Google Earth au service de la recherche
L’aventure commence en 2005. Une équipe de chercheurs du Royal Botanic Garden de Kew (sud de l’Angleterre) entreprend, à cette époque, de mener un projet de conservation d’espèces au nord du Mozambique. Alors qu’ils recherchent leur lieu d’investigation grâce au logiciel de cartographie Google Earth, une tâche anormalement verte attire leur attention. Sans le savoir encore, ils viennent de découvrir une zone forestière de 80 km² jamais explorée, ni cartographiée et vierge de toute présence humaine.
Novembre 2008, le professeur Jonathan Timberlake et son équipe rejoignent le Mozambique afin d’arpenter le lieu. Sur place, ils y découvrent une centaine d’espèces animales et végétales aussi rares les unes que les autres, une dizaine n’ayant même jamais été recensée. Une découverte qualifiée d’exceptionnelle, d’un écosystème vivant sous une haute et vaste canopée, pouvant par endroit atteindre les 45 mètres de hauteur.
Toute une région mal connue
Cet endroit se trouve à quelques pas du Mont Mabu, dont le sommet culmine à 1700 mètres et dont la découverte s’est faite elle aussi il y a trois ans. Si toute cette région a échappé jusque-là à toute recherche, c’est en partie en raison de la guerre civile qui frappa le Mozambique de 1975 à 1992. Elle entraîna la destruction des routes et des infrastructures aux alentours, rendant l’accès au lieu quasi impossible. Des habitants se réfugièrent bel et bien dans cette partie reculée afin de s’y cacher pendant les combats, mais l’altitude et le terrain hostile ne leur permettaient de s’y installer durablement. Aux dires même du Professeur Timberlake, la plupart des Mozambicains ne connaissent pas aujourd’hui l’existence du Mont Mabu.
Les échantillons prélevés pendant les quatre semaines qu’aura duré au total cette expédition sont en cours d’étude au Royal Botanic Garden. Les chercheurs n’excluent pas la possibilité, grâce aux analyses avancées, que le lieu délivre encore de nombreuses surprises. Cependant, les scientifiques craignent aujourd’hui que la forêt devienne une source de convoitise, qu’elle succombe sous les feux de la curiosité humaine.
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