A la recherche de la nouvelle star

« Nous sommes à la recherche de nouveaux talents » explique Michel Marfaing, responsable sportif de la formation du Stade Toulousain. «130 jeunes entre 14 et 20 ans ont été sélectionnés dans la région et dans toute la France. On a même un candidat qui nous vient de Bruxelles. À la fin de la journée, on en gardera entre 30 et 40 qui alimenteront les équipes de jeunes du Stade».

En cette fin de matinée, les ateliers techniques s’achèvent sous la pluie. L’après-midi, réservée aux matchs, à la confrontation, au terrain, au jeu, sera plus clémente. Quelques coins d’éclaircie illumineront les percées des ailiers. La pelouse humide et la terre boueuse accueilleront avec délectation les plaquages des avants.

« Une chance de pouvoir évoluer au haut niveau »

Il y a les héros locaux, ceux qui viennent tenter leur chance d’approcher leurs idoles. Comme Benjamin, 16 ans, licencié à Villefranche-de-Lauragais: «Je n’ai pas trouvé les ateliers très durs». Et répond modestement: «J’évolue déjà en sélection Midi-Pyrénées. Je suis venu là car le Stade Toulousain m’a appelé». Pour Brigitte, la maman, «cette journée leur donne surtout la chance de pouvoir évoluer à un autre niveau».
Puis, il y a ceux qui viennent de loin, par passion. Comme Romain, 15 ans, qui a fait le déplacement depuis Paris. Licencié au PUC, le mythique club du stade Charléty, également en lice pour le titre de champion de France dans sa catégorie, ce deuxième ligne a trouvé «plutôt facile les épreuves techniques. C’est ce que j’ai l’habitude de faire en club. Même si la pluie a rendu difficile certains entraînements». Muriel, sa maman, l’a accompagné: «Le rugby est sa passion. Son objectif est d’atteindre un pôle espoir. À Toulouse, c’est la chance de se faire remarquer par l’un des tout meilleurs clubs français».

En cette fin de matinée pluvieuse, les jeunes se testent à la musculation. Des barres de traction ont été installées sous les travées du stade Ernest Wallon. Une dizaine de marches les séparent de la pelouse du Stade Toulousain. Quelques aficionados tentent une montée vers les gradins. Avec succès. Car au centre du terrain, un certain Fred Michalak s’essaye aux chandelles. Une ouverture qui leur permettra peut-être, demain, de côtoyer les étoiles du rugby français.

« Ce qu’il y a de formidable dans le rugby, c’est qu’on est capable de se remettre en question »

Interview de Serge Blanco, président de la Ligue Nationale de Rugby et ancien capitaine du XV de France. A la veille des demi-finales du Top 14, le « Pelé du rugby » nous livre ses attentes pour les phases finales, ses impressions sur la saison en dent de scie de Biarritz et sur les bagarres qui ont entachées le championnat cette saison.

Etes-vous satisfait de ces affiches pour les demi-finales du Top 14 ? (Clermont-Perpignan et Toulouse-Paris)

Serge Blanco : Les demi-finales récompensent les quatre meilleures équipes de la saison. On est toujours satisfait dans la mesure où si les équipes sont qualifiées, cela veut dire qu’elles le méritent. Etant donné la longueur de la compétition, il n’y a pas photo !

Vous êtes forcément un peu déçu de la saison en demi-teinte du Biarritz Olympique ?

Non pas du tout parce qu’ils ne méritent pas et quand on ne mérite pas, il n’y a aucune raison d’être déçu. Ce qu’il y a de formidable dans le rugby, c’est qu’on est capable de se remettre en question, donc j’espère que Biarritz le fera.

C’est une saison charnière pour eux puisque Serge Betsen et Patrice Lagisquet vont quitter le club ?

Oui, je pense que c’est la vie normale d’un club, dans la mesure où il faut qu’il y ait du changement. Aujourd’hui on arrive à la fin d’un cycle, Patrice Lagisquet a fait dix ans à la tête du B.O., Serge Betsen le quitte et change d’air puisqu’il va jouer en Angleterre. Cela fait partie de ce qui se fait au niveau du sport, il y a des remises en question. Le B.O. a vécu avec et ils vivront sans.

«Cette saison n’a pas été la meilleure au niveau du jeu»

L’ASM Clermont Auvergne a la réputation de toujours perdre en finale…

…Ce n’est pas une réputation, ils perdent toujours en finale! C’est juste une constatation.

Pensez-vous que cette année sera l’année de l’ASM ?

Je leur souhaite, parce que déjà pour le rugby ce serait très bien qu’il y ait un nouveau champion. Et ce serait très bien aussi pour eux parce que j’ai bien peur que s’ils échouent encore une fois à ce stade-là, ils risquent de se décourager.
Sur les deux dernières saisons, le champion a toujours été celui qui a été premier durant la première phase, donc espérons que cela va se mettre en place, jamais deux sans trois comme on dit.
Serge Blanco a fait les beaux jours de l'équipe de France entre 1980 et 1992
Un pronostic pour la finale ?

Non, tout ce que je souhaite, c’est que les demi-finales et la finale soient des matchs exceptionnels, et marquent de leur empreinte cette saison, qui à mon sens n’a pas été forcément l’une des meilleurs au niveau du jeu. Mais on sait aussi qu’après une coupe du monde, pour enchainer une saison, c’est très difficile.

«Il faut arrêter de propager de fausses rumeurs!»

Les supporters des clubs en demi-finale se plaignent souvent de ne pas avoir assez de places réservées dans les stades (ex : 11 000 places pour Clermont et Perpignan qui joueront leur demi-finale au Vélodrome, stade de 60 000) Pourquoi les clubs n’ont droit qu’à si peu de places ?

D’abord, c’est faux ce que vous dites. Aujourd’hui, sur les 11 000 places prévues pour Perpignan, ils nous en ont renvoyé 1 000. Et Clermont-Ferrand nous a renvoyé 1500 places. Donc j’aimerais bien qu’on me dise le pourquoi du comment. Il faut arrêter de propager des fausses rumeurs!

La saison a été entachée par beaucoup de bagarres en Top 14 et surtout en Pro D2. Comment expliquez-vous cela ?

Cela fait partie du rugby, il ne faudrait pas que ça se renouvelle. Il faut qu’on fasse en sorte que les joueurs comprennent qu’ils ne doivent pas se laisser aller aussi facilement. Parfois, on ne sait pas pourquoi. L’air du temps peut-être. Après je pense aussi que les joueurs le regrettent puisque les sanctions sont quand même très sévères.
Je crois que la saison prochaine permettra d’aller vers quelque chose de différent.

Suivez-vous le championnat d’Europe de Football ? Quel est votre avis sur la déroute française ?

Oui, un petit peu. Bien sur c’est toujours décevant, sauf que cela fait X temps que l’on joue comme ça. Ce n’est pas une surprise. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il faut être déçu, il fallait le prévoir avant.