Débat alternatif : peut-on refuser de serrer la main du Président de la République

« Casse-toi alors pauvre con ». Quand le Président de la République dérape, Internet saisit le buzz au bond et éclabousse l’opinion publique. La vidéo circule à vitesse grand V alors l’Elysée envoie son équipe ministérielle au créneau pour laver l’affront. L’opposition charge de son côté et s’offusque de l’altercation. L’affaire aurait pu se tasser mais quelques jours plus tard, une jeune esthéticienne esquive la main tendue du chef de l’Etat à un moment où Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages.
Haut Courant lance son débat alternatif : peut-on refuser de serrer la main du Président de la République? Est-ce l’homme ou la fonction qui était visée?

Darcos : Le vilain petit canard de Périgueux

Périgueux, préfecture de la Dordogne. Dans un département où le foie gras est roi, le vilain petit canard du gouvernement s’appelle Xavier Darcos. Le maire sortant et ministre de l’éducation nationale perd près de 15 points par rapport à 2001. Arrivé second avec 45,25% contre 45,70% pour son adversaire socialiste, le candidat UMP est le seul ministre candidat en ballottage difficile dans un fief qui semblait gagné d’avance.

Ils étaient 23 membres du gouvernement à affronter la légitimité des urnes lors de ces élections municipales et cantonales. Seule une poignée a subi de plein fouet la victoire hexagonale de la gauche. Parmi eux, le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, maire sortant de Périgueux. A égalité -44 voix d’écart- avec le candidat socialiste qu’il avait nettement battu en 2001, le natif de Limoges risque gros.

La permanence de l’UMP fermée le soir du premier tour

A 60 ans, Xavier Darcos pouvait compter pourtant sur une liste d’union avec le Modem. Il doit cette alliance d’avant premier tour à son amitié avec François Bayrou dont il fut chef de cabinet au ministère de l’éducation nationale en 1994, avant de devenir le conseiller à l’éducation d’Alain Juppé, alors premier ministre. Mais les 6% de la liste dissidente Modem seront les véritables arbitres du second tour. La droite périgourdine vacille. Depuis 1971 et l’élection du gaulliste Yves Guéna à l’hôtel de ville, jamais Périgueux n’a connu un premier magistrat socialiste. « Une petite révolution est en cours. Depuis quarante ans, Périgueux a toujours élu un maire de droite, la semaine prochaine la gauche a de vraies chances de l’emporter » disent les opposants au ministre. Preuve de la fébrilité de l’UMP dans la préfecture périgourdine, dimanche soir, la permanence du parti présidentiel était fermée alors que Darcos préférait rester enfermé dans son bureau de la mairie.
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Pour l’UMP, qui tente de minimiser le caractère national de cette échéance, les ministres battus pourront rester en poste. « Si vous dites qu’à chaque fois, ils ne peuvent pas rester, il n’y aura plus aucun ministre qui voudra se présenter aux élections, ce qui est quand même embêtant dans une démocratie » justifiait Patrick Devedjan, secrétaire général de l’UMP, quelques jours avant le premier tour. Mais ces ministres en situation périlleuse ne sont pas légions. Et un léger remaniement ministériel n’est plus à exclure. Une défaite à Périgueux de Xavier Darcos résonnerait comme une claque importante dans une ville qui vote généralement à droite aux scrutins locaux.

Sarkozy fait campagne, une stratégie sans succès

Le cas Darcos met également en exergue la particularité de la capitale de la Dordogne. Depuis 1995, les Pétrocoriens alternent un vote à gauche aux échéances nationales avec un vote local à droite. L’inverse de la tendance française sur la même période. En 2007, Ségolène Royal y avait largement devancé Nicolas Sarkozy (56,45 % pour la candidate socialiste) avant que Pascal Deguilhem, candidat PS, ne soit élu député en juin. C’est dans cet anti-sarkozysme que réside la potentielle défaite de Darcos. Ministre en vue du gouvernement sur des sujets sensibles (mémoire d’un enfant de la Shoah, réforme de la carte scolaire), Darcos est l’un des rares maires à avoir accueilli le président de la République au cours de sa campagne.
Une stratégie visiblement sans succès.

Le réalisateur, le producteur et le diffuseur

Ils sont trois acteurs principaux du scénario de la création audiovisuelle. Condamnés à évoluer de concert, leur entente est parfois proche de celle décrite par Sergio Leone dans The Good, The Bad and The Ugly. Un documentariste, un producteur et un diffuseur ont accepté d’expliciter leur rôle et de réagir aux annonces de Nicolas Sarkozy .

Laure Pradal est documentariste

Elle a travaillé pour l’émission Strip-Tease et réalisé de nombreux documentaires diffusés sur Arte, France 2 et France 3.
Ce sont « des documentaires d’auteur, avec une écriture orientée vers la fiction. J’ai réalisé surtout des films personnels, seulement cinq commandes, c’est alors moi qui écris le scénario . Le diffuseur ou le producteur commande uniquement le sujet ». Elle explique que dans son travail, le repérage est très important. Pour un documentaire de 13 minutes, il peut prendre 6 mois. Il faut obtenir toutes les autorisations. Le réalisateur doit donc savoir « mener plusieurs projets en parallèle ». Laure Pradal confie « le plus déplaisant est peut-être l’incertitude liée à ce métier, le statut d’intermittent est un atout en France, par rapport à d’autres pays, mais il est toujours menacé ».
Pour elle « le producteur idéal est celui qui a une culture documentaire importante, qui connaît parfaitement le travail de l’auteur pour pouvoir séduire les diffuseurs. Il doit avoir un regard extérieur pour juger le travail de l’auteur, tout en lui laissant une grande liberté créative ». Interrogée sur les phénomènes de concentration dans la production, elle répond « Il y a bien sûr de grosses productions qui ont le monopole mais les diffuseurs veillent à travailler avec des boîtes plus petites et en province. Ils travaillent souvent davantage avec des réalisateurs qui se sont fait un nom qu’avec des inconnus ». Laure Pradal veut gagner plus d’indépendance «je vais travailler avec la production de mon frère: Manuel Pradal, cela deviendra une structure familiale. Des réalisateurs comme Agnès Varda ont depuis très longtemps leur propre production».
Au sujet de l’annonce concernant la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, elle réagit : « Ce qui est en danger est tout ce qui touche à la culture, l’espace de création va être de plus en plus limité, l’intermittent de plus en plus marginalisé ».
La qualité de la télévision publique en France ? « Seules quelques cases, très tard le soir ». Laure Pradal est d’accord avec l’idée que les grosses productions peuvent servir de vitrines « si elle entraînent le spectateur dans une curiosité vers le genre documentaire. Mais cela peut avoir un effet pervers, le spectateur peut devenir accroc à ce genre de films avec des artifices permanents. Son mode de pensée ne lui permettra alors plus d’accéder à des films plus austères ».

Laure pradal

Marie-France Dewast travaille pour ADL Production

Cette société est implantée à Montpellier. Marie-France Dewast l’a rejoint il y a quatre ans. Elle en est la productrice déléguée. ADL produit des documentaires de création.
Une dizaine d’auteurs lui ont soumis leur projet. Elle en a produit trois (deux étant diffusés à la télévision, un troisième en circuit associatif). Lorsqu’on l’interroge sur sa profession à travers une citation de Catherine Humblot « la plupart des sociétés de production fonctionnent sur un mode artisanal… les producteurs sont des gens passionnés, susceptibles et en perpétuel danger financièrement » sa réponse est laconique « je suis d’accord avec elle » .
Didier Mauro [[Le documentaire, Cinéma et télévision, Dixit, Paris, 2003]] remarque que les sociétés de production spécialisées en documentaire sont dix fois plus nombreuses (650) qu’il y a vingt ans. Ce sont souvent de petites structures qui prennent des risques financiers. « L’apport de la Société de production dans le montage financier d’un film varie de 5 à 20 %, en industrie le plus souvent » explique Marie-France Dewast . La recherche de financements est une partie importante du travail des producteurs. Marie-France Dewast rajoute « mais pas la seule, car ce travail ne se fait que si on adhère au projet d’un auteur et qu’on décide de s’y investir à fond – et souvent à fonds perdus ! » . Il commence par la réécriture du sujet très souvent, et par des conseils à l’auteur. Il continue avec la recherche d’accords avec un diffuseur. «Les chaînes publiques sont des partenaires recherchés mais très convoités» .
Interrogée sur les ventes à l’étranger, elle explique « les ventes à l’étranger sont rares et chères : d’abord il faut faire traduire les dialogues, les sous-titres en langue étrangères sont assez coûteux ; les démarches également, car il faut se rendre sur les marchés, type festival en France et à l’étranger… on pratique plus fréquemment les ventes aux chaînes du câble ou à des locales ».
Consultée sur son ressenti après l’annonce de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, Marie-France Dewast s’interroge « tout est lié aux compensations qui seront garanties, et, qui paiera ? » elle ajoute « mais, je ne suis pas contre une chaîne publique sans publicité ».
Sa définition d’une télévision de qualité ? « diversité et chance aux nouveaux venus en préservant les auteurs plus expérimentés qui ont des choses à nous apprendre ».

L'asile du droit. Documentaire produit par Marie-France Dewast

Tiziana Cramerotti est la responsable de l’antenne et des programmes de France 3 Sud

Tiziana Cramerotti explique que sur les 200 à 250 projets qu’elle reçoit chaque année, une vingtaine sont retenus. Lorsqu’on lui pose la question des critères, elle précise « il s’agit de documentaires ancrés dans la région, tous les thèmes sont ouverts, ils sont parfois liés à un événement. Par exemple, l’année dernière, à l’occasion du mondial de rugby, trois documentaires ont été diffusés. Dans ce cas précis, 18 mois d’anticipation ont été nécessaires ».
Si le nombre de projets qui lui parviennent est suffisamment important pour permettre une offre diversifiée, il arrive à Tiziana Cramerotti de proposer des sujets. Ayant une formation de linguiste, elle a un jour trouvé intéressant de chercher à « identifier quels étaient les gens qui, à travers le temps, avaient forgé l’accent du Sud Ouest ». Elle ajoute « dans ce cas précis, cela s’est fait de façon très informelle, j’ai eu l’occasion d’en parler autour de moi, et, d’un intérêt commun avec un réalisateur est né la documentaire Drôle d’accent».
Concernant le goût du public, il n’y a pas d’enquête d’opinion . Tiziana Cramerotti explique que « les retours que font sur le site Internet les téléspectateurs sont le plus souvent encourageants et enjoignent à continuer ainsi ».
France 3 Sud s’inscrit dans le projet du documentaire dès le départ, par un contrat de coproduction. « La chaîne participe à un échange éditorial avec le producteur et le réalisateur » renchérit Tiziana Cramerotti, avant de préciser que la part de la chaîne dans le budget total du film est de l’ordre de 25% en moyenne.
Interrogée sur les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy concernant le financement des chaînes publiques, elle répond qu’« en attendant plus de précisions, rien ne change » . Quant à sa conception de ce que doit être une télévision de qualité, elle affirme « une télévision attentive à la vie des citoyens dans leur quotidien, aussi bien dans leurs affaires de travail, de famille, d’amour, de connaissance mais aussi de repos et de loisirs. Une télévision qui sait prendre l’individu dans toutes ses composantes et qui est rigoureuse dans son travail ».

Graine d'espoir. Documentaire diffusé sur FR3

Les municipales doivent-elles être un enjeu national?

Chaque semaine, la rédaction d’Hautcourant ouvre et prolonge un débat sur un sujet qui fait l’actualité. Grâce à vos commentaires, vous pouvez aussi participer. Ce premier débat concerne la problématique des municipales : enjeu local ou national?

Comme lors des régionales 2004 remportées par la gauche, la question de la politisation nationale d’un scrutin local se pose. Deconfite après les échéances nationales de 2007, la gauche appelle de nouveau au vote sanction à l’encontre du président Sarkozy. La droite de son coté, troublée par la baisse dans les sondages du chef de l’Etat, veut relativiser et faire de ce scrutin, un vote uniquement local. Sa position était différente lorsque l’exécutif connaissait une cote de popularité plus élevée et que Nicolas Sarkozy lançait lui-même la campagne.

Un vote local avant tout, par Nicolas Chapelle

« Le vote municipal doit être local. Considérer qu’il s’agît d’un vote national équivaut à ramener la politique locale au rang de la gestion. C’est absurde, que l’on vive dans une grande ville, ou dans un village reculé. C’est nier l’existence de particularités locales. Évidemment, la construction stato-nationale française s’est faite sur le schéma d’un centre annexant une périphérie, et la république s’est construite avec pour seul mot d’ordre l’universalisme. Mais qui est dupe aujourd’hui?

Faire de ce vote une sanction nationale, c’est se dispenser du débat sur les enjeux locaux. Or, C’est en premier lieu au niveau local que se posent les questions du logement, de l’emploi, de la formation, de l’environnement, des transports, et au-delà : du cadre de vie.

Si l’enjeu de ce vote est national, alors, on considère que les instances locales sont strictement techniciennes. C’est à la fois irréaliste et dangereux. Irréaliste parce que c’est omettre les marges de manoeuvre des humains et groupe d’humains. Dangereux parce que les seuls états qui nient ces marges de manoeuvres sont les états totalitaires.

Nous avons dans un passé proche, constaté un vote local sanction de la politique nationale. En 2004, toutes les régions à l’exception de l’Alsace étaient passées à gauche. Que s’était-il passé ensuite? Une démission du premier ministre? Non. Une dissolution de l’Assemblée Nationale? Non plus. Un simple remaniement ministériel. Penser que l’on peut infléchir une politique nationale par un vote local c’est se perdre dans les méandres du système politico-administratif français. Le gouvernement n’est responsable ni devant les maires, ni devant les présidents de régions. Il l’est devant le parlement. Jusqu’à nouvel ordre, les deux se situent actuellement plutôt dans le même camp.

Enfin, jouer la carte du vote nationale dimanche, c’est nier la dynamique européenne. Les partenariats entre l’Europe, les régions, et les villes (ou intercommunalités) se multiplient, et se passent le plus souvent de l’échelon national. C’est d’ailleurs le poids de l’Etat en France qui freine ces partenariats par rapport à ce qui peut se passer en Espagne ou en Allemagne. »

Un enjeu national, par Julien Ginoux

 » Je m’engagerai parce que le concept même d’élections dépolitisées est absurde  » affirmait Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de presse, le mardi 8 janvier. Deux semaines plus tard, le 22 janvier en déplacement à Pau, face à la mauvaise tournure prise par les sondages et l’effritement de sa cote de popularité, le président déclarait  » je ne veux pas me mêler du détail des municipales « . Ce recul tactique a été approuvé par des maires UMP sortants, inquiets de voir que l’impopularité naissante du président allait polluer leur propre campagne.

Un an après la victoire de Nicolas Sarkozy et de la droite aux élections présidentielles et législatives, et comme il en a toujours été dans le passé, ces élections seront le premier grand test électoral. Souvenons-nous des trophées de la gauche aux municipales de 1977 préfigurant la victoire de François Mitterrand en 1981 ou de la déconvenue de cette même gauche en 1983.
Stratége politique oblige, on perçoit, depuis plusieurs semaines, la volonté du gouvernement et du président de ne pas donner une dimension nationale à ce scrutin local avant d’avoir connaissance des résultats. Elles seront politisées si la droite obtient une large majorité des maries. En revanche, en cas de revers, elles seront purement locales.

Le président de la République souhaite bénéficier sur le plan local de la même domination que sur la scène nationale. Ainsi, considérer les élections municipales comme un enjeu national, c’est aussi considérer l’importance des exécutifs locaux et de leur fonction de contre-pouvoir.

Certes, les élections de dimanche célèbrent les particularismes locaux et honorent les 36 782 communes de France. Elles permettent notamment dans les villages, l’instauration de débats contradictoires sur des thèmes qui font le quotidien des habitants. Mais les élections municipales ne peuvent être déconnectées des enjeux nationaux. Il est difficile de concevoir qu’une commune puisse être en mesure d’établir des politiques relatives au logement ou à l’emploi indépendamment des instances politiques nationales.

Et la constitution rappelle ce fait. La majorité des grands électeurs qui élisent les sénateurs sont des élus municipaux, ainsi le mode de scrutin de cette assemblée parlementaire donne une dimension nationale au scrutin municipal.

Documentaire et chaînes publiques

Si un « genre » de l’audiovisuel français peut s’interroger sur les nouveaux dispositifs en matière de financement des télévisions publiques, c’est le documentaire.

Olivier Mille, président de la commission d’aide à la création télévision Procirep, rappelle «le secteur public finance une part importante de la fiction et de l’animation et la totalité du documentaire» [[ Ecran Total n° 678, oct 2007]] L’apport des chaînes publiques dans le documentaire s’élève à 99,8 millions d’euros en 2006, soit un taux de financement de l’ordre de 45,2% [[Chiffres CNC]]
Le budget d’un documentaire de 52 minutes destiné à une chaîne hertzienne coûte en moyenne 150 000 euros . Dans ce budget, plusieurs acteurs interviennent selon un scénario très précis.
Scénario qui met en lumière la dépendance du documentaire envers la manne des chaînes publiques.
Pour financer un documentaire, trois acteurs sont indispensables : un diffuseur (dans ce cas les chaînes publiques), un producteur, et l’Etat (via le Cosip/CNC, compte de soutien à l’industrie des programmes audiovisuels) . Le Cosip, crée en 1986, est selon Didier Mauro, auteur de « Le documentaire, Cinéma et Télévision »[[ Le documentaire, Cinéma et télévision, éditions Dixit, Paris, 2003]] « le principal bailleur de fonds du documentaire » . Il est alimenté par une taxe sur la redevance et les recettes publicitaires des chaînes publiques et privées ainsi que sur les abonnements.

Un scénario précis

Lorsque qu’un documentariste a un projet destiné à être diffusé à la télévision, il peut espérer obtenir des aides à l’écriture via le CNC Centre National de la Cinématographie, la SCAM Société Civile des Auteurs Multimédias, les régions … .
Une fois ces aides obtenues (ou non, les dossiers sont nombreux), il doit trouver une société de production prête à s’investir afin de réunir les moyens nécessaires à la réalisation du film. Le producteur prépare alors avec l’auteur le dossier de présentation du projet .
Ce dossier est proposé aux chaînes de télévision en vue d’établir un contrat de diffusion ou de coproduction. Il sert ensuite à demander des financements aux institutions (Cosip, Procirep…). Le projet n’est éligible qu’une fois contractualisées les relations entre la société de production et la chaîne de télévision .
Les démarches visant à rechercher des financements complémentaires (aides de l’Union européenne, des collectivités territoriales, des ministères et musées, instituts de recherche, prévente de droits de diffusion etc.) ne seront elles déclenchées, qu’une fois établis les rapports entre le Cosip et la société de production.

Les règles du scénario

Les règles qui régissent ce scénario sont nombreuses . Elles portent sur le statut de l’œuvre audiovisuelle, sa définition, sa production, sa diffusion (les chaînes publiques ont une obligation de diffusion de 40 % d’oeuvres françaises et 60 % d’œuvres européennes). Certaines de ces règles sont aujourd’hui remises en question.
La commission Copé sur la « nouvelle télévision publique » a pour but de réfléchir à quatre grandes thématiques : le financement, les nouvelles technologies, la définition du futur contrat de service public et enfin la gouvernance d’entreprise, c’est-à-dire les rapports entre France Télévision et l’Etat. Une façon de mettre en route «l’une des plus grandes réformes accomplies» durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Sauf que la réforme de l’audiovisuel était, bien avant ces effets d’annonces, déjà en chemin.
En octobre dernier, le gouvernement reculait sur la procédure d’adoption du décret visant au renforcement des obligations d’investissement des diffuseurs dans les œuvres audiovisuelles. Ce décret, voté par le Parlement, précisait la notion d’oeuvre et le pourcentage des quotas leur revenant.
A peu près au même moment, Christine Albanel confiait une mission de concertation à David Kessler et Dominique Richard ayant pour but de réfléchir à l’évolution des décrets Tasca, au motif qu’ils seraient désormais inadaptés «à l’ère du numérique ». Décrets qui contraignent les chaînes à investir 16% de leur chiffre d’affaire dans la production audiovisuelle .
Ces discussions ont contribué à augmenter les tensions entre producteurs et diffuseurs.
Désaccords vites aplanis après l’intervention du 8 janvier de Nicolas Sarkozy . Muriel Roze, directrice des magazines et documentaires sur FR3, a résumé l’état actuel des choses, en commentant le projet de suppression de la publicité sur les chaînes publiques « Les producteurs sont forcément un peu inquiets, c’est évident, leur sort est très largement lié au nôtre ».

Ingrid Betancourt : le dangereux tapage médiatique

Depuis six ans, Ingrid Betancourt est détenue par les FARC dans la jungle colombienne. A priori, elle est une otage comme les autres, comme des milliers d’autres. Ses vieilles amitiés avec Dominique de Villepin ne lui sont d’aucun secours. Bien au contraire, il en a même fait l’otage la plus chère du monde !

Dominique de Villepin et Ingrid Betancourt se connaissent depuis plus de vingt-cinq ans. Alors qu’elle entreprend des études à Sciences Po Paris, elle se lie d’amitié avec son professeur. En février 2002, l’enlèvement de l’ex-sénatrice colombienne devient, en France, autant une affaire d’État que personnelle pour le futur Premier ministre. La presse hexagonale met en avant sa double nationalité Franco-Colombienne. Son premier mari est Français et Mélanie et Lorenzo sont nés de cette union mais Ingrid Betancourt a vite été emportée par les démons de la politique. Elle se croit alors un destin présidentiel en Colombie.

La sur-médiatisation de la séquestration, due en partie à Dominique de Villepin, nuit au processus de libération. D’autant qu’il est entaché d’une rocambolesque expédition d’agents qui ne sont pas restés secrets très longtemps… Surtout que ces coups de projecteurs répétés rejettent dans l‘ombre des milliers d’otages. Ils survivent, tant bien que mal dans la forêt vierge colombienne sans que personne n’en parle. L’une d’elles est même décédée dans l’anonymat. En France, personne ne connaît Aïda Duvaltier. Pourtant, cette Française a pris la place, dans les geôles de la guérilla, de son mari malade. Elle est morte en captivité dans l’indifférence la plus totale.

Coup de projecteur
sur les FARC

Aujourd’hui, la France estime qu’Alvaro Uribe, président Colombien, ne lève pas le petit doigt pour Ingrid Betancourt. Beaucoup pensent même qu’il veut écarter une opposante gênante. Argument non recevable car la candidate ne représentait que 0,3% des intensions de vote en 2002. Toutes les négociations entreprises par Bogota sont repoussées par les FARC devenues radicalement révolutionnaires. Ces groupes de terroristes usent de la prise d’otages et du trafic de drogue. Le moins que l’on puisse dire est que le Président Alvaro Uribe n’a pas la tâche facile d’autant qu’il subit une forte pression internationale.

Hugo Chavez et Nicolas Sarkozy donnent le tempo au cirque médiatique ; le premier se voit en libérateur de l’Amérique du Sud, en reprenant l’héritage de Simon Bolivar et Fidel Castro : le second surfe sur le tapage médiatique.

Parallèlement, à Bogota, certains responsables de la sécurité élèvent la voix pour alerter qu’une telle publicité faite autour d’Ingrid Betancourt ne peut que nuire à sa libération prochaine. Chaque action, chaque article, chaque manifestation, photo ou reportage contribuent en effet à faire grimper en flèche le montant de la rançon qui sera demandée un jour ou l’autre pour libérer l’otage. Les acteurs directs ou indirects de ce tapage médiatique en ont-ils une claire conscience ? La famille elle-même qui s’expose, ne pense-t-elle pas que son action pourrait être contre productive ? En effet, qui peut avoir la faiblesse de penser que les FARC céderaient à une telle pression ?

Et les journalistes dans cette affaire ? Quelle doit-être leur attitude ? Suivre l’information et la relater même au détriment d’Ingrid Betancourt ou se poser en conscience la question de savoir si leur attitude, outre le fait de mettre à la une les FARC, ne va pas à l’encontre des objectifs affichés ?

Éternelle question que soulève l’affaire Betancourt sans cependant apporter des éléments de réponse.

Acte premier de la politique de civilisation : la présomption de dangerosité.

La  » rétention de sûreté  » est un  » changement profond d’orientation de notre justice. […] Après un siècle, nous voyons réapparaître le spectre de  » l’homme dangereux  » des positivistes italiens Lombroso et Ferri, et la conception d’un appareil judiciaire voué à diagnostiquer et traiter la dangerosité pénale. On sait à quelles dérives funestes cette approche a conduit le système répressif des Etats totalitaires.  » (Robert Badinter, La prison après la peine, le Monde du 27/11/2007).

Le médecin Cesare Lombroso (1835-1909) représente la figure de proue de l’anthropologie criminelle. Cette science a connu son apogée à la fin du 19ème siècle. De nombreux médecins tentaient alors d’établir les différences anatomiques, physiologiques, psychologiques ou sociales entre les individus  » honnêtes  » et les délinquants.
Désormais, la tache appartiendra à une commission pluridisciplinaire composée de médecins, magistrats, préfets et responsables pénitentiaires. Le rôle de ce collège d’expert sera d’évaluer le  » degré de dangerosité  » d’un détenu ayant purgé sa peine. En fonction du diagnostic, les détenus pourront être placés en rétention dans des centres appelés « médico-socio-judiciaires », pour une période d’un an renouvelable indéfiniment, sur décision de justice.

Une incarcération ne dépendra plus exclusivement de l’acte qui a été commis. La dangerosité supposée d’un individu suffira.

Dès l’annonce du projet de loi instituant une rétention de sécurité trois organisations (GENEPI, SNEPAP-FSU, Syndicat de la magistrature) ont appelé les parlementaires à ne pas voter ce texte. Elles ont été rejointes par plus de 40 associations et syndicats.

Sans résultat. La loi sur la rétention de sûreté portée par la ministre de la Justice Rachida Datia, été publiée, mardi 26 février, au journal officiel. Certes, le conseil constitutionnel a partiellement censuré l’application de ce texte en refusant que la loi soit rétroactive. Néanmoins,  » les sages  » n’ont pas opéré de rupture avec les principes que développe ce texte. Plus exactement, les membres du conseil constitutionnel n’ont pas empêché que les principes affirmés dans la déclaration de 1789 soient rompus. Désormais, une incarcération ne dépendra plus exclusivement de l’acte qui a été commis. La dangerosité supposée d’un individu suffira.

 » On crée l’emprisonnement pour raisons de dangerosité, concept éminemment flou « 

Dans Le Monde daté du 24 février, l’ancien garde des sceaux Robert Badinter avait estimé que cette loi constituait « un tournant très grave de notre droit« . « On crée l’emprisonnement pour raisons de dangerosité, concept éminemment flou. Une personne sera enfermée, non plus pour les faits qu’elle a commis, mais pour ceux qu’elle pourrait commettre. On perd de vue l’un des fondements d’une société de liberté. On est emprisonné parce que l’on est responsable de ses actes. Nous passons d’une justice de responsabilité à une justice de sûreté. C’est un tournant très grave de notre droit. Les fondements de notre justice sont atteints. Que devient la présomption d’innocence, quand on est le présumé coupable potentiel d’un crime virtuel ? »

De son coté, le président de la république est lui aussi animé par un principe qui lui est cher.  » Le risque zéro. « . Les membres du gouvernement, dans leur stratégie de défense de la loi instituant la rétention de sûreté, évoquent les plus atroces faits divers de ces dernières années avec pour fer de lance, l’affaire Evrard. Ces tragiques événements alimentent naturellement le rêve d’une société sans risque. Or, le risque zéro n’existe pas. Dans un rapport d’information sur les mesures de sûreté concernant les personnes dangereuses (2006), les sénateurs Philippe Goujon et Charles Gautier indiquaient que  » s’il est indispensable de limiter le plus possible le risque de récidive, celui-ci ne peut être dans une société de droit, respectueuse des libertés individuelles, complètement éliminé « .

 » La vie en société est un risque, on l’assume ou pas « 

Gilles Sainati, vice-président du Syndicat de la magistrature, lors d’une conférence sur le thème de la sécurité le mardi 22 janvier à Montpellier avait également abondé dans ce sens :  » Le chiffre officiel des récidives en cas de libération conditionnelle est de 1%. La vie en société est un risque, on l’assume ou pas. On ne pourra pas aboutir à une société de risque zéro à mon sens. A moins de faire le choix d’une société où la notion de liberté est très limitée  »
Une idée reprise par les signataires de l’appel.  » Nous ne pouvons accepter un modèle de société qui sacrifie nos libertés au profit d’un objectif illusoire de  » risque zéro « . Selon eux, le fait de  » procéder à des enfermements préventifs, sur la base d’une présomption d’infraction future et dans une logique d’élimination s’apparente à une mort sociale « . Or, depuis 1981 la logique d’éliminer définitivement du corps social un individu a été abolie au profit de valeurs humanistes. Toutefois, si le sifflement du couperet des guillotines ne se fait plus entendre, certains détenus continuent d’attendre leur mort en prison.

Le service public pénitentiaire a pour objet, depuis la loi du 22 juin 1987, « de participer à l’exécution des décisions et sentences pénales et au maintien de la sécurité publique, et de favoriser la réinsertion sociale des personnes confiées par l’autorité judiciaire « . La loi sur la rétention de sûreté pose la question de la réinsertion des détenus en fin de peine.
Pourquoi attendre ? Ne faudrait-il pas se poser se concentrer sur la réinsertion des détenus dès leur condamnation ? Ne serait-il pas plus honorable de réfléchir à des peines qui tendent à placer l’individu au cœur de la société plutôt que de l’en exclure ?

Depuis l’abolition de la peine de mort en 1981, l’élimination, qu’elle soit physique ou sociale d’un criminel, n’existait plus. Sans distinction, la république relevait le défi de la réinsertion de tous les individus. La loi sur la rétention de sûreté balaie vulgairement cet héritage politique.
Sans doute, le premier acte de la politique de civilisation souhaitée par le chef de l’Etat.

Quels scénarios pour la création audiovisuelle ?

Suite à l’annonce de Nicolas Sarkozy relative à la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, les appréhensions des professionnels de la création sont nombreuses.



« Nous sommes inquiets » confiait Jacques Peskine, délégué général de l’union syndicale des producteurs audiovisuels (USPA), lors du festival international des programmes audiovisuels (FIPA) à Biarritz.
Un sentiment que la création de la commission instituée par Nicolas Sarkozy pour réfléchir à un nouvel audiovisuel public, n’est pas parvenue à éliminer. Jean-François Copé, son président, a été apostrophé le 20 février dernier sur France inter, au sujet des effets collatéraux de cette annonce. L’auditeur : un scénariste de téléfilm, lui précise «sachez que nous les créateurs, ressentons déjà les conséquences de cette déclaration (fuite de certains annonceurs). Dans quelle mesure pouvez-vous nous garantir la pérennité du financement ?». Dans sa réponse, Jean-François Copé s’est reporté aux propos de Nicolas Sarkozy selon lesquels il y aurait une compensation à l’euro près des pertes liées à la suppression de la publicité . «Une promesse qui n’engage que ceux qui y croient» commente le même jour à la radio Catherine Tasca, ancienne ministre de la culture et de la communication «nous connaissons l’état actuel des finances publiques, je ne crois pas un instant en la capacité d’installer durablement un volume équivalent».

La popularité de Nicolas Sarkozy est en berne. Les français semblent plus confiants en l’action de son premier ministre. C’est d’ailleurs à lui qu’a été adressé, le 23 janvier dernier, un courrier commun des organisations de l’audiovisuel et du cinéma.
Dans cette lettre, les auteurs admettent que « la philosophie (du projet de suppression) pourrait aller dans le bon sens » mais soulignent « le flou » des contours sur la compensation des ressources. Ils ajoutent « le service public joue un rôle essentiel dans la diversité et le dynamisme de la production française de fiction, de documentaire, d’animation et de spectacles vivants. Nous nous trouvons donc à un instant décisif de l’avenir de France Télévision et de la création audiovisuelle française ».

Qu’est-ce que cela signifie ?

Qu’en est-il des mécanismes qui rendent la création directement dépendante de la télévision publique ? Quel est le quotidien des professionnels de la création audiovisuelle ? Que pensent les spectateurs de cette réforme ? Qu’en pensent certains spécialistes ?

Une série d’articles pour répondre à ces questions

Les premiers, à travers l’exemple du documentaire, s’attacheront à présenter les étapes à suivre pour le financement de ce « genre » particulier (Documentaire et chaînes publiques) ainsi que le quotidien des acteurs stratégiques du film documentaire (Le documentariste, le producteur et le réalisateur).
Puis, une interrogation sur l’exception culturelle française servira d’introduction aux articles consacrés aux attentes du public (Télévision Publique, qu’en pense le public ?) ainsi qu’à celles de spécialistes ayant réfléchi dans leurs travaux à la télévision (Une autre télévision est possible, oui mais laquelle ?).

Dérapage (in)contrôlé

Rien ne va plus, les dés sont jetés. Le samedi 23 février est entré dans les annales comme le premier jour du reste de la vie politique de Nicolas Sarkozy.

Premier acte : quatre mots, prononcés devant caméra, qui prouvent que la rupture est bien entamée entre le président de la République et les Français. « Casse-toi, pauvre con ». Comme si, plus que de s’adresser au visiteur du Salon de l’agriculture qui venait de l’apostropher, le chef de l’État nous avait tous insulté. Vous, moi, nous. Un crime de lèse-citoyen difficile à digérer. Dans les heures qui suivent, c’est l’emballement. Un tollé national de premier plan, et pire encore, une surenchère dans tous les médias internationaux. À ce moment-là, Nicolas Sarkozy sait que son écart de langage peut lui coûter les municipales. L’échec dans quelques jours aux élections locales aurait alors un goût de défaite personnelle, lui qui leur a donné un enjeu national. Et il est déjà embourbé jusqu’aux épaules : chute constante de sa cote de popularité dans les sondages, aveu de son incapacité à régler le problème du pouvoir d’achat, effets d’annonces qui font « pschitt »… À force de s’afficher, il en a perdu toute crédibilité.

Excuses bidonnées

La bourde du Salon de l’agriculture, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Mais le président connaît la théorie des vases communicants, et sa rencontre à l’Élysée avec des lecteurs du Parisien-Aujourd’hui en France, lundi, arrive à point nommé pour rétablir un tir bien loupé. Deuxième acte : mardi matin, le journal paraît, avec comme titre à l’interview du président, une phrase qui ressemble à des excuses. « J’aurais mieux fait de ne pas lui répondre ». Ouf, Nicolas Sarkozy a repris ses esprits, rangé son orgueil de jeune coq pour enfin revêtir son costume de président et les responsabilités qui vont avec. L’espoir fait vivre, mais dans la matinée il a été tué par Dominique de Montvalon. Le directeur de la rédaction du Parisien a révélé que l’interview publiée n’était pas sincère : elle a été modifiée lors de la rituelle vérification par l’Élysée. En clair, cette phrase de remise en question, d’excuses envers les Français, ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui l’a prononcée, ce sont ses conseillers qui l’ont rajoutée. Les représentants politiques trichent, les médias suivent… La république est morte, vive la république !

Insatisfaction présidentielle autour de la loi sur la rétention de sûreté

Malgré la polémique provoquée par son annonce, la loi sur la rétention de sûreté a été publiée, mardi 26 février, au Journal officiel.

Signée lundi par le président de la République après avoir été partiellement censurée par le Conseil Constitutionnel jeudi, la loi sur la rétention de sûreté a été promulguée mardi 26 février. Des lieux d’enfermement à vie pour les criminels jugés dangereux seront donc créés.
Cette loi relative à « la rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental » compte 18 articles ainsi que la décision du Conseil constitutionnel.

Il est prévu l’ouverture de centres où les détenus les plus dangereux, auteurs de crimes avec circonstances aggravantes, pourront être enfermés à vie si ils sont toujours jugés dangereux au moment de l’expiration de leur peine de prison. Seuls sont concernés les criminels condamnés à 15 ans de prison et plus. Trois magistrats, réunis en commission, décideront le placement en rétention prévu pour un an et renouvelable indéfiniment.

Le Conseil Constitutionnel a refusé, jeudi, que la loi soit rétroactive. Saisie par les parlementaires socialistes, il a estimé que la rétention de sûreté « ne saurait être appliquée à des personnes condamnées avant la publication de la loi » ou « pour des faits commis antérieurement » à cette publication. De ce fait, la loi ne produira ses premiers effets que dans quinze ans, puisqu’ elle concerne les détenus condamnés à 15 ans de prison minimum.

Cette décision n’a pas été du goût de Nicolas Sarkozy et l’a amené, vendredi, à demander au premier président de la Cour de cassation, Vincent Lamanda, « de faire toutes les propositions » pour permettre « une application immédiate » de cette loi. Ce dernier « a accepté le principe d’une réflexion sur le problème de la récidive et de la protection des victimes mais il est bien évident qu’il n’est pas question de remettre en cause la décision du Conseil constitutionnel » a expliqué un chargé de mission de la Cour de cassation. Le chef de l’Etat lui a demandé, lundi, de lui adresser ses propositions dans les trois mois.
En plus du refus sur la rétroactivité, le Conseil Constitutionnel a pointé du doigt les soins apportés aux détenus. Il faudra vérifier que le condamné a pu bénéficié, pendant son incarcération, de la prise en charge et des soins adaptés au trouble de la personnalité dont il souffre.

Dans un entretien au journal Le Parisien-Aujourd’hui en France, publié mardi 26 février, Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté de rendre la loi rétroactive pour ne pas risquer de placer les criminels dans une situation d’inégalité. « On aura donc deux catégories de serial-violeurs : celui qui sera libre parce qu’il a été condamné juste avant la loi, et celui qui n’aura pas le droit de sortir parce qu’il a été condamné juste après, affirme-t-il. J’aimerais qu’on ne mette pas ce principe de la rétroactivité au service des criminels les plus dangereux ».

Selon un sondage Ifop pour Le Figaro, 80% des personnes interrogées approuvent la loi sur la rétention de sûreté. 64 % d’entre elles estiment qu’« il faut appliquer dès maintenant la rétention de sûreté à ces personnes pour éviter qu’elles récidivent ».