A l’instar de nombreuses métropoles dans le monde, Montpellier a pris le tournant de «l’Open Data», permettant ainsi à ses administrés d’avoir accès à une foultitude de données concernant leur municipalité, voire plus. Pour notre part, nous nous sommes intéressés aux subventions associatives accordées par la capitale languedocienne. Plus précisément, il s’agit de décoder grâce au lot de données récupérées sur la plate-forme « Open Data » de la ville les orientations qu’impulse la municipalité. Quels sont les secteurs associatifs les mieux dotés ? Quelles sont les principales préoccupations de la ville de Montpellier ? Voilà des interrogations que les données récoltées nous ont permis d’élucider. Traitant exclusivement des subventions accordées par la ville de Montpellier, nous avons pu analyser les thématiques auxquelles celle-ci donne le plus d’importance.
Kézako ?
«Open quoi ? Open Data !» Derrière cet anglicisme barbare, se cache en fait une démarche très simple, et démocratiquement fort louable. Il s’agit d’ouvrir – «open» – les données – «data» – dont dispose un organisme public (entreprise publique, Ville, Département, Région, État…) ou privé dans le but de les rendre accessibles aux citoyens via des plate-formes Internet – http://opendata.montpelliernumerique.fr/ pour la ville de Montpellier par exemple. Un outil démocratique formidable puisque n’importe qui peut ensuite se saisir des « jeux de données » pour les faire parler – comme dans les graphiques ci-dessous. De l’information brute de décoffrage à optimiser et à rendre intelligible par un travail technique desdites données.
Le poids des «partenaires»
80% des subventions municipales ! Plus de 15 millions d’euros sur les 19 millions qu’accorde la ville. Les associations partenaires se taillent la part du lion dans le gâteau des subventions associatives de la ville de Montpellier. Ces «partenaires» sont plus ou moins des organes des services municipaux, comme l’Office du Tourisme, le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) ou encore la Caisse des écoles de la ville. Une dizaine d’associations en tout sur les 936 que subventionne la municipalité.
Rien de bien révolutionnaire pourtant. C’est là le lot habituel des grandes villes françaises. Et Montpellier a toujours travaillé avec des associations partenaires privilégiées, à qui elle accorde une large confiance. Confiance qui se traduit de manière sonnante et trébuchante dans l’attribution des subventions associatives. Au premier rang de ces partenaires, le CCAS – Centre communal d’action sociale – aimante plus de 64% des 19 millions d’euros attribués par la ville. Dès que l’on regarde de plus près, on s’aperçoit que l’importance de cette catégorie « Partenaires » est due au poids assommant du CCAS.
Le CCAS champion des subventions
Quasiment deux tiers des subventions (64,1%) donc. Ce qui signifie que sur trois euros de subventions provenant de la ville de Montpellier, deux tombent dans l’escarcelle du CCAS. Incroyable ? Pas tant que ça en fait.
Organisme communal tisseur de lien social, le CCAS « propose un ensemble de prestations pour remédier aux situations de précarité ou de grande difficulté sociale ». Cette structure existe dans toutes les communes ou communautés de communes de France.
Avec plus de 12 millions d’euros sur les 15,5 dévolus à ces fameuses associations partenaires, le CCAS règne sans partage. D’autant qu’on peut encore ajouter les 520 000 euros du Comité des œuvres sociales et culturelles du personnel municipal, indirectement rattaché au CCAS.
Pour le reste, les autres se contentent des miettes. Seule exception : l’Office du Tourisme, qui glane plus de 1,8 millions d’euros.
*GIP DSUA : Groupement d’intérêt public pour le Développement Social et Urbain de l’Agglomération de Montpellier
Montpellier la touristique, Montpellier la sportive, Montpellier la culturelle
Mais tout cela ne dit finalement pas grand chose des préoccupations de la ville. Aussi, voyons ce que les données récupérées ont d’autre à raconter. Pour cela, ôtons le CCAS de nos préoccupations. Son poids dans les subventions associatives fausse la donne. Éliminons-le de notre analyse pour voir plus en profondeur.
Si l’on se penche de plus près sur les données, hors CCAS donc, les premiers apprentissages que l’on en tire sont relativement logiques. On retrouve en valeurs les préoccupations affichées de la ville de Montpellier : tourisme, sport et culture en tête. Au pied du podium, les catégories « Cohésion sociale & Vie associative » et « Éducation et Jeunesse » voient leurs associations dotées d’un demi-million d’euros. Les données éclairent sur une autre caractéristique de la préfecture héraultaise : son attrait pour l’étranger. 240 000 euros sont ainsi dédiés aux opérations de jumelage.
Enfin, on constate un faible soutien aux associations s’attelant au « Développement durable » : 120 000 euros. Un espoir tout de même, les subventions de ce secteur connaissent une croissance rapide.
Précis de méthode
Datation :
Les dernières données disponibles sont celles du budget de l’année 2013 – pour 2014 donc. On ne peut donc encore analyser l’évolution de la politique de Philippe Saurel sur cette question. Une mise à jour prochaine est donc inévitable, les données pour l’année 2014 étant fermement attendues.
Catégorisation :
Les catégories des secteurs de subvention ont été regroupées pour une meilleure lisibilité et selon des critères habituels de « bon sens ». Une catégorisation que l’on retrouve par exemple au niveau des découpages ministériels. Ainsi, la jeunesse et l’éducation sont fusionnées, de même que la solidarité, la lutte contre l’exclusion et les banques alimentaires. La catégorie « Droits et devoirs » accueille pêle-mêle droits au logement, droits des femmes et de le petite enfance.
Limites :
Évidemment, ces catégories sont imparfaites. Mais il faut prendre cet écueil comme la condition sine qua non à une visualisation claire. « Tout ce qui est simple est faux, mais tout ce qui ne l’est pas est inutilisable » écrivait Paul Valéry. En outre, l’impact de ces variables d’ajustement demeure minime. Enfin, pour permettre une vision brute, globale et exhaustive, les feuilles de calculs optimisées par Mlle Katia Imhoff*, sont disponibles en annexe de l’article.
*Remerciements spéciaux pour sa collaboration à Mlle Katia Imhoff, technicienne en traitement informatique de données statistiques.
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