Rapport Attali : 316 propositions qui ont fait l’effet d’une bombe

La place de Paris le guettait depuis plusieurs semaines comme le lait sur le feu. Quelques fuites dans la presse (Le Figaro du 10 janvier), des chuchotements ça et là sur le contenu du rapport… Jacques Attali, iconoclaste président de la commission sur la libération de la croissance française, a finalement réussi à protéger son rapport avant sa remise officielle le 23 janvier entre les mains de Nicolas Sarkozy.

Démocratie en question

Lundi 4 février, le Parlement français va se réunir en congrès à Versailles afin d’homologuer la révision de la Constitution préalable à la ratification du traité européen de Lisbonne, signé par les 27 le 13 décembre 2007. Celle-ci pourra ensuite intervenir, sous la forme d’un projet de loi dont le vote est prévu le 7 février à l’Assemblée nationale, puis au Sénat.

Le sujet ne fait pas couler beaucoup d’encre tant le résultat semble connu d’avance. En première lecture dans les deux assemblées, ce projet de loi constitutionnelle avait largement reçu l’aval des députés et des sénateurs (304 pour, 77 contre et 100 abstentions le 16 janvier à l’Assemblée nationale, puis 210 pour, 48 contre et 62 abstentions deux semaines plus tard au Sénat.)europe.png
Les défenseurs du « oui », élus UMP et centristes principalement, ne devraient donc pas connaître trop de difficultés à réunir les 3/5 des suffrages exprimés, nécessaires à cette approbation d’autant plus que des divisions sont attendues chez les socialistes.

Volte face présidentielle

Le référendum de 2005, rejeté à 54,68% par le peuple français n’ayant pas eu le gain escompté par les partisans de cette Constitution, les Parlementaires doivent relancer le processus de construction européenne, comme l’a souhaité Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle.
Pourtant, le 9 mai 2004, le Président français, alors Ministre des finances, avait affirmé sa volonté de voir l’Europe se construire par le biais du peuple : « Si l’Europe reste la seule affaire des responsables politiques et économiques, sans devenir la grande affaire des peuples, reconnaissons que l’Europe sera, à plus ou moins brève échéance, vouée à l’échec. Bien sûr, l’Europe doit être au service des peuples, chacun peut le comprendre. Mais l’Europe ne peut se construire sans les peuples, parce que l’Europe, c’est le partage consenti d’une souveraineté et la souveraineté, c’est le peuple. À chaque grande étape de l’intégration Européenne, il faut donc solliciter l’avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple. Si nous croyons au projet Européen comme j’y crois, alors nous ne devons pas craindre la confrontation populaire. Si nous n’expliquons pas, si nous ne convainquons pas, alors comment s’étonner du fossé qui risque de s’amplifier chaque jour davantage entre la Communauté européenne et la communauté nationale ? »

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Baroud d’honneur des « nonistes »

Depuis, Nicolas Sarkozy a visiblement fait volte face. Il désire que la France, qui prendra la présidence de l’Union Européenne le 1 juillet, soit l’un des premiers Etat-membre à ratifier le Traité. Plus exactement, la France deviendrait le quatrième pays à l’adopter, après la Hongrie, la Slovénie et Malte. Seule l’Irlande, contrainte par sa Constitution, organisera un référendum. L’entrée en vigueur des nouvelles institutions est prévue le 1er janvier 2009.
Les partisans du « non » se sont mobilisés jusqu’au bout afin de défendre leur position. Le Comité pour un Référendum s’est ainsi réuni samedi 2 février à Paris. Au cours d’un meeting à la Halle Carpetier, Jean-Pierre Chevènement s’est insurgé contre ce procédé : « ils se moquent du peuple ». Un sondage CSA, paru dans l’Humanité du dimanche 3 février, montre que 59% des Français souhaitent un nouveau référendum alors que seulement 33% se sont déclarés favorables à la ratification de ce Traité.

PRISONS : en attendant la mort.

83 ans. C’est l’espérance de vie moyenne d’un homme en France. De 1900 à 2000, elle est passée de 40 à 78 ans. Et les conséquences sont multiples. Souvent relayées par démographes ou politiques, certaines sont parfois insoupçonnées. Si les agences de voyage célèbrent le bien-être de la génération des papy-boomers, pour une fraction de la population, l’allongement de l’espérance de vie ne rime pas avec bien-être mais avec souffrances.

Invisibles. Les détenus sexagénaires sont de plus en plus nombreux. Au 1er octobre 2005, les prisons françaises comptaient 2013 incarcérés âgés de plus de 60 ans, dont 411 avaient plus de 70 ans. Un chiffre en augmentation, notamment en raison de l’allongement des sanctions depuis l’abolition de la peine de mort en 1981. L’Observatoire International des Prisons par l’intermédiaire de deux rapports en cinq ans s’est penché sur les évolutions démographiques au sein des établissements pénitentiaires. L’OIP dévoile « une souffrance cachée derrière les murs ». Cette nouvelle donne se heurte à la vétusté des prisons. Les détenus âgés parlent peu de la mort. Leur souffrance est masquée. Peu nombreux à se suicider à cet âge-là, les personnes âgées incarcérées sont davantage dans le syndrome de glissement.

« C’est mes maudits genoux et cette foutue pluie Lorraine »

Maison d’arrêt de Metz-Queuleu. 17h, sous les néons qui peinent à compenser l’obscurité écrasante du couloir central, les détenus s’affairent à leurs occupations. La règle est simple, « il faut travailler pour gagner de quoi cantiner ». Le bruit des portes qui claquent et les verrouillages automatiques rythment le déplacement des incarcérés. Fred, 30 ans, et Jacques, 64 ans, allure frêle et fragile, ont pour mission d’acheminer « les gamelles » des cuisines au « Bloc B » où séjournent les détenus. Fred pousse le chariot pendant que Jacques ouvre les lourdes portes. A leur passage l’odeur de tabac froid s’efface et laisse place au parfum du menu du soir. « Ce soir c’est choucroute les gars, Alsace en force ! » annonce Fred. Un peu plus loin, stoppé net par trois marches d’escalier, Luc, 59 ans, reprend des forces. Armé de sa canne, il exprime sa souffrance « c’est mes maudits genoux et cette foutue pluie Lorraine, c’est pas bon pour mes rhumatismes ». Philosophe ou réaliste il enchaine, « de toute façon, ici, c’est bien le seul endroit où je ne suis pas pressé. »

Vieillir et mourir en prison, Dedans-Dehors (n°46), OIP

INTERVIEW : Marcel, 67 ans a purgé une peine de 16 ans de prison. Les trois dernières années, il était incarcéré à la maison d’arrêt de Metz-Queuleu. Il a retrouvé la liberté en Juillet 2007.

Quel regard portez-vous sur vos seize ans d’incarcération ?
Etrangement, ce n’est pas la solitude ou la privation de liberté qui m’a le plus fait souffrir. On s’habitue à tout. Ce qui m’a le plus peiné c’est de ne pas pouvoir être au sein de ma famille durant des périodes douloureuses. Ne pas pouvoir assister à l’enterrement de ma mère m’a beaucoup peiné. La prison n’est pas différente de dehors sur un point. Si on garde le moral, la vie y est plus facile.

Comment vivez-vous votre réinsertion notamment au regard de votre âge ?
J’ai une chance que beaucoup d’autres détenus de mon âge n’ont pas. Mon épouse et ma fille ne m’ont pas quitté. Ce qui change tout. Non seulement en prison car je gardais le moral et j’avais des visites qui m’apportaient beaucoup de joie, mais aussi à l’extérieur. Je n’ai pas eu à me « réadapter à la vie » tout seul ; j’ai pu prendre le temps. Beaucoup de choses ont changé et à mon âge, il faut du temps pour comprendre. Internet, les portables, la carte vitale, tout ça je ne connais pas, moi !

« A la sortie on est plus seul qu’un mort. »

Que pensez-vous du fait que de plus en plus de détenus ont plus de 60 ans ?
La prison n’est pas faite pour accueillir ce public. Physiquement, c’est dur. Les portes sont lourdes, il fait froid, c’est bruyant, on s’ankylose, etc. Les services de soins ne sont pas à la hauteur des pathologies du troisième âge. Moralement, chaque année qui passe est de plus en plus souffrance. On perd espoir de revivre pleinement un jour surtout si, comme c’est souvent le cas, la famille n’est pas présente ou disparaît subitement. Du coup, à la sortie on est plus seul qu’un mort.

A lire sur le même thème : « Un détenu en prison coûte six fois moins cher qu’un malade dans un hôpital psychiatrique »

Nucléaire, mon amour

S’il est un homme pressé, Nicolas Sarkozy n’en oublie pas ses priorités. Au terme d’une visite officielle de 36h en Inde à but « politique » les 25 et 26 Janvier derniers, le « routard » du gouvernement français ne rentre pas les mains vides. 100 millions d’euros de contrats dans le secteur de l’eau pour Suez ainsi que la priorité du marché de la modernisation des Mirage 2000 indiens. Et la cerise : un accord « de coopération dans le secteur du nucléaire civil ».

Le Nu-clé-aire. Sujet ô combien favori du chef de l’état qui qualifiait ce dossier comme un des «enjeux essentiels» de sa visite, dans un entretien accordé vendredi au quotidien Hindustan Times. Après la Libye, l’Algérie et les Emirats Arabes Unis, les pions du lobby nucléaire français s’emparent de l’Inde. Car avec 9% de croissance annuelle, elle représente un « eldorado » pour l’industrie atomique qui est, à ce jour, la seule énergie de substitution au charbon et au pétrole développées par les pays industrialisés.

Alors la concurrence est rude. Les Etats-Unis sont déjà dans la course par un accord similaire conclu avec l’Inde en 2005. Très présente dans l’atome civil indien, la Russie y voit également un débouché pour son industrie en pleine croissance.
Mais la coopération voulue par Paris dans le secteur de l’énergie nucléaire civile reste suspendue à la signature d’un accord entre New Delhi, qui détient la bombe atomique et n’a pas signé le traité de non-prolifération (TNP), et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Qu’importe, Sarkozy a promis que «la France serait l’avocate de l’Inde pour l’accès au nucléaire civil» . Présenté comme un transfert de technologie « propre », le modèle nucléaire français joue du réchauffement climatique pour exporter des procédés trop récents pour être maîtrisés. Qu’adviendra t’il des déchets radioactifs, thermiques et chimiques dont on reporte la responsabilité sur les générations futures ? C’est une autre conception du développement durable.

Thréard – Plenel : Menaces sur la presse à l’heure du sarkozysme

Jeudi 17 janvier. Faculté de Montpellier, l’amphithéâtre est plein. A la tribune : Yves Thréard, directeur adjoint du Figaro, Edwy Plenel, de MediaPart et Paul-Henri Antonmattei, doyen de l’Université de Droit, modérateur du débat. Face à eux : près de cinq cents spectateurs, des étudiants, des professeurs, des gens intéressés par l’avenir des medias et plusieurs responsables de la presse locale (Midi Libre, Montpellier Plus, La Gazette de Montpellier, l’Agglorieuse) venus parler de « la liberté de l’information en France ». Le débat est ouvert. Les deux figures de la presse évoquent les problématiques qui pèsent sur la presse française au titre desquelles l’enjeu de l’indépendance, politique et économique, et la concentration des titres. Toutes les menaces qui pèsent sur la liberté de la presse, introduites par le doyen dans son cadre juridique, sont égrenées.

La presse et les « capitaines d’industries » : « Une presse de gouvernement »

« Par la logique de capitalisme oligarchique, débute Edwy Plenel, l’ensemble du poumon médiatique en France est dirigé par des personnes qui ont d’autres intérêts que les médias et des liens personnels avec l’homme le plus puissant de France. Aux journalistes de se battre, même si les contenus finissent toujours par être atteints ». Et d’expliquer à ses auditeurs qu’il considère que les journalistes sont dépositaires d’une responsabilité « qui vous concerne ». Même si la personnalisation de la politique entraîne le nivellement par le bas du débat démocratique. « La France est, du point de vue de la liberté démocratique et de la libre communication des idées, une démocratie de basse intensité ».

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L’information est ainsi biaisée par la proximité affichée des patrons de presse avec le pouvoir : Arnaud Lagardère, Serge Dassault, Bernard Arnault, Vincent Bolloré, etc. Selon le fondateur de Mediapart, Bolloré notamment, qui réoriente son groupe vers les medias (Direct 8, Direct soir, Matinplus) utiliserait ses journaux pour tenter de servir ses intérêts. Le co-propriétaire, avec le groupe Le Monde, du quotidien gratuit « Matin Plus » aurait, selon Edwy Plenel, dans un objectif commercial (fabrique du caoutchouc), influencé ses quotidiens pour promouvoir une visite anecdotique du président Camerounais Paul Biya en France. L’ancien directeur du Monde parle ainsi « de presse vénale, de gouvernement » : « ces mêmes intérêts profitent de la presse pour avoir un retour sur investissement. » Le principal problème est donc pour lui l’absence de pluralisme au sein d’une presse devenue dépendante d’une seule majorité politique.

Yves Thréard, même s’il ne nie pas le risque de collusion d’intérêts, défend quant à lui l’idée qu’à l’origine du problème, il y a le fait que la presse française soit sous-capitalisée et justifie les récents investissements des « capitaines d’industrie » sans lesquels la presse papier serait déjà morte. Parmi ces « tycoons », « Il existe trois types de patrons de presse : le type Robert Hersant (feu le patron du Figaro et France-Soir), « papivore » ; les médias maîtres comme Arnaud Lagardère ou François Pinault (propriétaire du Point) pour qui le lecteur est un consommateur et le patron de type politique, à l’ancienne comme Serge Dassault. »

De ce fait, le directeur adjoint de la rédaction du Figaro conteste l’idée de l’utilisation à des fins commerciales du quotidien par son propriétaire Serge Dassault, par ailleurs sénateur UMP de l’Essonne. Selon lui, , « il a un journal pour faire oeuvre de militantisme.» Mais le journaliste, qui rappelle la tradition bien française de presse d’opinion plutôt que d’information, dit se sentir libre à son poste, considérant que le problème de censure, qu’il ne connaît pas, tourne plutôt autour d’ « une affaire de sentiment d’absence de liberté ».

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Il n’empêche, Yves Thréard reconnaît sans peine que dans le contexte de l’effritement actuel du lectorat, les recettes de son journal, comme de beaucoup d’autres, restent garanties par la publicité. Et que la demande du lecteur elle, tend à être celle d’un consommateur d’infos people. Les rédactions, fragilisées, deviennent de plus en plus « pieds et poings liés » face aux annonceurs. Sans pub, pas d’argent. Et sans argent, pas de reportages au long cours, pas d’enquêtes fleuve.
Le responsable du Figaro se veut néanmoins optimiste: la situation ne serait pas si mauvaise pour la presse établie. Et il ne faudrait pas succomber aux sirènes du défaitisme, quelles que soient la crise et la défiance qui agitent aujourd’hui la presse. Et puis si la presse quotidienne nationale souffre, « la presse quotidienne régionale résiste mieux, tandis que la presse magazine, les « news », se portent bien ».

Thréard : « Sarkozy déteste les journalistes »

Dès la première question venant du public, un nom surgit. Un nom en sept lettres, toujours les mêmes: Sarkozy. Quelle influence? Quelles connivences? Quels liens avec les grands titres de la presse parisienne? Son rôle dans le big bang audiovisuel annoncé?
Edwy Plenel dénonce alors l’autocensure dont ont fait preuve les journalistes lors de la conférence de presse « spectacle » du Président de la République le 8 janvier dernier : « Il a parlé pendant une heure. La conférence a duré deux heures et sur 600 journalistes présents, seulement 13 questions ont été posées dont la moitié ne concernait pas la vie quotidienne des français mais la vie privée du président. »

Le directeur adjoint du Figaro semble tempérer : « Je ne pense pas que Nicolas Sarkozy soit plus censeur que ses prédécesseurs, qui l’étaient tout autant que lui », dit-il, pour mieux attaquer : « Je crois simplement que Nicolas Sarkozy, peut-être un peu plus que les autres, n’aime pas les journalistes. Et qu’on a du mal à l’accepter. » Silence dans l’amphithéâtre, Yves Thréard reprend: « Il déteste les journalistes », », lâche-t-il, avant d’ajouter: «Nous sommes des empêcheurs de tourner en rond, enfin j’espère».

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Le vecteur Internet, « ce qui sauve »

Le débat ouvert, les journalistes se font interpeller : des étudiants contestent. La virulence des propos vis à vis de la liberté de la presse, inexistante selon eux, bouscule les polémistes et Yves Thréard, révolté, s’emporte, récusant l’idée que les journalistes soient « tous des pourris ». « C’est grave pour nous parce que ça veut dire qu’on fait très mal notre métier ». Il enjoint par ailleurs le lecteur à faire la part des choses et ne pas se laisser dominer par l’information.

Pour sa part, Edwy Plenel, évoque Edgar Morin, sociologue et philosophe français : « là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ».

Presse gratuite, information périssable, puissance de la télévision, auto-critique journalistique inexistante ou insuffisante, tout y passe. Et on en vient inévitablement à Internet, où les projets éditoriaux (backchichinfo, Rue89, Mediapart) se multiplient. «Souffle nouveau de la presse», pour Yves Thréard, «outil qui devrait permettre la complexité de l’information» pour Edwy Plenel. Qui conclut: «Sur Internet, il n’y a pas de contrainte de place. Mais un enjeu: celui de la hiérarchie.» Et une quête : retrouver l’indépendance.

Le PCF et Sarkozy sur la même longueur d’ondes ?

Le fait est suffisamment rare pour être signalé. Dans la même journée, le 14 janvier 2007, la Parti Communiste Français a salué deux actions du gouvernement de Nicolas Sarkozy : l’adoption d’un moratoire sur la culture d’OGM en France et le retour annoncé à une police de proximité.

Le 14 janvier 2007 pourrait être marqué d’une pierre blanche. Le service de presse du PCF a communiqué deux réactions favorables à des initiatives du gouvernement Sarkozy. Sarko et les communistes d’accords, nul ne l’aurait imaginé tant la politique française repose sur la critique de l’adversaire. Donc lorsque le PCF s’exprime pour approuver l’adoption d’un moratoire sur la culture d’OGM en France et sur le retour de la police de proximité, même si ce n’est plus son appellation, on peut être étonnés. Etonnés par la décision du gouvernement de renouer avec un politique plutôt sociale en matière de police et de sécurité. Etonné encore par le faux-semblant d’un tournant écologique de Nicolas Sarkozy à propos des OGM résultant des négociations et conclusions du Grenelle de l’Environnement.

« Polprox ». Suite à l’annonce de la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie de « renouer avec une police proche des gens, des élus locaux, de la justice, de l’éducation nationale, des associations », le porte-parole du parti communiste Olivier Dartigolles s’est réjoui, comme une grande partie de la gauche, de ce retour à la police de proximité, aux îlotiers. Il appuie néanmoins là où ça fait mal, rappelant que ce terme de « police de proximité » était « décrié et accusé de tous les maux » par l’actuel président de la République et ancien ministre de l’Intérieur. Nicolas Sarkozy avait été le bourreau de la « polprox » lors de son accession à la Place Beauvau en 2002. Ainsi « le PCF se félicite de ce retour à la raison et que l’on satisfasse à la revendication des populations des quartiers populaires qui réclamaient le retour des policiers îlotiers, notamment en Seine-Saint-Denis » déclare cet enseignant de 37 ans. Il ajoute, rendant l’ancienne politique de sécurité du président de la République indirectement responsable des émeutes en banlieue, que « si la raison avait prévalu plus tôt, beaucoup d’évènement aurait certainement été évité. Avoir attendu cinq ans pour reconnaître l’évidence est une faute majeure pour celles et ceux qui se sont autoproclamés « les champions de la lutte contre l’insécurité »».

Cet aveu d’échec du gouvernement peut faire sourire le PCF, ancien membre de la « gauche plurielle » de Lionel Jospin qui avait lancé cette politique de police « proche des gens » dès 1997 sous le feu des critiques de l’ancienne opposition.

« OGM ils n’en veulent pas ». Au nom du principe de précaution, le gouvernement français a annoncé la prochaine adoption d’un moratoire sur les OGM, suspendant l’unique variété OGM cultivée en France (le maïs MON810). Le PCF s’en félicite et espère que cette décision n’est qu’une première étape. « Le PCF se félicite de la décision du gouvernement d’instaurer un moratoire sur la culture d’OGM en France. Au vu de l’importance des risques sur la santé et l’environnement des OGM, au vu de l’absence d’évaluation de ces risques, tant la recherche publique en la matière est pauvre, tout justifiait la nécessité de stopper des productions à l’intérêt agricole plus qu’incertain. Cette avancée devrait évidemment en appeler d’autres » peut on lire sur le site Internet du parti.
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Un parti communiste sur la même longueur d’onde que le président honni ! L’affaire semble surprenante au vu de la réaction de la majorité présidentielle sur le sujet. Elle accuse Nicolas Sarkozy d’avoir « cédé aux lobbyistes anti-OGM », remet en cause la légitimité de la Haute autorité provisoire sur les OGM et commence à se diviser face au Grenelle de l’environnement. Les députés UMP rappellent également les considérations économiques des OGM au dépit des considérations « sanitaires ». « C’est un très mauvais coup porté à notre économie et un formidable cadeau fait aux Américains » selon Marc Laffineur, député UMP de Maine-et-Loire.
Face à ces désaccords au sein de la droite au sujet de cette décision politique, le PCF réclame plus et « rappelle sa position très claire à ce sujet : nous demandons un moratoire sur la culture d’OGM, alors que les recherches en milieu confiné doivent pouvoir se poursuivre dans les meilleurs conditions. Ainsi, l’investissement annoncé en parallèle par le gouvernement dans la recherche en biotechnologies devrait profiter à la seule recherche publique, indépendante des grands groupes comme Monsanto. »

Autant le retour de la police de proximité semble faire consensus dans le paysage politique hexagonal, autant le moratoire sur les OGM semble faire plus d’heureux dans l’opposition que dans la majorité. Alors un PCF qui salue l’action de Sarkozy, et plutôt deux fois qu’une : le fait est suffisamment anecdotique pour être signalé.