Le long chemin des étrangers vers la France

Pour respecter la loi française, les étrangers qui souhaitent résider en France doivent se rendre en préfecture. Ce qui les attend, c’est beaucoup de dossiers à remplir, de rendez-vous à prendre, de temps d’attente. Tout cela leur apprend la qualité administrative française. Reportage.

La fusion, exercice réussi en Alsace

Pendant que Montpellier s’évertue à combiner projets d’excellence et rapprochement des facultés, à Strasbourg, qui concourt également pour l’Initiative d’Excellence, la fusion est déjà en marche. Jean-François Clerc, journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace et spécialiste des questions scolaires, fait le point sur la situation.

Haut Courant : Comment s’est déroulé le processus de fusion des universités à Strasbourg ?

Jean-François Clerc : C’est un travail long et fastidieux, il y a 42 000 étudiants à Strasbourg. Mais il est communément accepté en Alsace. Cela parce qu’il découle d’un travail continu depuis des années, ça fait 20 ans qu’on parle de fusion. Aussi puisqu’elle est historiquement justifiée, jusqu’en 1968, il n’y avait qu’une université.

Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Elles sont principalement administratives, c’est une grande reconstruction. Il faut repenser, retravailler ensemble, il y a plus de 300 spécialisations, en comptant les masters et toutes les formations. Avec les nouveaux arrivants, chaque année, beaucoup de choses sont à refaire. Il faudra dix ans au moins.

Quelles sont les spécificités de l’université strasbourgeoise ?

Le point fort actuellement est la chimie. À terme, je pense que chaque université choisira sa spécificité pour exister. Dans cette optique, l’université strasbourgeoise va développer un projet d’excellence autour du thème de la religion. La localisation constitue également un atout, il y a une politique d’alliance avec les universités du Haut-Rhin en Allemagne.

La fusion des universités montpelliéraines reportée !

Quand en novembre dernier, la présidente de l’Université Montpellier 3 avait renoncé à poursuivre le dossier de candidature pour l’initiative d’excellence (idEx), on avait compris la difficulté à faire travailler ensemble les trois universités montpelliéraines. Si l’échéance de ce dossier est retardée jusqu’à mi janvier, il y a en revanche une conséquence certaine : le planning de fusion des établissements ne sera pas tenu. C’est ce qu’a confié Philippe Augé, président de l’UM1, le 14 décembre au site Hautcourant.

Haut courant : On parle aujourd’hui de plan campus et d’initiative d’excellence (idEx). Quelles sont les difficultés ?

Philippe Augé : Sur le fond, s’il y a des blocages sur la fusion, c’est parce qu’il y a deux grandes conceptions. Une fusion autour d’un grand établissement, qui est une forme juridique particulière et dérogatoire. Et d’autre part, la fusion dans un modèle d’université unique comme nous le connaissons aujourd’hui, régit par la loi LRU avec toutes les garanties d’accès au diplôme. La structure de gouvernance est un problème majeur. Mais il y a peut-être aussi aujourd’hui une crainte de certaines disciplines, notamment des lettres et sciences humaines, que la fusion ne les relègue au second plan ou soit synonyme de pertes de postes.

Qu’en est-il de la fusion ?

Le problème, c’est que le débat sur la mise en place de l’idEx est venu interférer dans le processus de fusion. Nous avions déjà des difficultés à trouver une structure de gouvernance commune. Il faut en plus créer une structure pour l’idEx. La ministre (Valérie Pécresse) nous a conseillé de différer dans le temps cette logique de fusion. C’est en effet un travail complexe, difficile à mettre en œuvre. Les sites qui s’y sont engagés en témoignent : à Strasbourg, le processus amenant à la fusion a duré sept ans, plus de quatre ans pour Aix-Marseille.

La date annoncée du 1er janvier 2012 pour la fusion est donc reportée ?

Cette date du 1er janvier 2012 officiellement reste comme telle. Simplement, lors des récents entretiens, la ministre a elle-même reconnu qu’il valait mieux la différer. C’est un travail relativement long. La fusion doit rester un idéal. Je pense qu’aujourd’hui il faut que nous déposions le projet d’idEx. Nous reprendrons le travail de fusion à compter de 2011. Le 1er janvier 2012 c’est peut-être effectivement une date trop proche pour y arriver. Mais néanmoins l’objectif de fusion pour fin 2012 ou début 2013 doit rester d’actualité.

Malgré les difficultés, vous voulez continuer à porter ce projet ?

Pour Montpellier I, l’idée est très claire. La fusion est un objectif sur la base duquel mon équipe a été élue. Nous n’allons pas abandonner. Pour d’autres universités qui sont arrivées après l’engagement de fusion cela peut-être différent. Mais pour Montpellier I c’est un objectif à tenir. C’est fondamental en terme de lisibilité du site et de rationalité des moyens. Aujourd’hui, au niveau des établissements de l’enseignement supérieur il n’y a plus de création d’emplois, il faut donc rationaliser nos ressources humaines.

Quelle forme devrait prendre cette fusion selon vous ?

Pour nous, Montpellier I, ça ne peut être que la fusion selon le modèle universitaire tel que nous le connaissons en France. C’est-à-dire l’université qui garantie le libre accès, les diplômes nationaux et la gratuité de l’enseignement supérieur. C’est un modèle qui est stabilisé aujourd’hui avec 83 universités. Il a été sensiblement modifié avec la loi LRU, qui a introduit de la souplesse notamment pour le recrutement du personnel ou pour la gestion financière. Ce modèle a fait ses preuves. En revanche, la forme de grand établissement est trop dérogatoire, pas stabilisée. Elle ne peut pas entraîner notre adhésion.

Les Enfoirés 2008, le seraient-ils vraiment?

Assister au concert des Enfoirés relève parfois du chemin de croix. Cette année, c’est à Strasbourg que se sont établis les héritiers de la générosité de Coluche. La distance, pense-t-on, n’est pas un obstacle à notre envie de bontés. Erreur. Car il faut au préalable se fournir en billets.
Deux solutions s’imposent alors :

 aller à un point de vente précis (Auchan Strasbourg, Virgin Strasbourg, Fnac Besançon…)

 passer par une plate-forme téléphonique, qui était, bien sûr, surchargée pendant trois jours.
Le résultat est sans appel : de Montpellier, impossible de dégoter le sésame ouvrant la voie vers l’Alsace.

Une seule solution : le marché noir

Reste alors le marché noir. Certes, le site Internet officiel des Enfoirés déconseille vivement ce type d’achat, rappelant que les billets ne doivent pas être revendus à un prix supérieur à celui d’origine. Et sur la Toile, les petites annonces respectant soi-disant cette sacro-sainte règle ne manquent pas. Mais en répondant à quatre d’entre elles, on s’aperçoit bien vite que la proposition de vente à 46 euros (prix unitaire de vente) n’est là que pour appâter le chaland. En effet, dès les premières réponses, le coût passe à 92 euros pour parfois atteindre les 300 euros (véridique !).

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Faisant fi de l’avis du site des Enfoirés, qui ne sont pas dupes souhaitons-le, on se procure un billet à moindre coût (sic) et on attend fiévreusement la réception par la Poste.

Le fameux bordereau en poche, le voyage vers Strasbourg s’organise. Strasbourg, cité magnifique s’il en est, mais très mal desservie par la voie ferrée pour celui qui ne vient pas de Paris. Qu’importe, après pas loin de 8 heures de voyage, un nouvel accent est la preuve d’iun dépaysement assuré. Mais pas le temps de flâner dans la Petite France ou de boire une bonne bière, la mission Enfoirés est en marche, et rien ne doit l’arrêter. Direction le Zénith donc, petite merveille architecturale au milieu d’une zone commerciale tristounette. Le concert ne débute que dans quatre heures, mais la file d’attente est déjà bien fournie. Il faut alors faire le pied de grue dans un froid sec. Bientôt, le futur spectateur, dont la patience s’effrite au fil des heures qui passent, ne voit plus qu’une masse informe composée de milliers de personnes, sagement rangées entre des barrières et chantant par moment à tue-tête la mélodie bien connue des Enfoirés (« Aujourd’hui, on n’a plus le droit… »). Une ola tente de réchauffer la foule, sans succès.

Le moment tant attendu arrive enfin, la bousculade commence. Les coudes entrent dans les côtes, les respiration se font haletantes, une personne chute en tentant d’enjamber une barrière, sans dommages. Le billet, acheté via Internet, n’est pas un faux. Le Zénith s’ouvre enfin. Mais la bagarre continue. Le placement est libre, la lutte est donc farouche pour s’asseoir le plus près possible de la scène. D’autant plus que le Zénith strasbourgeois, dernier-né en France, possède plus de 10 000 places. Des invectives volent. La sécurité est obligé d’intervenir. Les plus chanceux sont placés face à la scène. Un placement qui a son importance.

Comme une répétition générale

Car lorsque le concert débute, la surprise est grande de voir que les écrans géants ne fonctionnent pas. Il faut alors plisser les yeux pour distinguer quel artiste chante, ou regarder subrepticement vers les régisseurs et leur prompteur. On n’imagine que trop ce qu’ont du endurer les personnes au dernier rang, comme Anne le confirme : « Je suis stupéfaite ! J’ai hésité à partir. Après la bataille pour obtenir les billets, la file d’attente de plusieurs heures, nous voilà face à des écrans géants qui restent noirs ! C’est inadmissible. Du fond on ne voyait rien, j’ai donc passé 2 heures assise sur les escaliers. »
Surtout quand on sait que le dernier concert de la semaine, celui qui a fait l’objet d’un enregistrement vidéo, a vu les écrans fonctionner parfaitement. Le principal écueil envers le concert se situe bien là : les spectateurs (voir par ailleurs) ont eu l’impression d’essuyer les plâtres avant le grand soir du dimanche 27 janvier. Ainsi Eric a hésité à quitter prématurément le concert : « On a joué toute la soirée au jeu du ‘Qui est-ce ?’ tant on y voyait rien de loin. C’est dommage, surtout pour les enfants qui n’ont pas pu voir leurs idoles. N’aurait-il pas fallu prévenir les gens ? »
Les griefs contre l’organisation se s’arrêtent pas là… Tout d’abord, des artistes manquent à l’appel (Céline Dion, Muriel Robin, Christophe Willem, Zazie, Benabar, Gérard Jugnot…). Mis à part l’humoriste, tout ce beau monde était bien présent le jour de l’enregistrement. Le monde du show-biz ne respecterait-il pas les valeurs qu’il prétend défendre lors de cette manifestation ? La question peut se poser. De même lors de la soirée des NRJ Music Awards qui tombait cette année en même temps qu’un concert des Enfoirés. Un communiqué précisait alors que Jenifer, Lorie ou encore Alizée seraient absentesdu Zénith strasbourgeois… Si Coluche voyait ça. Les artistes veulent être là pour la bonne cause, mais si, et seulement si, les caméras sont présentes pour que la France entière voient leur dévouement. Ou comment se faire de la publicité sur les Restos du Coeur. Dommage.
Ensuite les changements de décors entre les chansons relevaient du sacerdoce pour la « star » chargée de le combler (Mimie Mathy, Pierre Palmade, Kad). Une ou deux promotion pour la vente du DVD à venir ne suffisait pas, ni la tentative de l’actrice Mimie Mathy de faire apprendre au public une chanson alsacienne. Enfin le thème de la soirée, Les Secrets des Enfoirés, ne correspondait à rien de précis, le concert s’ouvrant sur une scène médiévale présentant Pierre Palmade en roi et Lorie en princesse pour se finir sur une parodie de jeu télévisé avec Kad à la baguette.

enfoires.public-3.jpgMais ne boudons pas notre plaisir, l’attente a été trop longue, le froid trop piquant pour que le public ne se mette pas à chanter de vives voix avec Les Enfoirés. Reprise d’Obispo, de Benabar, de Mika et de classique (Dominique nique nique…)… Les artistes sur scène se donnent à fond, malgré des chansons ne faisant partie ni de leur répertoire, ni de leurs préférences musicales. Un grand moment : Amel Bent qui s’essaye à la tecktonik ! Un régal. Le show, qui dure trois heures, alterne moments d’émotions et humour piquant. Le spectateur en a pour son argent (à moins d’être passé par le marché noir), c’est certain. Les artistes, d’horizons divers, ont du talent à revendre.
Un moment intense donc, qui laisse malgré tout un léger goût d’amertume. Serait-ce l’impression du manque d’implication de certains? Ou les efforts faits pour parvenir jusqu’au Zénith qui étaient trop importants par rapport au show présenté? Et si on allait apporter quelques provisions au Restos du Coeur?