Virgile Joly, précurseur bio, toujours plus près de la nature

Pionnier en bio, le vigneron Virgile Joly cultive la vigne en symbiose avec la nature et la biodiversité. Rencontre sur son domaine plus singulier que jamais au cœur de l’AOC Saint Saturnin.

À Saint-Saturnin coule le vin… Dès l’entrée du village, une myriade de panneaux indique par des flèches la direction des domaines et des chais. Pas de doute, on vit ici au rythme de la vigne. Située à côté de l’église, la cave du domaine Virgile Joly occupe une place idéale dans le village.

Le domaine Virgile Joly ancré dans le bio

Originaire de la Vallée du Rhône, entre Avignon et Vaison-la-Romaine, Virgile, 42 ans, se découvre une passion pour la vigne à 17 ans. Au contact de ses grands-parents, viticulteurs dans le Vaucluse, il décide d’en faire son métier. Diplôme d’œnologue validé, Virgile Joly travaille au Chili et en France avant de s’installer sur le domaine de Saint-Saturnin en 2000. D’emblée, il fait le choix ambitieux et novateur de travailler son unique hectare de vigne tout en bio. « Le bio était une façon pour moi de respecter le terroir, de faire des grands vins, et miser sur leur qualité. Travailler sans pesticides, c’était le choix de la qualité et de la santé » explique-t-il.

Les débuts sont difficiles mais le jeune vigneron s’accroche. À l’époque, il affronte les multiples critiques des vignerons traditionnels face au bio. « Je me souviens avoir entendu des paroles très dures… que le vin bio était du mauvais vin, que ce n’était pas du vrai vin. » dit-il d’un ton assez triste. « Aujourd’hui les mentalités ont évolué et de nombreux vignerons se lancent dans le bio, c’est encourageant et ça donne du baume au cœur » déclare-t-il, ému.

Quand Virgile Joly s’installe sur le domaine, il ne sait pas encore que son aventure deviendra une histoire de famille. Il rencontre l’année suivante sa compagne actuelle, Magdalena, venue faire des vendanges. Elle s’installe au domaine en 2003. Il se développe et s’agrandit vite.

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En 2006, il compte 8,5 ha et produit près de 30 000 bouteilles. Aujourd’hui, le couple est à la tête de 15 ha de vigne et commercialise autour de 80 000 bouteilles par an. Il travaille trois cépages principaux : mourvèdre, syrah et grenache en rouge et deux complémentaires : carignan et cinsault en blanc et rosé. « Ce que j’aime dans le Languedoc, c’est que chaque vigneron peut s’exprimer à travers son vin, tout en finesse » assure ce passionné.

Virgile Joly a choisi de s’installer à Saint Saturnin, situé au pied du Larzac pour « la richesse de son terroir », avec la ferme intention de le défendre et de le promouvoir. Il a également toujours souhaiter rendre accessible le vin bio. Son entrée de gamme Joly rouge ou Joly blanc est disponible à partir de 10 euros.

Un projet de biodiversité innovant

Pionnier du bio dans l’AOC, il est aujourd’hui président du Syndicat des Producteurs de l’AOC Saint Saturnin. Précurseur en son temps, il est aujourd’hui à l’avant-garde de la culture du vin au plus près de son écosystème. « La qualité du vin est dépendante de la biodiversité et de la nature qui nous entoure » explique-t-il. À ce titre, l’AOC travaille depuis quelques mois conjointement avec le Conservatoire des espaces naturels pour réintroduire la faune et la flore à proximité des vignes.

Après une série d’études, plusieurs installations sont mises en place au cœur de son domaine pour recréer un terrain propice au développement des espèces animales et végétales.

Finalement, « ce projet a pour but de créer une harmonie entre la nature et la culture de la vigne ». Le domaine Virgile Joly regorge encore de projets… le mieux est encore de venir lui en parler au salon Vinisud de Montpellier et Millésime Bio à Marseille.

AOC, AOP, IGP… Glossaire des appellations du vin

AOC, AOP, IGP… Voici quelques-unes des appellations que le consommateur peut retrouver sur les étiquettes des bouteilles de vin mais que signifient-elles ? Sont-elles vraiment synonyme de qualité ? Présentation des différents sigles pour pouvoir les décrypter plus facilement.

Comme 55% des français, vous n’êtes pas connaisseur de vin et depuis deux heures, vous êtes dans les rayons infinis de vin dans un supermarché ? Vous n’y comprenez rien entre AOC/AOP, IGP et autres sigles/appellations ? Voici un glossaire pour s’y retrouver.

Le maquis des sigles.

L’appellation d’origine contrôlée (AOC) a été mise en place en France en 1935 pour lutter contre les fraudes et protéger le nom du vin. Depuis 1990, les AOC désignent l’ensemble des produits agricoles et alimentaires dont toutes les étapes de fabrication, de production et de transformation sont concentrées dans la même zone géographique. Concernant les vins, l’appellation, fixée par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), définit également les cépages autorisés et leurs proportions, les méthodes de culture et de taille des vignes, les rendements maximaux (en hectolitres par hectare), le degré d’alcool, les techniques de vinification et les durées d’élevage autorisées. L’appellation d’origine protégée (AOP), équivalent européen de l’AOC, a été établie en 1992 et appliqué aux vins en 2009.

Dénomination européenne, l’Indication Géographique Protégée (IGP) remplace, depuis 2009, son équivalent français : le vin de pays. L’IGP, appellation géographique dont le cahier des charges est moins restrictif que l’AOC, protège les vins dont au moins une des étapes de culture ou de vinification a eu lieu dans la zone géographique. Il existe trois types d’IGP : régionales, départementales et de petites zones.

Au dernier niveau, les Vins Sans Indication Géographique (VSIG) aussi appelés Vins de France (et anciennement nommé Vin de table), regroupent les vins dont l’origine géographique n’est pas spécifiée sur l’étiquette et qui sont définis via leurs cépages ou des noms de marque.

Quelle appellation choisir ?

En théorie, les vins de meilleure qualité seraient les AOC/AOP et ceux de moindre qualité seraient des VISG. Mais, selon l’association de consommateur UFC-Que Choisir, l’AOC est aujourd’hui « une appellation galvaudée ». Si le système des appellations est utile pour garantir aux consommateurs la protection de terroirs viticoles et le savoir-faire des vignerons, il est insuffisant pour juger de la qualité d’un vin. Qui reste avant tout une affaire de goût… Heureusement.

Vinifilles, So femme et vin : des vins conjugués au féminin

Des femmes qui font du vin. Chose rare il y a vingt ans. Aujourd’hui les vigneronnes s’affirment et se regroupent. Rencontre avec les Vinifilles du Languedoc, « Belles, rebelles, actives, gourmandes, sympas, sociables et dynamiques » et les vigneronnes de So femme et vin du Sud-Ouest, qui conjuguent le vin au féminin.

Fini le bon vieux vigneron rustre et costaud qui cultive sa vigne pendant que sa femme est la maison. La parité est en marche dans tous les domaines et le vin n’y a pas échappé. Certaines sont associées à leur frère, père ou mari, d’autres gèrent leur exploitation seule, mais toutes sont chefs d’entreprise et régissent à leur façon leur vignoble.

En 2009 né le Cercle Femmes de Vin, le premier réseau professionnel national de femmes qui font du vin. Intégré à l’Union des vignobles de France, il est composé de 250 membres répartis dans 9 associations régionales, dont les Vinifilles pour le Languedoc et So femme et vin pour le Sud-Ouest.


-25.png Les Vinifilles ce sont vingt vigneronnes, dont plus de la moitié sont en bio. Pour Valérie Ibanez, la présidente de l’association, ce sont des femmes qui se regroupent pour faire du vin « comme des hommes qui se regroupent pour voir un match de foot ». Des femmes qui ont les mêmes problèmes, une même sensibilité pour le vin et le savoir-faire, et surtout « des femmes d’entreprises, pas des potiches » !

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So femme et vin porte les couleurs du Sud-Ouest. Vingt-sept vigneronnes mais aussi des œnologues, des consultantes, des grossistes, bref des femmes qui font, qui vendent, qui goûtent et surtout qui aiment le vin.
Pour la présidente Gaëlle Reynou-Gravier, le but est de mettre l’image de la femme en avant : « Ce sont en majeure partie les femmes qui achètent le vin, des femmes qui sont curieuses des vins faits par des femmes. » Même si l’association est ouverte à toutes les « confessions », la notion de développement durable est centrale pour ces femmes qui s’y impliquent « quelle que soit la manière ».


« Féminines mais pas féministes »

Gaëlle de So femme et vin se revendique comme étant « féminine mais pas féministe », tandis que Valérie des Vinifilles est plus modérée : « ce n’est pas du féminisme pur et dur ». La connotation péjorative du mot « féminisme », parfois quasi entendu comme un gros mot, prend ici tout son sens. « On ne veut pas être cataloguées, se renfermer dans une image. C’est pour ça que nous ne voulons pas en faire un mouvement féministe », s’empresse d’expliquer Gaëlle.

Même si elles s’accordent toutes à dire que le milieu reste essentiellement masculin, aucune ne se plaint en revanche d’une quelconque domination du vigneron. « Aucun problème avec les hommes, on aborde simplement les choses de façon différente », explique Françoise Ollier des Vinifilles. Pour Gaëlle il n’y a pas de sensation d’exclusion : «Les femmes sont beaucoup plus acceptées par rapport à avant.» « Il y a quelques difficultés physiques et matérielles liées au fait d’être une femme, mais pas dans le contact d’humain à humain », ajoute Nadia Lusseau de So femme et vin. « On n’est pas contre les hommes », lance Françoise faisant référence à Sacha Guitry. « L’idée, c’est de communiquer que les femmes savent faire aussi bien que les hommes dans un univers masculin », conclut Nadia.

Un réseau d’entraide

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Isabelle Daulhiac est aussi viticultrice et enseignante d’économie dans un lycée agricole. Elle explique que les groupes de viticulture traditionnels, qui sont mixtes, sont essentiellement masculins. Une des raisons qui a poussé les femmes à se rassembler. «On reste chacune dans notre coin à travailler et on a peu l’occasion de rencontrer d’autres femmes. L’association offre un réseau, une possibilité d’échanges si on a une question sur un client, un fournisseur, n’importe quoi», détaille Katharina Mowinckel. Même chose chez les Vinifilles. « À la base c’est un réseau d’entraide », explique Françoise. Mais plus qu’un réseau, il est devenu un groupe d’amies. « C’est plus agréable de partir avec deux copines. Ça change tout ! », s’exclame-t-elle. Pour Valérie, le travail en groupe apporte une valeur ajoutée incontestable à chaque vigneronne et puis « quand on fait les choses à plusieurs, c’est plus sympa ! »

Si se rassembler apporte de la convivialité à ces femmes, c’est aussi et surtout un outil de communication essentiel. Alors qu’il y a vingt ans on regardait d’un drôle d’œil une femme qui gérait seule son domaine, aujourd’hui c’est quasiment devenu un argument de vente. Katharina est dans ce cas et pour elle « le fait d’être une femme c’est même positif, c’est presque un avantage ». Valérie Ibanez le constate également : « C’est une façon de se démarquer commercialement. » Être une femme vigneronne ferait donc vendre, mais les femmes font-elles des vins pour autant féminins ?

Des « vins féminins » ?

Pour Thierry Daulhiac c’est incontestable, le vin ressemble à son ou à son/sa vigneron(e). « On reconnaît les caractéristiques d’une personne dans le vin : une femme va amener plus de finesse et d’élégance dans son vin, alors qu’un vigneron grossier fera un vin massif. » Gaëlle Reynou-Gravier de So femme et vin n’est pas de cet avis. « Les gens qui gouttent nos vins ne disent pas ‘ah, ça c’est un vin de femmes’ ! » Pour la présidente du Sud-Ouest c’est la manière de voir le vin qui est différente et non le vin en lui-même : « Cibler les femmes, c’est réducteur. » On laissera votre palais trancher sur la question. Féminin ou non, ces femmes ont choisi de concevoir un vin bien particulier : un vin bio.

Le vin bio se conjugue-t-il au féminin ?

Chez les Vinifilles 60 % sont en bio, contre une moitié pour So femme et vin. Y-a-t-il plus de femmes dans le vin bio que dans le vin conventionnel ? Difficile à savoir, aucun chiffre ne le démontre. D’après Thierry Daulhiac, « la femme qui devient mère est plus sensible à une nourriture saine ». Ce qui expliquerait son choix du bio, un choix philosophique et idéologique d’après Isabelle, sa propre femme. Lui est venu au bio pour se rapprocher du terroir, pour revenir à une technique plus proche de la nature et non forcément dans l’idée première de faire un produit plus sain. « La question de la santé est plus féminine », selon Isabelle. Elle explique que la femme est plus préoccupée par l’environnement et la santé humaine : « Elle a une fibre maternelle, féminine, qui la rend plus consciente des problèmes environnementaux.»

Qu’il soit bio, naturel, rouge, blanc, rosé, en fût, ou en bouteille, le vin des femmes est bon, et après tout, c’est tout ce qui compte !

Les vétérans de Millésime Bio

L’édition 2016 du salon Millésime Bio a réuni près de 900 exposants venant de 15 pays différents et plus de 4 500 visiteurs. Pourtant, à sa création en 1993, il regroupait une petite dizaine de vignerons tous issus du Languedoc-Roussillon. Il y a 20 ans, Olivier, Gilles, Thierry, Bernard, Dominique, Patrick et Jacques étaient loin de se douter que le salon prendrait une telle ampleur. Focus sur ceux qui ont fait Millésime Bio.

Pas de Millésime Bio sans Sudvinbio. Le Salon est né de l’association interprofessionnelle Sudvinbo créée en 1991 par quelques vignerons pratiquant l’agriculture biologique dans la région du Languedoc. Autrefois nommée AIVB (Association Interprofessionnelle des Vins Biologiques du Languedoc-Roussillon) elle a été rebaptisée Sudvinbio en 2012. Parce que c’est tout de même plus simple à dire.

Quatre bouteilles et huit copains

En 1993, une poignée de vignerons du Languedoc décide de se réunir « en janvier pour déguster le millésime », précise Thierry Julien, vigneron du Mas de Janiny et trésorier de Sudvinbio. « On était même pas une dizaine à l’époque. » Ils se retrouvent au Mas de Saporta à Lattes, la Maison des vins devenue un lieu emblématique des vins du Languedoc-Roussillon. Ils avaient quatre bouteilles chacun, « c’était plus une réunion entre copains, même pas un salon », se rappelle Thierry.

L’aventure commence au Mas de Saporta, puis le salon prend place une dizaine d’années à Narbonne, un an à Perpignan, et enfin Montpellier. Un long parcours vers le succès qui était loin d’être de mise au départ. « On se foutait de nous c’était minable ! Le bio c’était considéré comme des fumeurs de havanes. On n’était pas pris au sérieux sauf par les Allemands, les étrangers. Les Français sont arrivés bien plus tard », se souvient Thierry. Dominique Pons, vigneron du Domaine des Cèdres, confirme. « Il fallait y croire au vin bio à l’époque ! C’était pas terrible terrible au début mais je suis content de l’ampleur que ça a pris aujourd’hui. »

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15 à Lattes, 34 à Narbonne, 900 à Montpellier

-258.jpg En 1995 à Lattes, il y a trois acheteurs et quinze producteurs dont Bernard Delmas, vigneron de la Blanquette Delmas bio un des pionniers du salon. Il n’expose pas aujourd’hui, il est venu comme visiteur voir les copains. « À l’époque c’était du vin en vrac, il fallait commercialiser le Millésime de l’année. Aujourd’hui c’est différent, il y a eu un changement, le consommateur est plus proche du produit. »

Au fur et à mesure le salon s’agrandit, il s’élargit à d’autres territoires du bio. Patrick Boudon, du vignoble Boudon en Gironde est arrivé en 1998. Ils étaient 34.« Je fais du bio depuis 53 ans, à l’époque on était en recherche de contacts. Des cavistes, des acheteurs, tous les gens qui gravitent autour du milieu du vin bio. » Pour Patrick le début des années 2000 c’est l’âge d’or du salon. « Ça marchait mieux qu’aujourd’hui. Depuis 10 ans je viens ici pour rencontrer mes clients mais c’est plus la même chose, c’est dilué, trop grand. Le salon est victime de son succès. »

Aujourd’hui, ces vétérans du bio qui y ont cru alors que les autres savaient à peine ce que c’était se mélangent aux récents convertis. «Je suis tout de même content qu’il y ait de plus en plus de vignerons en bio», sourit Dominique. Être un vétéran du salon, une plus-value ? Pas du tout. « Les acheteurs ne sont pas trop sensibles à l’ancienneté. Ça sensibilise plus le grand public que l’acheteur. » Apparemment il n’y a que le vin qui se bonifie avec le temps.

Magnus Reuterdahl : « En Suède, une consommation éthique du vin se développe »

Le Suédois Magnus Reuterdahl est archéologue et blogger. Il écrit en ce moment pour un des plus gros magazines scandinaves sur le vin : Dinvinguide.se. Selon lui, la consommation de vin devient de plus en plus « éthique » en Suède, et les vins bio français présents à Millésime Bio ont les atouts pour profiter du mouvement. Interview.

Comment en êtes-vous arrivé à écrire sur le vin ?

J’ai commencé à écrire il y a une dizaine d’années et je suis aujourd’hui rédacteur pour un des plus importants magazines scandinaves sur le vin : Dinvinguide.se. J’ai participé il y a quelques années à la création de la communauté #winelover, qui compte aujourd’hui environ 20 000 membres. La révolution des réseaux sociaux a été mon ticket d’entrée dans le monde du vin, pour avoir des contacts, voyager et apprendre. Le vin est un élément parfait pour comprendre une culture, une région. La nourriture, l’histoire, les gens : tout cela explique pourquoi un vin est bon.

Selon une récente étude, les Suédois seraient les plus gros consommateurs européens de vins bio. Est-ce que vous pensez que cela correspond à la réalité ?

Oui c’est le cas. Je pense qu’on surfe sur la tendance bio du moment. Les consommateurs regardent de quelle manière le vin est produit. Une consommation éthique se développe et de plus en plus de Suédois pensent écologie, bio, commerce équitable.

Durant une conférence sur la Suède en marge de Millésime Bio, il a été démontré une augmentation significative de la consommation de vins bio dans les grandes villes suédoises. Qu’en pensez-vous ?

Je ne dirais pas seulement dans les grandes villes mais un peu partout en Suède. Comme beaucoup de tendances, ça commence dans les grandes villes avant de s’étendre. Même si je ne suis pas un grand fan du monopole d’État qui existe en Suède, cela a l’avantage de mettre tous les vins sur les mêmes étagères et parmi eux, beaucoup sont bio. Parallèlement, de nombreux journalistes, bloggers et écrivains ont contribué à la notoriété de ces vins en écrivant à leur sujet, en plus de cette tendance à consommer sain, local et durable.

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Selon vous, les consommateurs sont-ils prêts à payer plus pour boire du vin bio ?

Oui et non. Si vous prenez un consommateur lambda, il pourrait choisir un vin bio si le prix est situé dans sa fourchette d’achat, disons entre 5 et 9 euros. Là encore, parmi les vins les moins chers du catalogue du monopole d’État, beaucoup sont bio. Cela a contribué à une augmentation des ventes. Si l’on regarde du côté agroalimentaire, les consommateurs paieront plus pour certains produits (œufs, légumes, lait…). Si c’est présenté de la bonne manière, ils achèteront le produit même si le prix est plus élevé, aussi longtemps que ce produit sera dans leur fourchette d’achat. Mais cette dernière ne dépassera probablement pas les 5-9 à 10-15 euros.

S’il y a en effet une augmentation de la consommation de vin bio en Suède, pensez-vous que les vins français ont une chance face aux vins italiens ?

Oui je le pense. Mais à mon avis, les viticulteurs français doivent faire des efforts de communication afin que les consommateurs puissent relier le vin à la région de production. La France est un pays qui a de nombreux avantages : de bons raisins, des régions entières couvertes de vignes et une histoire. Cependant les nouveaux consommateurs, comme en Suède ou même aux États-Unis, ne le savent pas nécessairement. Ils doivent être ciblés. Il y a ici ce que j’appelle une « génération perdue », surtout chez les hommes entre 20 et 35 ans. Il y a quelques années, le vin était cette « boisson d’adulte » qu’il était courant de consommer. Aujourd’hui, il y a une grande compétition avec les bières, le whisky, le gin…. La question est de savoir si cette génération-là va se mettre à boire du vin ou pas. Vous ne pouvez pas vous asseoir et espérer que quelqu’un vous trouve, espérer que votre héritage vous apporte de nouveaux clients. Vous devez vous lever et vous montrer. Le vin bio est un des moyens de le faire.

Finalement, les viticulteurs qui parviennent à exporter efficacement leurs vins sont ceux qui travaillent ensemble pour renforcer l’image d’une région. Ceux qui promeuvent même d’autres vins que le leur pour être plus visibles.

Top 4 des vins sexistes à Millésime Bio

Cette semaine nous avons parcouru toutes les allées du salon Millésime Bio (oui, toutes !) à la recherche des noms de vins les plus originaux. Nous avons demandé aux vignerons quelle est l’histoire qui se cache derrière ces noms atypiques. Ils livrent des anecdotes tantôt drôles tantôt attendrissantes.

Aujourd’hui, les vins sexistes.

Sainte-Nitouche – Domaine de Sainte Marie de Crozes

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Ne vous fiez pas aux apparences ! Ce vin fruité et doux n’est pas si prude que ça. Une cuvée qui vous séduira assurément.




Pin’Up – Mas de Janiny

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Pin’Up est un vin rouge créé pour le marché japonais. Il fallait faire un jeu de mot avec « Pinot », cépage du vin. Comme Pinocchio n’était pas très sexy, les vignerons ont choisi Pin’Up. « Féminin et élégant », de quoi plaire aux japonais.




Le mâle – Domaine de Roquemale

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Le Mâle c’est l’anagramme de Léna et Mathias, les enfants de Valérie la vigneronne du domaine de Roquemale. Mais pas que. « C’est aussi pour mon mari qui est un tantinet macho ! Son surnom c’est le mâle ! » ajoute-t-elle.




Les Pipelettes – Domaine Sainte Marie des Crozes

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Christelle-Agnès est la fille de ce domaine familial. Pour trouver le nom de ce rosé, elle voulait quelque chose de vrai : « Pour moi le rosé c’est le vendredi soir avec toutes les copines ! » C’est donc tout naturellement que son rosé a été nommé Les Pipelettes.

Hans Hürlimann : musicien en Suisse, vigneron bio en France

Changer de vie et se reconvertir dans la viticulture biologique. Hans Hürlimann, ancien musicien, l’a fait. Écologiste convaincu, amateur de vin « nature », le choix était évident. Aujourd’hui, il gère avec sa femme le domaine Bourdic à Alignan-du-Vent, dans l’Hérault. Amoureux de la nature, il met tout son cœur à produire son vin. Portrait.

Le vin, le viticulteur de soixante ans est tombé dedans quand il était petit. « J’accompagnais mon père quand il allait acheter du vin chez les producteurs. J’étais dans les caves dès mon plus jeune âge », se souvient-il. Suisse d’origine, musicien de profession, Hans a cédé au chant de la vigne. La note bio : une évidence pour le viticulteur. « Produire sain, maintenir un certain équilibre de la nature, bannir les produits chimiques qui détruisent la faune et la flore », tout simplement.

L’artiste nature

Pour Hans, musicien et vigneron, c’est un peu la même chanson. Pour lui, produire son vin revient à composer une œuvre. « Il faut de l’imagination, avoir un côté artiste. » Et mettre tous ses sens en éveil : « l’ouïe dans la musique, le goût dans le vin ». Au final, seule la temporalité de la « création » diffère, beaucoup moins longue du côté des raisins. Selon le viticulteur, le bio, « c’est le terroir qui parle, ce sont des sols qui vivent ». Profondément convaincu, Hans puise ses arguments dans la terre. Ses plants de vignes se développent grâce aux minéraux du sol, un point c’est tout. « Cela donne des vins au goût plus intéressant », argumente-t-il.

Le motivé écolo

L’Hérault, Alignan-du-Vent, le domaine Bourdic : « un hasard complet ». L’Andalousie était le premier choix d’Hans et de Christa, sa femme, ancienne institutrice également reconvertie. L’attrait pour la région est venu de l’horizon qui défilait sur l’autoroute. Là encore, tout simplement. En ruine, il a d’abord fallu reconstruire le domaine et retravailler les douze hectares de vignes. « L’avantage de ce vignoble ? Il avait des sols purs », confit Hans.
Avant de se lancer, il a fallu se former. « Pendant trois ans, j’ai suivi une formation en agriculture raisonnée », révèle le viticulteur. Arrivé en France, Hans n’a pas composé avec les formations proposées « pas vraiment intéressantes », admet-il. Toujours calme et pas rancunier pour un sou, Hans a donc appris par lui-même. Il s’est plongé dans les livres « j’ai beaucoup lu », il s’est entouré, « des amis vignerons m’ont conseillé ».

Une fois lancé, vendre le vin a été l’étape suivante. Cet acte reste la « relative » difficulté pour Hans. « Il faut se faire connaître et dans la région, il y a une telle concurrence que ce n’est pas forcément évident », avoue-t-il. Fort heureusement, Christa, sa femme, l’aide beaucoup. « Elle s’occupe du côté administratif, la comptabilité, la vente. »

La campagne comme moteur

-23.pngQuel est le plus par rapport au métier de musicien ? « Le travail dans la nature », lance sans hésitation aucune Hans. Le processus de fabrication du vin, aussi. « J’aime suivre le produit de la vigne jusqu’à la bouteille ». Et le contact avec le client, bien sûr. « Certains clients sont devenus des amis, ça renforce le lien social quand on arrive dans une région et un pays où on ne connaît personne, c’est très important », termine-t-il toujours aussi paisiblement.

Le changement de vie et sa reconversion, Hans en est fier. « Aucun regret », affirme-t-il. La Suisse, c’était « du béton », une « vie stressante ». Dans son domaine, Hans est « tranquille » et bénéficie d’une surface suffisante pour s’oxygéner, « la campagne, les animaux, c’est si précieux », argue-t-il.

L’appel de Millésime Bio

Pour Hans, le salon Millésime Bio est aussi une évidence, même s’il regrette parfois qu’il ait pris une ampleur démesurée. « La présentation est sympa : chacun à sa table, on n’est pas trop dans le marketing et c’est un salon qui reste très professionnel. » Un événement qui permet aussi de « discuter » avec un public « intéressé » par le vin biologique. Toujours d’un ton calme et posé, Hans participe au salon pour « présenter le produit avant tout ». L’occasion pour le viticulteur mélomane « de rencontrer de nouveaux clients ou de passer un moment avec ceux qu’on connaît déjà. » Naturellement.

Une chose est sûre, chez Hans, la viticulture biologique semble aussi adoucir les moeurs.

Vin bio : Sur les traces d’un acheteur japonais

Au salon Millésime Bio 2016, nous nous sommes intéressés aux acheteurs étrangers. Nous avons suivi Shigue Oto, un importateur Japonais à la recherche de nouveaux partenaires européens. Zoom sur les attentes au pays du Soleil-Levant.

Shigue Oto travaille depuis 18 ans pour l’entreprise japonaise Azuma Corporation. «Depuis très, très longtemps !», s’exclame-t-il avec un sourire. La société importe des vins d’Europe pour les redistribuer sur le territoire national : sa clientèle se compose de restaurants (70 %) et de cavistes (30 %).

Au salon Millésime Bio, l’importateur traverse les allées d’un pas déterminé. Il s’arrête soudainement devant le stand espagnol du domaine Pinuaga. Esther, à l’affût, l’accueille en lui tendant sa carte de visite. Il apprend alors que ses vins sont produits dans la région de Toledo, plutôt rares sur le marché japonais. La rencontre s’annonce fructueuse.


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La vigneronne sort le grand jeu. Sur sa tablette tactile, elle fait défiler les photos de son domaine et de sa famille. Si Shigue admet apprécier Millésime Bio pour ses « domaines familiaux plus petits que ceux de Vinisud », il nous confie par la suite être bien plus influencé par la dégustation que par les photos.


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Shigue Oto a des attentes bien particulières : «Je cherche en priorité des vins rouges de Toledo, car il n’y en a pas beaucoup au Japon.» Et pas besoin de rosé. « C’est là où la demande est la plus faible chez nous », argumente-t-il. Il aurait aimé goûter plus de vins blancs, mais ce n’est pas la spécialité de la maison.


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Shigue déguste les vins sans faire tourner le verre. Il commence par le seul vin blanc proposé, puis par quatre vins rouges. « Ils sont tous bons, mais ça ne correspond pas à ce que l’on recherche », nous livre-t-il. Il souhaiterait trouver des vins moins tanniques : « Ils sont fruités mais trop secs. Les Japonais préfèrent des vins plus doux. » Bon point pour le domaine Pinuaga. Shigue reste donc intéressé.


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Avant de poursuivre sa route, Shigue lui présente son entreprise. Il souhaite savoir si le domaine a déjà exporté au Japon par le passé. La réponse est non. Mais Esther a bien l’intention de partir à la conquête du marché japonais. « Leurs prix à l’export sont très attractifs », admet Shigue, même s’il ne sait pas encore s’ils concluront l’affaire. Dans tous les cas, la décision se prend en équipe : « Nous demandons aux vignerons [qui ont retenu notre attention] de nous envoyer des échantillons. Nous dégustons les vins tous ensemble, puis nous décidons d’acheter ou non », détaille l’importateur.


Vins bio en Suède : un coeur à prendre

Selon une récente étude organisée par SudVinBio, les Suédois seraient parmi les plus importants consommateurs de vin bio en Europe. Une place à prendre pour les vins bio français qui bénéficient d’une image de qualité. Seul bémol : l’importation de vin en Suède est régulée par le monopole d’État.

« Le contexte économique est favorable : la Suède, c’est 9,8 millions d’habitants, une croissance de 2,6 % par an, et une consommation soutenue ». Les mots de Cécilia Ekfeldt, conseillère export pour Business France en Suède, raisonnent dans la salle de conférence du Millésime Bio. « Mais attention, c’est surtout dans les grandes villes et dans la capitale qu’il y a des débouchés », souligne-t-elle. Dans ce pays scandinave coincé entre la Norvège et la Finlande, la récente étude commandée par SudVinBio montre que les Suédois, plus que les autres, se soucient de l’environnement et de la qualité de leur vin. Mode de vie scandinave oblige.

Pourtant, nombreux sont ceux qui viennent nuancer le tableau dressé par l’association qui organise Millesime Bio. Fabien Lainé, blogger et journaliste, a travaillé en tant que chef sommelier dans un hôtel en Norvège durant une dizaine d’année. Il connaît bien le mode de vie et les habitudes de consommation dans ces régions glacées du nord de l’Europe : « À Stockholm, la capitale suédoise, les bars à vin sont nombreux. Mais en dehors de la ville, le bio se fait plus rare », précise-t-il d’un ton désabusé. Les Suédois, grands amateurs de vins bio ? « Oui et non. Il y a les études et la pratique : la plupart des ventes aux consommateurs sont des Bag-in-Box. La consommation de vin bio se concentre dans la capitale et les grandes villes universitaires. Finalement, beaucoup de gens se fichent de consommer du bio ou pas », argumente-t-il.

À Stockholm, les restaurants et les bars à vin proposent du vin bio au verre : entre 110 et 195 couronnes suédoises, c’est-à-dire entre 12 et 22 € le verre. Extrêmement cher pour un Européen du sud, un peu moins pour des Suédois au niveau de vie élevé. Pour un Bag-in-Box, il faut compter une quarantaine d’euros minimum. Qui plus est, le Bib représente 52 % de la consommation de vin bio, et 78 % des 20-30 ans le préfère à la bouteille. « Les débouchés sont nombreux dans les grandes villes », confirme Cecilia Ekfeldt.

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Le contexte particulier du monopole d’État

« Systembolaget ». C’est le nom de la société qui détient le monopole d’État Suédois concernant les boissons alcoolisées de plus de 3,5 %. Cette société détient 90 % du marché en Suède et dispose de plus d’une centaine de points de vente à travers le pays. Concrètement, les consommateurs ne peuvent pas acheter de l’alcool en supermarché, ils doivent se rendre dans les magasins de la société qui détient le monopole. L’offre est vaste : ils proposent plus de 1 700 vins du monde entier. Leur objectif est que les vins bio représentent 10 % des importations d’ici à 2020.

Ainsi, Systembolaget établit chaque année un plan pour introduire de nouveaux produits. Chaque mois, des appels d’offre sont diffusés auprès des importateurs Suédois. Ces derniers traitent ensuite avec les exportateurs étrangers avant de décider des produits qu’ils souhaitent importer. Après une première sélection, un tiers des d’entre eux sont sélectionnés pour une dégustation à l’aveugle. Le meilleur est choisi et lancé sur le marché six mois plus tard.

Cela peut paraître effrayant selon Fabien Lainé : « Le marché Suédois est plus ouvert, plus flexible que d’autres marchés similaires, comme le marché Norvégien par exemple. Il y a moins de paperasse même s’il y a un monopole d’État ».

Une place à prendre pour les vins bio français

En Scandinavie, l’image de la France est liée au romantisme, à l’art de vivre et au raffinement. En somme, une référence. L’Hexagone est d’ailleurs la quatrième destination des touristes Suédois et une partie privilégie l’œnotourisme. La notoriété des vins français est donc importante. Environ 13 % du vin importé par le monopole Suédois est Français. Mais c’est l’Italie qui domine, avec une part de marché de 27 %. Selon Elisabeth Engelsen Ellqvist, cadre chez Provinum, une entreprise d’importation européenne de vin, « les temps sont propices pour la France car elle peut se positionner sur le marché Suédois. Il y a un potentiel important pour le vin bio français ». Selon la revue du secteur « Allt om vin » couronnant les meilleurs vins de l’année sur le marché, la France décroche 19 médailles contre 8 pour l’Italie. Selon Fabien Lainé, « les débouchés pour les vins bio français en Suède sont nombreux. Mais tout dépend des appellations et de leur notoriété. Lorsque l’on est un petit domaine, il faut participer aux appels d’offre du Systembolaget ».
De quoi se faire une place au frais dans cette contrée nordique.

TOP 5 des vins « enfantins » à Millésime Bio

Cette semaine nous avons parcouru toutes les allées du Salon Millésime Bio (oui, toutes !) à la recherche des noms de vin les plus originaux. Nous avons demandé aux vignerons quelle est l’histoire qui se cache derrière ces noms atypiques. Ils livrent des anecdotes tantôt drôles tantôt attendrissantes.

Aujourd’hui les vins des « bambins », issues de jeunes vignes dont le nom fait souvent référence aux enfants des vignerons.


Rêve de gosse – Le clos Roussely

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Comme un doux parfum de nostalgie. Ce vin est le rêve d’un enfant devenu grand. Vincent a racheté les vignes de son grand-père il y a 15 ans et l’a combiné avec la passion de son père pour les camions. Une délicieuse cuvée tri-générationnelle.




Les bambins – Clos des Augustins

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« C’est le fruit de l’amour, C’est le fruit du labeur, Le bonheur de les élever, Retrouvez dans vos verres, Un peu de cet amour sur terre ». Poème de Frédéric et Pauline, les « vignerons heureux » qui ont créé ce vin dédié à leurs enfants.




Les gamines – Abbaye Les Champs

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Les gamines, ce sont celles d’Alain et Isabelle leur deux petites filles de 8 et 10 ans. Mais c’est aussi la première cuvée, celle des jeunes vignes.




Les Pitchounettes – Domaine les 4 vents

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Double clin d’œil pour les Pitchounettes : pour les trois filles de Lucie, vigneronne du domaine les 4 vents, ainsi que pour la cuvée de ses toutes premières vignes. Les Pitchounettes, des vignes toutes jeunes et toutes mignonnes.




Le Jouet – Domaine des enfants

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Un terrain de jeu pour son vigneron, ce vin était une manière de tester des nouvelles expériences avec les cépages. Mais un jouet à utiliser avec modération.