Un ordinateur, des feuilles et un stylo, un tableau… La séance est levée. Mercredi 14 octobre, les habitants de la Mosson organisent leur première réunion plénière de conseil de quartier. Ils se sont donné rendez-vous à 18h30, dans une salle de la Maison pour tous Léo Lagrange. Au programme : proposition d’idées, débat et définition des projets, puis constitution des groupes de travail. Une nouvelle aventure pour ces citoyens et représentants du tissu associatif local.
Un dispositif revisité pour plus d’efficacité
Le conseil de quartier est né de la loi du 27 février 2002 sur la démocratie de proximité. Son premier laboratoire d’expérimentation est alors le 20ème arrondissement de Paris, qui a démontré les limites du dispositif : la mauvaise représentativité des habitants.
« Georges Frêche avait lancé une première amorce de réunions publiques, puis les premiers conseils de quartier ont été mis en place. Mais ils étaient gérés par des présidents désignés par la mairie. Cela n’était donc pas représentatif de la population », détaille Anny Foot, déléguée à la démocratie participative à la mairie de Montpellier.
Treize années plus tard, il semble que la ville ait souhaité donner un nouveau souffle à cet outil de débat public : « L’ancien fonctionnement ne convenait pas à notre nouveau maire (Philippe Saurel, ndlr). Il a donc choisi de faire un tirage au sort total, avec un critère de mixité et une proportion d’une association pour quatre habitants », explique Anny Foot. Judicieux, surtout lorsque l’on sait qu’au lancement du dispositif, les femmes et les jeunes étaient aux abonnés absents et les associations bien trop présentes.
Quand les « abstentionnistes » prennent la parole
Abstention ne rime pas avec désintérêt pour la politique. Si le phénomène progresse dans des quartiers prioritaires comme la Mosson, les habitants entendent bien participer au débat public. Et selon Anny Foot, « le fait de s’exprimer devant une assemblée, à l’échelle du conseil de quartier, peut sensibiliser au vote ».
Saïd Moussaoui fait partie des membres permanents du conseil de quartier de la Mosson. Représentant de l’association Les Pieds sur Terre 34, il a été désigné par le reste du groupe comme secrétaire du conseil. « J’habite la Paillade depuis 2002, je veux donc être acteur de la vie locale et contribuer au développement du quartier, lance-t-il. Nous irons jusqu’au bout de la démarche, car nous voulons nous faire entendre ».
Un objectif : exploiter le potentiel de la Mosson
Lors de la réunion, les membres présents prennent la parole chacun leur tour. Adil se charge de noter les projets et groupes de travail au tableau. Développer le lac des Garrigues, améliorer l’environnement de la Mosson, soutenir les jeunes… Les idées fusent. « Il y a beaucoup d’endroits insalubres ici, c’est donc l’environnement qui m’a poussée à participer à l’aventure », explique Nezha, 18 ans, étudiante en économie sociale et familiale.
De son côté, Issam, 20 ans, mise tout sur la jeunesse : « C’est un enjeu essentiel pour le quartier et la société, car elle représente l’avenir », argue cet étudiant en BTS Comptabilité. Les jeunes sont donc bien au rendez-vous de la démocratie participative. Mais qu’en est-il des femmes ? Ce jour-là, elles ne représentent qu’un tiers des membres présents. Elles sont également moins enclines à prendre la parole, lorsque les hommes et représentants des associations mènent la danse.
« A court terme, il faudra que l’ensemble du collège des habitants puissent être assez à l’aise pour s’exprimer. On y arrivera », conclut Kamel Bara, secrétaire adjoint du conseil et représentant d’association. Un message d’espoir pour la Mosson… Et pour la démocratie participative.
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