« Ce sont de véritables virtuoses ! » pouvait-on entendre sur le parvis du théâtre Jean-Claude Carrière, à la sortie du concert. Ou bien encore: « le percussionniste est tout simplement époustouflant ! » s’exclamait une dame aux bras de son mari, lui aussi tombé sous le charme d’une symphonie venue de Palestine. « Quand ils jouent tous les trois en symbiose sur le même instrument, c’est magique et cela démontre leur grande maîtrise de leur art ! » s’enthousiasmait une jeune étudiante algérienne.
Les compliments pleuvent et les louanges dithyrambiques ne manquent pas pour décrire le ressenti du public à la fin du spectacle. Il faut bien reconnaître que les frères Joubran, car c’est bien d’une histoire de famille dont il s’agit, Samir, Wissam, Adnam et leur percussionniste Youssef Hbeisch se sont entièrement donnés à leur public, venu en nombre les applaudir (la salle affichait complet depuis bien longtemps déjà !). La fratrie de Palestine aura su prendre du plaisir autant qu’elle en a partagé, jusqu’à revenir sur scène après un énième rappel, quand bien même certains auront quitté la salle, croyant que le spectacle était terminé et le rideau tombé !
Issus d’une famille, qui, depuis quatre générations est intimement liée au oud, les frères palestiniens ont su façonner leur singularité et leur identité musicale par leur travail et leur passion démesurée. C’est Wissam le cadet qui, à l’instar de son père, suit la tradition des maîtres luthiers en fabriquant et en personnalisant lui-même les ouds du groupe, pour que chacun des membres soit en parfaite harmonie avec son instrument, allant même considérer qu’ils sont six frères sur scène (eux-mêmes et leurs instruments). Sans doute sont-ils à ce jour sur la scène internationale les plus dignes représentants de cet emblématique cordophone du Moyen-Orient et du Maghreb.
Mêlant passion et maîtrise de leur art, il s’échappe de leur musique une authenticité, une sincérité et un vent de liberté comme un témoignage profond et engagé pour un message de paix. D’ailleurs, comment peuvent-ils passer outre la situation conflictuelle de cette région du monde quand leurs origines les renvoient sans cesse à leurs propres interrogations et inquiétudes ? Difficile alors d’échapper, entre deux mélodies orientales, à quelques douces paroles honnêtes d’émotions, de tolérance et de respect des peuples, prononcées dans la langue de Shakespeare… comme un symbole.
Il est difficile de rester insensible devant l’élégance de ces hommes et de leur musique, devant leur virtuosité à manier l’oud. Écouter le trio Joubran c’est être envouté par une poésie lyrique. On ne « boit » pas les paroles d’un poète mais les accords harmonieux de musiciens venus d’une terre trop souvent meurtrie et qui veut revendiquer sur la scène internationale son histoire et ses traditions, son art et sa culture. Et de conclure, merci les artistes pour cette rencontre et ce voyage !
Et si c’est avec désolation que vous n’avez pu assister à cette représentation ou que ces quelques mots vous ont donné l’envie de les découvrir… pas de panique ! Une seconde chance s’offre à vous pour venir savourer cette musique venue d’ailleurs puisque l’envoûtant et talentueux trio Joubran sera au théâtre de la mer, à Sète, le premier avril prochain.
Catégorie(s) :Étiquettes : Concert, Musique, Palestine