui comporte plusieurs ethnies (Patchouns, Tadjiks, Turkmènes…) et influences islamiques. En 1979, mais après déjà des siècles de turbulences en tout genre, l’Afghanistan est envahit par les troupes soviétiques qui y ont des intérêts stratégiques. La résistance du djihad afghan commence, avec l’aide entre autre des Etats-Unis et du pakistan. La guérilla attire de nombreux moudjahidines qui profite de la situation pour s’entrainer. Un certain Oussama Ben Laden crée alors le mouvement Al-Quaeda (la base). L’extrémisme religieux augmente et le pays devient le symbole de la guerre sainte contre l’Occident.

En 1989 les troupes soviétiques se retirent et laissent place à une guerre civile entre afghans et talibans (étudiants en religion). Le régime communiste de Kaboul fini par tomber et les talibans instaurent un régime répressif en 1996.

Le 11 septembre 2001 ont lieu les attentats du World trade center. Le régime des Taliban refuse d’extrader Ben Laden, accusé d’en être l’organisateur. Les américains lancent donc contre l’Afghanistan l’opération Enduring Freedom. Ils sont rejoins notamment par les français et les britanniques. Après trois mois les talibans capitulent et un gouvernement sous l’autorité d’Hamid Karzaï est mis en place. Les complications continuent. Les forces de l’Otan sont souvent considérées par la population locale comme des occupants et non des libérateurs.

L’insécurité actuelle du théâtre afghan

Il y a eu plus de 8000 victimes du conflit en 2007, dont plus de 1500 civils. Ces chiffres sont en augmentation par rapport à ceux de 2006 et les violences sur le terrain continuent. Les humanitaires sont aussi touchés et ont de plus en plus de mal à travailler. Actuellement les insurgés talibans sont 15 000 en moyenne et sont soutenus par un tiers de la population afghane. Ils essaient de retourner contre ceux qui sont pour eux des troupes d’occupation le maximum de personnes. Effectuant au début une guerre classique qui leur faisait subir des pertes, ils sont passé à une guerre asymétrique d’embûches et de raids éclairs, avantagés grâce aux montagnes et aux profondes vallées. Ils récupèrent aussi les techniques utilisées par la guérilla irakienne, soit les engins explosifs et les attentat-suicides.

Les talibans trouvent leurs ressources financières grâce à la drogue. L’Afghanistan est le premier pays producteur d’opium et l’argent de la drogue corrompt toute la société. Or la lutte à ce sujet n’est pas vraiment active. Pour le Colonel à la retraite René Cagnat, titulalire d’un doctorat consacré à l’Asie centrale, rien ne peut se gagner sans une guerre préalable contre le narco-trafic. « un véritable combat contre la drogue, à sa source afghane, donnerait la meilleure de justifications à l’action de la Fias », explique-t-il dans la revue Défense Nationale.

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Un échec militaire

N’en déplaise aux Etats-Unis qui aimeraient des résultats positifs avant la prochaine élection présidentielle afin de pallier au bourbier irakien, l’afghanistan semble être un échec militaire. Après déjà six ans de guerre, la pacification du pays ne se fait pas. Les alliés ne viennent pas à bout de la guérilla. « L’insurection est plus tenace que prévu » a constaté Jean-Marie Guéhenno, chef des opérations de maintien de la paix, lors d’un réçent débat au conseil de sécurité de l’Onu. Politiquement, il est impossible de reconstruire un pays avec autant d’insécurité. Le président afghan Hamid Karzaï pense que la victoire est tout de même possible. La Fias a a contrario des réussites dans les activités civiles, comme la scolarisation des jeunes et la construction d’infrastructures.

En avril aura lieu le prochain sommet de l’Otan à Bucarest, et en juin la conférence internationale sur l’Afghanistan à Paris. Des réflexions plus nettes sur de nouvelles stratégies à adopter vont peut être enfin pouvoir se faire.

Où en est-on en Afghanistan ?

Le sommet de l’Otan réuni à Riga en novembre 2007 avait approuvé une directive d’après laquelle « contribuer à la paix et à la stabilité de l’Afghanistan est sa priorité essentielle ». A l’heure où les Etats-unis demandent aux nations engagées d’accroître leur contribution en troupes, l’Otan semble s’enliser dans une irakisation afghane.

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Les Etats-Unis demandent depuis plusieurs mois à leurs alliés engagés en Afghanistan dans le cadre de l’Otan d’augmenter le nombre de leurs soldats, notamment dans le sud du pays, la zone la plus violente. Le gouvernement polonais a donc annoncé l’envoi de 400 militaires de plus, portant ainsi leurs troupes à 1600 hommes. Une condition est pourtant ajoutée, à savoir que la totalité des troupes soit basée au même endroit. La chambre des communes canadienne a donné son feu vert la semaine dernière à la prolongation de la mission de ses 2500 soldats jusqu’en 2011 au sud de l’Afghanistan. Elle demande en échange l’envoi de 1000 soldats en renfort dans la zone.

La France réfléchit à accroître son effort militaire hors de Kaboul et à la réintégration des commandos des forces spéciales, retirées en majorité en 2007 par Jacques Chirac. Nicolas Sarkozy a aussi envoyé le mois dernier trois avions Rafale pour compléter les Mirage déjà présents. Il explique vouloir garantir « l’avenir de nos valeurs et celui de l’aliance atlantique ». « La France restera engagée en Afghanistan aussi longtemps qu’il le faudra ». Mais les réflexions ne suffisent plus, les Etats-Unis et le Canada font pression sur Paris pour savoir où exactement ils comptent envoyer leurs renforts. Cela pourrait se faire à l’est du pays, permettant à des unités américaines de rejoindre les canadiens au sud.

La France au sein de deux missions multinationales

Deux coalitons internationales se déroulent en Afghanistan et la population locale s’y perd. La première est l’Opération Enduring Freedom (OEF) appelée aussi liberté immuable, menée par les Etats-Unis contre le terrorisme islamiste. Elle a débuté en 2001 à la suite de l’intervention américaine après les attentats du 11 septembre. La deuxième est la Force internationale d’assistance à la stabilité (Fias), crée en 2001 lors des accords de Bonn. Elle est commandée par l’Otan depuis 2003 qui pour la première fois se déploie en dehors de sa sphère atlantique. Depuis 2006 la Fias tend à remplacer l’OEF. Rassemblant 39 Etats et comptant 43 250 soldats (les soviétiques à l’époque avaient déployé jusqu’à 115 000 hommes), son but est « d’aider les autorités afghanes à exercer leur pouvoir sur l’ensemble du pays afin de créer les conditions propices à la stabilisation et à la reconstruction ».

La France est engagée sur ces deux fronts. Elle n’y a pas beaucoup d’intérêts stratégiques, à part la lutte contre le terrorisme, la drogue et manifester sa solidarité transatlantique. Toutefois surmonter les clivages existants entre les 25 nations européennes engagées peut donner un aperçu de l’avenir de l’Europe de la Défense, un projet que Nicolas Sarkozy aimerai relancer. L’Hexagone met ainsi à disposition pour l’OEF et la Fias 1900 hommes en comptant ceux basés dans des pays limitrophes et assure un commandement tournant de la région autour de Kaboul. Les troupes françaises ont plusieurs missions. Certains sont chargés du contrôle de Zone, d’autres forment des officiers afghans et des forces spéciales (kandaks) ou sont intégrés dans des unités de l’armée nationale afghane. De plus un contrôle de l’espace aéro-maritime du nord de l’océan indien est en place.

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Un contexte historique turbulent

La situation actuelle ne peut se comprendre sans un retour dans le passé. L’Afghanistan est un pays qui comporte plusieurs ethnies (Patchouns, Tadjiks, Turkmènes…) et influences islamiques. En 1979, mais après déjà des siècles de turbulences en tout genre, l’Afghanistan est envahit par les troupes soviétiques qui y ont des intérêts stratégiques. La résistance du djihad afghan commence, avec l’aide entre autre des Etats-Unis et du pakistan. La guérilla attire de nombreux moudjahidines qui profite de la situation pour s’entrainer. Un certain Oussama Ben Laden crée alors le mouvement Al-Quaeda (la base). L’extrémisme religieux augmente et le pays devient le symbole de la guerre sainte contre l’Occident.

En 1989 les troupes soviétiques se retirent et laissent place à une guerre civile entre afghans et talibans (étudiants en religion). Le régime communiste de Kaboul fini par tomber et les talibans instaurent un régime répressif en 1996.

Le 11 septembre 2001 ont lieu les attentats du World trade center. Le régime des Taliban refuse d’extrader Ben Laden, accusé d’en être l’organisateur. Les américains lancent donc contre l’Afghanistan l’opération Enduring Freedom. Ils sont rejoins notamment par les français et les britanniques. Après trois mois les talibans capitulent et un gouvernement sous l’autorité d’Hamid Karzaï est mis en place. Les complications continuent. Les forces de l’Otan sont souvent considérées par la population locale comme des occupants et non des libérateurs.

L’insécurité actuelle du théâtre afghan

Il y a eu plus de 8000 victimes du conflit en 2007, dont plus de 1500 civils. Ces chiffres sont en augmentation par rapport à ceux de 2006 et les violences sur le terrain continuent. Les humanitaires sont aussi touchés et ont de plus en plus de mal à travailler. Actuellement les insurgés talibans sont 15 000 en moyenne et sont soutenus par un tiers de la population afghane. Ils essaient de retourner contre ceux qui sont pour eux des troupes d’occupation le maximum de personnes. Effectuant au début une guerre classique qui leur faisait subir des pertes, ils sont passé à une guerre asymétrique d’embûches et de raids éclairs, avantagés grâce aux montagnes et aux profondes vallées. Ils récupèrent aussi les techniques utilisées par la guérilla irakienne, soit les engins explosifs et les attentat-suicides.

Les talibans trouvent leurs ressources financières grâce à la drogue. L’Afghanistan est le premier pays producteur d’opium et l’argent de la drogue corrompt toute la société. Or la lutte à ce sujet n’est pas vraiment active. Pour le Colonel à la retraite René Cagnat, titulalire d’un doctorat consacré à l’Asie centrale, rien ne peut se gagner sans une guerre préalable contre le narco-trafic. « un véritable combat contre la drogue, à sa source afghane, donnerait la meilleure de justifications à l’action de la Fias », explique-t-il dans la revue Défense Nationale.

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Un échec militaire

N’en déplaise aux Etats-Unis qui aimeraient des résultats positifs avant la prochaine élection présidentielle afin de pallier au bourbier irakien, l’afghanistan semble être un échec militaire. Après déjà six ans de guerre, la pacification du pays ne se fait pas. Les alliés ne viennent pas à bout de la guérilla. « L’insurection est plus tenace que prévu » a constaté Jean-Marie Guéhenno, chef des opérations de maintien de la paix, lors d’un réçent débat au conseil de sécurité de l’Onu. Politiquement, il est impossible de reconstruire un pays avec autant d’insécurité. Le président afghan Hamid Karzaï pense que la victoire est tout de même possible. La Fias a a contrario des réussites dans les activités civiles, comme la scolarisation des jeunes et la construction d’infrastructures.

En avril aura lieu le prochain sommet de l’Otan à Bucarest, et en juin la conférence internationale sur l’Afghanistan à Paris. Des réflexions plus nettes sur de nouvelles stratégies à adopter vont peut être enfin pouvoir se faire.