Les gens seuls et déprimés sortent d’une longue période de souffrance. Noël seul au coin du feu avec pour point d’orgue l’ouverture de l’unique cadeau acheté dans l’après-midi. Le réveillon enfoncé dans le canapé, une coupe de champagne à la main, à regarder Patrick Sébastien. La fève forcément trouvée pour l’épiphanie dans le gâteau des rois individuel mangé pour l’occasion. Les quinze crêpes dévorées pour la chandeleur pour consoler sa solitude. Pourquoi leur infliger une énième soirée de déprime en leur rappelant qu’ils sont seuls ? Une soirée que ni le champagne, ni les crêpes, ni même Patrick Sébastien ne pourra égayer. Tout juste une moitié de cœur en papier crépon sur lequel pleurer. Car la Saint-Valentin se vit à deux ou ne se vit pas, contrairement aux autres fêtes.
Le 14 Février a longtemps été célébré comme étant la fête des célibataires et non des couples. Le jour venu, les jeunes filles se cachaient aux alentours de leur village et attendaient que les jeunes garçons les trouvent. Une tradition autrement plus sympathique. Aujourd’hui, en plus d’exclure les célibataires, la Saint-Valentin devient une vaste opération commerciale. Tant pis pour la poésie. Tant mieux pour les restaurateurs, les fleuristes et les opérateurs téléphoniques.
La froideur de donner à l’amour, sentiment incontrôlable, passion de chaque instant, qui doit nous brûler sans repos, un jour de manifestation. Encadrer bien rationnellement une flamme aussi folle, c’est lui enlever son essence même.
Après Halloween, les marchés de noël et bientôt la fête des grand-mères, la Saint-Valentin donne une nouvelle occasion de libérer le besoin compulsif de consommer à des «homo consomatus» aux crocs acérées. Si on joue le jeu en se déguisant en sorcière le 31 octobre et en amoureux le 14 février, on deviendra bientôt des dindes quand il s’agira de relancer l’exportation de volailles.
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