Le compromis, trouvé in extremis lundi soir, garantit aux 125 000 membres de Tehy entre 22 et 28% de hausse sur 4 ans, dont 10% immédiatement, et une prime de Noël de 270€. Cela représente entre 350 et 650€ de plus sur les fiches de paie, selon l’ancienneté, la formation et le niveau de responsabilité. Leur réclamation initiale était une augmentation de 24%, soit le double de la proposition de KT.
Pour contourner le service minimum applicable en cas de grève, les infirmières ont conçu une tactique novatrice ; près de 16 000 membres de Tehy s’apprêtaient à démissionner avant Noël, si le conflit n’était pas résolu.
Pour la présidente de Tehy, Jaana Laitinen-Pesola, il n’y avait pas d’alternatives. « Si le niveau des salaires n’augmente pas de façon significative, il ne nous reste plus qu’à changer de branche ou à aller travailler en Suède, les salaires y sont supérieurs de 500 euros par mois ! »
D’après elle, le salaire moyen des infirmières correspond ainsi à 83% de la moyenne des pays de l’OCDE. Ce déséquilibre est dû au gel de leurs salaires depuis les années 1980.
Outre la méthode de Tehy, les mesures prises par l’Etat pour limiter les effets de cette crise sont également sans précédent.
L’urgence a incité le gouvernement à voter une loi de réquisition, prévoyant de forcer 2400 démissionnaires à assurer leur fonction. Malgré les protestations de Tehy et du parti social-démocrate, les réfractaires devenaient passibles d’amendes, voire de peines de prison en cas de décès des patients.
Par anticipation, des patients, femmes enceintes et nourrissons prématurés ont été tranférés dans des hôpitaux de Suède ou d’Allemagne. Certains services à Helsinki risquaient la perte de plus de 40% de leur personnel soignant.
Malgré la menace de mise en danger des patients, Tehy s’est appuyé sur le soutien entier et continu de l’opinion publique. « J’ai soutenu le mouvement. Le salaire qu’elles touchent est médiocre pour un travail aussi important. » Petteri a effectué son service civil dans un hopital, et déplore aussi les « conditions de travail peu réjouissantes. Le ridicule dans cette affaire n’était pas leur action, mais cette histoire de loi. Danger ou pas, on ne peut pas les réduire en esclavage ! »
Juhani Salonius, le médiateur des discussions a souligné que ce contrat du secteur municipal partiellement lié à des impératifs de productivité était une première.
« Ces dernières années, le nombre d’employés du secteur hospitalier a augmenté d’environ 1500 par an. D’après le contrat signé, si les effectifs de personnel sont les mêmes en 2010 qu’en 2006, les infirmières recevront une hausse de salaire de 2%, mais si plus de 1300 personnes rejoignent la profession chaque année, l’augmentation ne sera pas appliquée. »
L’Etat a d’abord refusé d’octroyer davantage que la dotation initiale, mais la crise a affaibli la majorité de centre-droit et. Pia Viitanen, vice-présidente du parti social-démocrate, a souligné l’urgence que représentait l’accord. «Tôt ou tard, nous devrons augmenter les salaires dans la fonction publique, pour faire face au manque de personnel, causé par le vieillissement de la population. Il ne faut pas attendre, nous en avons les moyens actuellement !»
La résolution de ce conflit risque d’aboutir sur une nouvelle crise, au sein même du Parlement cette fois-ci. La divergence entre celui-ci et l’opinion publique pourrait provoquer une remise en question de sa crédibilité.