Première condamnation des rebelles du RUF en Sierra Leone

Trois leaders du Front Révolutionnaire Uni (RUF) ont été condamnés à une peine allant de 25 à 52 ans de prison pour crimes de guerre. Cette annonce a été faite mercredi 7 avril à Lagos, par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL).

Le Front Révolutionnaire Uni

Le Font Révolutionnaire Uni, également appelé RUF en anglais, est un ancien groupe rebelle sierra-léonais, devenu célèbre avec le film « Blood Diamond » d’Edward Zwick et pour les atrocités perpétrées lors de la guerre civile de 1991 à 2002.

Fondé par Foday Sankoh, à la fin des années 1980, après son séjour dans les camps d’entraînement du colonel Mouammar Kadhafi en Lybie. Foday Sankoh entre dans la lignée des « idées révolutionnaires du colonnel Kadhafi ».

Tout commence lorsqu’il rencontre Charles Taylor dans les camps libyens. Les deux hommes décident de contrôler les zones diamantifères du pays. Le RUF attaque alors deux villages, le 23 mars 1991 avec une centaine d’hommes.

Le RUF mène alors une politique de terreur afin d’empêcher la population de se soulever. Mutilations, viols, mutilations dites « manches courtes ou manches longues », pillages, meurtres,…. La Sierra Leone a vécu dans le chaos durant onze années durant lesquelles la population a vécu dans la terreur et le sang.

Le rap d’enfants était une pratique plus que courante, ils étaient les principaux soldats du RUF. Enrôlés, dès l’âge de sept/huit ans, certains étaient amenés à tuer leur parents et connaissances pour ne pas être tentés de retourner « à la maison ». Drogués dès leur enrôlement et contrôlés par une soi disant « camaraderie ». Sept ans après la guerre, ces enfants ont du mal à reprendre pied car déshumanisés et meurtris.

Charles Taylor, le cerveau

Lors de son procès, Charles Taylors, instigateur de la guerre civile, qui a tué plus de 120 000 personnes et mutilé des dizaines de milliers d’hommes, d’enfants et de femmes, prend des notes et guide son avocat.

Devant répondre de onze chefs d’accusations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité et particulièrement de meurtre, torture, viol, enrôlement d’enfants soldats et recours au travail forcé.

Premier ex-chef d’Etat africain à comparaître pour crime contre l’humanité devant la justice internationale, Charles Taylor a orchestré la rébellion depuis le Libéra voisin, où il a été président de 1997 à 2003. De nombreux témoins présents à son procès ont pu attester de sa responsabilité durant la guerre.

L’un des avocats de Taylor a demandé aux juges l’acquittement pour faute de preuves, ce mercredi. Mais la réponse n’a pas encore été donnée par les magistrats. Si la réponse s’avère être négative, la défense devra trouver une autre stratégie que les mensonges des témoins.

Mais, la mort de Foday Sankoh dit « le sanguinaire » en 2003, laisse un goût amer dans la bouche, car il allait comparaître devant le Tribunal pénal international (TPI) pour ses crimes. Principal responsable des exactions du RUF et de la guerre civile de Sierra Leone, il aurait été condamné mais pas jugé.

Les trois leaders en prison

Les trois anciens dirigeants du RUF, Issa Sesay, Morris Kallon et Augustine Gbao ont été reconnus coupables, en février 2009, de crimes guerre et de crimes contre l’humanité pendant la guerre civile. A cela s’ajoutent le meurtre, le viol et l’enrôlement d’enfants soldats.

A l’écoute de leur condamnation, les trois hommes sont apparus abasourdis. Ils avaient plaidé non coupable face aux accusations.

Issa Sesay a été condamné à 693 années d’emprisonnement cumulées pour les 16 chefs d’inculpation à son encontre, il passera au maximum 52 ans en prison. Son acolyte, Morris Kallon, âgé de 45 ans est l’ancien commandant des RUF et « acteur clef du régime » selon les juges, restera 40 ans en prison. Et Augustine Gbao, condamné à 25 ans de prison, a été présenté aux juges comme l’idéologue du mouvement.

Jeremy Wayser, porte-parole du procureur du tribunal spécial pour la Sierra Léone a déclaré « La décision du juge honore les victimes et les milliers de femmes, d’hommes et d’enfants de Sierra Leone qui ont souffert en raison des actes et des décisions de ces individus ».

Entre guerres et conflits d’intérêts, les diamants rapportent gros

Derrière l’image de pureté et d’amour que renvoie le diamant, s’est longtemps caché le sang et l’horreur. 16 pays africains produisent 60% des diamants dans le monde, ce qui fait de ce continent le premier producteur mondial de pierres précieuses. Il faut distinguer les diamants du sang ou diamants « sales » issus d’un trafic illicite, du commerce légitime faisant l’objet d’un contrôle et qui participe à la prospérité et au développement de certains pays d’Afrique.

La guerre financée par les diamants

Trois pays africains en particulier ont été le théâtre de ce commerce sans fois ni loi durant la décennie 90, l’Angola, la Sierra Leone et la République démocratique du Congo. Le trafic de diamant aurait débuté en Angola avec l’União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA), groupe rebel désireux de prendre le tête du pays. Le trafic leur permettait d’acheter des armes et de continuer par la même les conflits. Entre 1992 et 1998, le commerce illégal de ces pierres précieuses aurait permis à l’UNITA de gagner plusieurs milliards de Dollars. Cet exemple a été suivi par d’autres milices armées en Afrique. Ainsi, le Revolutionary United Front (RUF) a sévi de manière similaire durant la guerre civile en Sierra Leone entre 1991 à 2002. Les diamants du fait de leur petite taille, sont facilement transportables et représentent des sommes considérables. Dès lors qu’ils ont été introduits dans le marché, leur origine est difficile à détecter et, une fois polis, ne peuvent plus être identifiés. Dans ces conflits, des populations entières ont été mutilées, massacrées, les femmes violées, de nombreux enfants enrôlés dans les groupes armés, etc.
Un  soldat de l'UNITA recruté à l'âde de 11 ans

2003, le Processus de Kimberley dit stop

En 1999, la communauté internationale décide d’agir. Ceci abouti à la signature le 1er janvier 2003 du Processus de Kimberley (PK) qui regroupe des gouvernements, des ONG, des industriels et compte aujourd’hui 89 membres. Son rôle est de contrôler le marché des diamants. L’importation et l’exportation de diamants font l’objet de contrôles de la part des gouvernements. Les acteurs commerciaux, quant à eux, doivent définir une « chaîne de garanties » pour faire en sorte que tous les diamants mis sur le marché aient bien une origine légitime. L’objectif est de « nettoyer » le commerce licite des diamants « sales ». Les résultats semblent probants puisque à l’occasion de l’assemblée générale du Processus de Kimberley en décembre dernier à Bruxelles, les rapports présentés faisaient état d’une baisse de 20% à 2% du trafic illégal de diamants dans le monde.

Anvers, plus grand marché mondial de vente et d’achat de diamants

Même si les conflits armés en Angola et en Sierra Leone se sont calmés, la lutte contre le trafic de diamant est loin d’être terminée. D’autant plus que de « vieux démons » viennent de ressurgir récemment. Fin janvier, quatre sociétés belges de vente et d’achat de diamants, basées à Anvers, sont accusées de trafic illicite de diamants en provenance d’Angola. Elles devront répondre de ces accusations d’ici septembre 2008. L’opération d’achat des diamants aurait eu lieu en 2002, avant la signature de l’accord de cessez-le-feu entre le gouvernement angolais et l’UNITA. La justice belge parle d’une valeur totale de 60 millions de dollars. Il faut savoir que c’est à Anvers qu’est situé le plus grand marché mondial de vente et d’achat de diamants pour un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros par an.

Conflits d’intérêts

En 2000, suite au rapport de l’ONG « Global Witness », l’Union Européenne reconnait les trafics illégaux et leurs liens avec les conflits. Depuis 20007, c’est elle qui préside le PK. Aujourd’hui, même si le trafic de diamant ne participe plus, du moins directement aux financements de conflits armés, l’organisation doit se préoccuper du problème dans Un film qui dérangeson ensemble. Des cas d’entorse aux règles de contrôle ont été constatés l’an dernier au Brésil et au Venezuela. Il s’agit d’un problème mondial. Il faut également faire face aux conflits d’intérêts qui oppposent les industries du diamant aux ONG. Les premiers veulent éviter le tapage médiatique qui pourrait déprécier l’image de la pierre précieuse auprès des consommateurs. Les seconds ne veulent pas, sous prétexte qu’il n’y a plus d’armes, que la lutte ne se fasse désormais qu’au niveau bureaucratique. Sorti en janvier 2007, le film d’Edward Zwick « Blood Diamond », a fait beaucoup de bruit en dénonçant ce dilemme économico-politique. Depuis la sortie du film, les ventes de diamants ne semblent pas avoir bougé. Mais le vrai problème serait plutôt de savoir si les mentalités, elles, ont évolué.