Inconnus du grand public et pourtant « maîtres du vin ». Dans le monde, seules 350 personnes peuvent se vanter d’un tel titre. Chaque année, professionnels et amateurs de vin espèrent réussir l’examen organisé par l’Institute of Masters of Wine afin d’entrer dans le très confidentiel cercle des « Masters of Wine » (« MW »).
Créé en 1953 en Grande Bretagne, l’examen de l’Intitute of Master of Wine est réputé comme le plus difficile dans l’univers du vin. À l’origine, l’objectif de cet institut anglais est d’élever le niveau des marchands de vin et de certifier les plus talentueux d’entre eux. Aujourd’hui, la liste des Masters of Wine compte des écrivains ou encore des journalistes spécialisés dans le vin. L’un des plus célèbres d’entre eux est la journaliste Jancis Robinson, devenue conseillère officielle de la cave de la reine Elizabeth II.
Le redoutable examen
Parsemé de bonnes bouteilles, le chemin qui mène au titre de « maitre du vin » n’est pas accessible à tous. Avant même d’espérer passer les épreuves, il faut formuler une demande auprès de l’Institute of Masters of Wine qui délibère de la candidature. La somme à débourser pour préparer l’examen peut également refroidir. Elizabeth Gabay, une anglaise expatriée en France et « MW » depuis 1998, estime qu’aujourd’hui, obtenir le titre de Master of Wine revient à 10 000 livres sterlings par an (soit 11 569 euros).
Une fois accepté, il faut au minimum trois ans pour remporter le titre. Ceux qui arrivent à la deuxième année passent l’examen final. Difficile, il est composé de deux épreuves : une partie théorique et une partie dégustation à l’aveugle. Comme l’explique Elizabeth Gabay, cette dégustation « est globale, il faut savoir estimer le prix du vin, les occasions dans lesquelles il peut être servi ». La partie théorique comprend des sujets de dissertation qui peuvent avoir trait à la viticulture, la vinification, le marketing, ou encore le business du vin. Les candidats ayant réussi ces deux épreuves font face à l’obstacle final : le mémoire de recherche. Une fois celui-ci validé, les candidats accèdent enfin au Graal : « maître du vin ».
Le club privé du vin
Décrocher cette distinction ce n’est pas seulement avoir le droit d’ajouter les initiales « MW » sur sa carte de visite. C’est avant tout faire partie d’un club privé très sélect, reconnu dans le monde viticole, qui ouvre de nombreuses portes. Comme l’explicite l’Institute of Masters of Wine sur son site internet, « le plus important est peut-être même de faire partie de l’institut. »
Etre « MW » permet avant tout de travailler dans toutes les sphères du vin et d’avoir un accès simplifié à une liste de contacts de haut niveau. « J’ai plus de facilité pour parler avec les plus grands viticulteurs et vignerons en étant MW, explique Elizabeth Gabay. Actuellement je suis en train d’écrire un livre, et je peux envoyer des e-mails aux gens, ils savent tout de suite que je suis sérieuse. Ça m’a ouvert beaucoup de porte. »
L’expertise des Masters of Wine est respectée et plébiscitée. Les appréciations décernées se transforment en « un code » que « toutes les personnes dans le monde du vin vont suivre », raconte Elizabeth Gabay. Ils sont sollicités lors des salons spécialisés et privilégiés pour dispenser des master class, comme pour le salon ViniSud. Durant trois jour, ils seront huit à passer par le salon montpelliérain.
Etre vu comme l’élite du vin implique aussi des responsabilités que l’Institute of Masters of Wine fait respecter à la lettre. Une fois l’examen réussi, les nouveaux membres signent un code de conduite conséquent. Ils ont l’obligation de le respecter au risque de perdre leur titre. Ce code encourage les « MW » à être honnête dans leurs appréciations et dans les affaires qu’ils mènent dans le milieu du vin afin d’éviter tous scandales pour maintenir le niveau d’excellence de l’institut.
L’expertise du vin en transition
Mais les Masters of Wine ne sont pas les seuls à être influents dans le secteur viticole. Le célèbre guide de Robert Parker a fait trembler plus d’un vigneron, il n’est pourtant pas Master of Wine, ni même sommelier.
Aujourd’hui, des nouveaux « experts » fleurissent sur la toile. « Il y a beaucoup de bloggeurs maintenant, qui ne sont ni sommeliers, ni Masters of Wine, qui n’ont aucune distinction et qui donnent des notes partout, analyse Elizabeth Gabay. Ils ont une grande influence. Peut-être qu’ils sont plus appréciés par les vignerons car ils sont moins dans la critique. » Selon elle, il y a un climat général dans la société contre « les experts » qui favoriserait l’influence de ces amateurs de vin non professionnels. Même si « nous sommes dans une transition », cette Master of Wine estime que « le titre reste encore une référence malgré la concurrence ». Pas d’inquiétude à avoir pour les futurs titrés, les Masters of Wine règnent encore en maître sur le monde de l’expertise viticole.
Catégorie(s) :Étiquettes : Vinisud