« Comment parler ensemble sans parler d’une seule voix ? ». C’est la question que se pose Mariana Otero dans son documentaire L’Assemblée, en salle depuis le 18 octobre.
Pendant plus de trois mois, la réalisatrice a filmé les commissions, les ateliers et les débats citoyens, sur la place de la République à Paris. Lancé le 31 mars en réaction à la « loi travail », des milliers de personnes s’étaient rassemblées dans la capitale et les grandes villes pour protester contre les institutions politiques.
L’association Le Nouveau monde, créée il y a un an par trois amis, Corentin Pinel, Sébastien Torres et Franck Bernard, est à l’initiative de l’événement du 5 décembre prochain à 17h45, qui alliera projection du documentaire et conférence-débat sur Nuit debout.
Ce débat, «Nuit debout : un échec ? », sera alimenté par les interventions de plusieurs interlocuteurs. Emmanuelle Reungoat, maîtresse de conférence en Science politique et spécialiste des mouvements sociaux, apportera son analyse sur cet ensemble de manifestations. « Le mouvement Nuit debout a vraiment changé quelque chose en France », explique la spécialiste. « On peut considérer que c’est un échec en termes d’acte politique, mais ce qui est intéressant, c’est que l’événement a rassemblé des militants de toute étiquette confondue », ajoute-t-elle.
Autre particularité : « on a vu des citoyens en situation d’autogestion dans un contexte de grande défiance envers les politiques ». D’après la maîtresse de conférence, le mouvement a aussi permis de créer des réseaux d’interconnaissances, avec des militants susceptibles de se recontacter par la suite.
C’est ainsi que Corentin Pinel a rencontré Gaëlle Van Maslow à Paris durant les manifestations du printemps 2016. Cette dernière viendra également témoigner le 5 décembre en tant que fondatrice de Citoyens & Policiers, un collectif né après Nuit debout qui a pour vocation de (re)créer du lien entre la société civile et les forces de l’ordre. « Il s’agira de faire un diagnostic sur ce qui s’est passé », annonce Sébastien Torres, l’un des organisateurs de la soirée.
Utilisation de la violence, réappropriation de l’espace public, identité du mouvement… plusieurs thèmes seront abordés en interaction avec le public. « On pense aussi proposer aux spectateurs d’interagir avec les codes utilisés à Nuit debout », propose Corentin Pinel, qui sera l’un des modérateurs du débat. Ces codes : un langage des signes permettant d’éviter la cacophonie pendant les assemblées générales de Nuit debout.
Les membres du Nouveau monde, qui veulent « dépasser les clivages », proposent aussi aux autonomistes (ou anarchistes) de se joindre à la discussion après la projection du documentaire. Le débat promet donc d’être intéressant…et houleux.
Catégorie(s) :Étiquettes : Nuit Debout