Christian Jeanjean: « Couderc ne tient pas Frêche à distance »

Par le 15 février 2010

Depuis la présentation de ses colistiers, vendredi 12 février à Palavas-les-Flots, Christian Jeanjean est pleinement engagé dans la campagne pour les prochaines régionales. Candidat dissident de la majorité aux prochaines élections régionales, il a accepté de répondre à Haut-Courant sur son programme, son frère ennemi Raymond Couderc, ou encore ses rapports avec le Front National.

Haut-Courant : Vous vous préparez à ces élections depuis votre départ de l’Assemblée Nationale, en 2007. Qu’est-ce qui vous incitait à penser alors que vous pouviez battre Georges Frêche ?

« J’étais responsable départemental de l’UMP, mes amis m’avaient demandé de me présenter aux régionales. J’ai soutenu Raymond Couderc au moment des sénatoriales. Il a répété qu’il n’était pas candidat à la candidature pour les régionales. Je me suis donc préparé, et il a finalement décidé de s’y présenter quand-même. Avec mon image et le soutien de mes amis, j’ai décidé de me maintenir. Cela n’a pas été facile de monter les listes, mais j’ai réussi avec les quatre leaders départementaux. J’entre pleinement en campagne aujourd’hui, et j’ai 5% assurés dans les sondages. J’ai déjà battu Georges Frêche en retirant ma commune de l’agglomération qu’il préside. Les gens doivent comprendre que je suis son seul adversaire réel. Couderc ne tient pas Frêche à distance. »

HC : Vous êtes maire de Palavas depuis 1989, vous avez été député de 2002 à 2007. Ces expériences vous apportent-elles des atouts pour mener campagne ?

« Réélu maire avec près de 75% des voix en 2008, j’ai toujours rempli mes contrats avec mes administrés. Et j’ai laissé mon siège de député alors-même que j’étais assuré de remporter les élections… »

HC : On vous avait pourtant reproché à l’époque votre manque d’assiduité à l’Assemblée nationale…

« J’ai préféré passer mon temps à rencontrer mes électeurs plutôt qu’à Paris. Je me suis associé à la création de plusieurs lois tout en restant à disposition de ma circonscription. Et j’agirai de la même manière si j’étais élu à la tête de la région. Comme dans ma mairie, je recevrai les habitants de la région, je resterai à leur écoute. »

HC : Si vous deviez donner quelques priorités d’actions pour la région, quelles seraient-elles ?

« Le problème majeur c’est l’emploi, avec 170 000 demandeurs de travail dans la région. Le logement, qui n’est pas de la compétence régionale, doit tout de même être un secteur d’intervention pour la région. Troisième priorité, la formation. Il faut mettre l’accent dans les secteurs porteurs d’emplois pour notre région, tels que la viticulture, le tourisme ou encore l’aide aux personnes âgées. Ce sont aussi dans ces domaines que la région doit agir. »

HC : Votre candidature ne déstabilise pas vraiment celle de Couderc, à la vue des derniers sondages. N’avez-vous pas le sentiment d’être davantage un diviseur pour la Droite, rendant plus difficile encore une victoire contre Frêche ?

« Je démarre avec 5%, ce qui est un beau score. J’ai cinq semaines devant moi, je sais que je peux battre Georges Frêche, d’autant plus que la Droite de Couderc est anormalement basse dans les sondages. »

HC : Dans le portrait que Midi-Libre accorde à France Jamet dans son édition de lundi 8 février, vous vous exprimez en termes conciliants sur la candidate du Front National. Tentez-vous de ratisser aux marges les plus extrêmes de l’électorat ?

« Je n’ai jamais traité avec le FN. Mais ce n’est pas en muselant un parti qu’on l’arrête. Les citoyens doivent pouvoir l’entendre, ils prendront leur décision ensuite. France Jamet a une responsabilité sur ses épaules, c’est celle de toujours rester tolérante. Je ne suis pas avide de pouvoir, j’ai laissé ma place de député en 2007 alors qu’on me donnait gagnant. Alors si je vais en région, ce ne sera pas par compromission avec le FN. Je veux y aller par conviction. Je suis maire parce que je pense apporter quelque chose à mes électeurs, et ce sera pareil au conseil régional. »

HC : Nous avons interrogé dernièrement Michel Crespy, sociologue politique, qui disait que vous pourriez être tenté d’appeler au vote pour Frêche entre les deux tours, par rancœur contre Couderc. Quelle sera votre position ?

« Je ne suis absolument pas prêt à appeler au vote pour Frêche! Si je peux atteindre les 10% et passer au second tour, je me maintiendrai. Sinon, je laisserai la liberté de choisir à mes électeurs. Mais je suis confiant. J’ai davantage de militants UMP sur ma liste que sur celle de Couderc. Aujourd’hui, il n’est qu’à 20% dans les sondages. Il doit se poser des questions… »

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à propos de l'auteur

Auteur : Alexis Cuvillier

Après une licence Droit-Science Politique et un master de Science Politique, il me tardait d'intégrer une formation qui m'apprendrait mon métier de demain. C'est chose faite désormais! Loin de mon Pas-de-Calais natal, j'approfondis mes connaissances sur le journalisme. Si la profession me tentait depuis le collège, c'est grâce à un stage à la locale de La Voix du Nord d'Arras que cette orientation s'est muée en évidence. Quand j'ai annoncé à mes amis que j'avais décroché un stage dans une locale, certains étaient un peu perplexes. Ils se demandaient quand même bien pourquoi j'allais passer mon été dans une ville de quarante-mille habitants vidée par l'appel de la mer, à couvrir une actualité pour le moins réduite... Et pourtant, ce stage a été une expérience des plus précieuses pour moi. J'ai compris, au contact des journalistes qui me parrainaient, que je me dirigeais vers un métier de passion, où les journées ne se ressemblaient pas, où chaque reportage était un nouveau départ, une nouvelle rencontre, une nouvelle information à livrer à celui qui vous lira peut-être. J'ai passé un an dans les coulisses de cette locale, couvrant quelques sujets chaque week-end. J'ai eu la chance d'y travailler en continu l'été dernier. Aujourd'hui, il me reste tout à apprendre. Le chemin sera sûrement sinueux. Mais au détour des difficultés, je garderai toujours en tête les sensations de cette première expérience révélatrice, sûr que la voie du journalisme est bien la bonne...