Dès l’entrée dans cette salle unique et fermée qui rassemble la totalité des clichés, on est interpellé par les couleurs qui s’y dégagent en très grand nombre. Raymond Depardon nous avait habitué à un travail en noir et blanc contrasté, il a ici préféré la lumière, unique et neutre. Le fait que les photos soient affichées en grand format (1,60mx2m) donne l’impression au spectateur d’être véritablement de plein pied dans les paysages. On y découvre ainsi une France très colorée.
Après un long travail sur la France des campagnes, Raymond Depardon s’est cette fois penché sur la France de la périphérie. Une France faite de petits commerces comme un bar-tabac, une boucherie-charcuterie ou bien un garage. Le photographe nous laisse ainsi apercevoir une France sans les Français. Mais il met paradoxalement en avant la présence d’une activité humaine dans ces lieux de vie.
Autre particularité de cette exposition, aucun commentaire ou détail n’accompagnent les photographies. Il n’y a aucune indication quand au lieu où a été pris le cliché. On se surprend alors à observer tous les éléments de la photo, même ceux qui paraissent les plus infimes. On se colle à la toile pour tenter de découvrir le lieu pris en photo.
Le tour de France de Raymond Depardon
Ces clichés mettent fin à un tour de France réalisé en six ans par Raymond Depardon, depuis 2004. Celui-ci avait commencé dans le Nord-Pas-de-Calais à Berck-plage. A l’aide de son camping-car et d’une chambre 20x25m, qui lui a permis d’obtenir des photographies aussi nettes et précises, il s’est concentré sur la France des petites villes et villages. Il a laissé de côté l’humain pour se concentrer sur son lieu de vie, son territoire. Durant tout son périple, il a récolté 3500 images et en a gardé 800 pour en publier 280 dans un livre édité par la BNF et le Seuil.
L’exposition ne prend pas fin après avoir vu les 36 clichés. Le spectateur pénètre ensuite dans une galerie où il retrouve l’ensemble des œuvres mais cette fois-ci accompagnées du lieu dans lequel elles ont été prises. Celle-ci s’achève dans une salle ou l’on découvre les influences de Raymond Depardon : de Walker Evans à Paul Strand, ainsi que tout le processus de construction de son œuvre.
Grâce à cette exposition, le photographe, réalisateur, scénariste et journaliste nous propose une autre vision de la France mais également de son travail.