Des étoiles et des femmes : la cuisine pour se réinsérer

Par le 28 novembre 2017

L’entreprise sociale La Table de Cana donne un joli coup de pouce à une dizaine de femmes pour retrouver le chemin d’un emploi stable.

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« La cuisine c’était une passion pour moi, et puis ça me permettait d’avoir un diplôme et un emploi stable », explique Séverine Bonnier, diplômée en juillet dernier d’un CAP cuisine, quand on lui demande pourquoi elle a participé au projet Des étoiles et des femmes. Cette action, initiée en région parisienne par le Chef multi-étoilé Alain Ducasse, se déploie désormais dans plusieurs villes comme Bordeaux, Marseille, Montpellier et Nice. L’opération est rendue possible grâce à l’entreprise sociale La Table de Cana, un réseau de traiteurs engagés qui forment et recrutent du personnel en insertion. L’objectif est de permettre à des chômeuses de pouvoir intégrer un métier dans la restauration, et plus largement de les aider à retrouver le chemin d’un emploi stable. Le projet est né du constat qu’il y avait un fort taux de chômage dans les quartiers populaires, et d’autant plus chez les femmes, à cause de trois facteurs : un manque de formation, un manque de moyen de garde d’enfants et un accès à la mobilité compliqué. Deux autres constats ont été faits : les entreprises de la restauration et de la gastronomie peinent à recruter et les femmes sont sous-représentées chez les cuisiniers.

À Montpellier, la première édition a commencé en 2016 et une deuxième a débuté en septembre dernier. La formation est organisée sur neuf mois et alterne entre apprentissage professionnel à l’INFA (Institut National de Formation et d’Application) de l’Hérault et stages dans un restaurant étoilé de Montpellier. Pôle Emploi, partenaire du projet, verse un salaire – d’environ 600 euros par mois – aux participantes. Le Gess (Groupement d’entreprises sociales et solidaires), aussi partenaire, assure des aides aux participantes en matière de transport et de garde d’enfants.

Reprendre la scolarité pour avoir un diplôme

-502.jpgSéverine Bonnier, une mère célibataire de 44 ans faisait partie de la première promotion montpelliéraine. « Avant la formation, je travaillais une vingtaine d’heures par semaine en tant qu’auxiliaire de vie, j’étais aussi inscrite à Pôle Emploi et je touchais les Assedic » raconte-t-elle. C’est Pôle Emploi qui l’a appelée un jour pour l’informer qu’une réunion d’informations aurait lieu par rapport au Projet de CAP cuisine. Très intéressée, elle passe les sélections et parvient à faire partie des 13 femmes retenues. Séverine ne retire que du positif de cette expérience : « c’est super parce que j’ai eu mon CAP et que j’ai un travail maintenant !», s’enthousiasme-t-elle. Elle n’a pas pu transformer son stage en emploi, mais elle travaille actuellement à temps plein pour La Table de Cana, basée dans le quartier des Près d’Arènes à Montpellier. « J’ai encore besoin de pratique, donc c’est bien pour commencer » assure-t-elle.

Une autre participante, Milouda Zahaf, est une mère de trois enfants âgée de 51 ans. « Lorsque j’ai entendu parler du dispositif, cela m’a tout de suite intéressée parce que j’étais au chômage et que je n’avais pas un sou », explique-t-elle. Sa source de motivation était d’avoir un travail, et la cuisine lui plaisait : elle s’est alors lancée. Elle a passé les différentes sélections, comprenant tests de mathématiques et de français, avec succès. C’est comme cela qu’elle a « repris la scolarité avec plaisir ». Après avoir enchaîné plusieurs « petits boulots » dans la petite enfance ou le secteur industriel, elle a aujourd’hui son CAP cuisine et vient de signer un CDI dans l’entreprise qui l’a formée : le Vichy Thermalia SPA Hôtel à Juvignac. « J’ai de bons horaires, je travaille de 7h30 à 15h et je m’occupe des petits-déjeuners, du repas du personnel, et de la mise en place des tables pour le restaurant », précise Milouda.

Le programme, qui a été un succès avec 9 diplômées sur les 10 présentes à l’examen – et qui a permis à 5 d’entre elles d’être aujourd’hui en contrat stable -, est reconduit à Montpellier pour l’année 2017-2018.

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à propos de l'auteur

Auteur : Fanny Rousset

Intéressée par les sciences humaines, je me suis orientée vers la sociologie après le bac. Ce cursus m’a permis de travailler sur une grande diversité de thèmes de société : famille, travail, économie, environnement, éducation… C’est durant mes années de licence que j’ai envisagé le métier de journaliste. Ce métier me permettait en effet de pouvoir aborder des sujets divers et de questionner le monde. En conséquence, j’ai réalisé un stage en Presse Quotidienne Régionale (Midi Libre) en 2013. Aujourd’hui, je suis particulièrement sensible aux questions d’environnement, c’est pourquoi j’aimerais travailler pour un média comme Reporterre ou Actu-environnement par exemple. Je suis aussi intéressée par la presse locale.