Tout en reconnaissant que sa chronique sur Dominique de Villepin était un peu « borderline« , Didier Porte a condamné fermement la manière dont il a été évincé de France Inter. Un abandon simple, une volonté à peine cachée de la part de la nouvelle direction de supprimer tout ce qui pourrait nuire au pouvoir en place, c’est comme cela que Didier Porte décrit les actions de Jean Luc Hees, président du groupe Radio France et de Philippe Val, directeur de France Inter. Mais si ce dernier lui a assené le coup final, c’est, toujours selon Porte, Nicolas Sarkozy qui aurait exigé son départ: « On s’est beaucoup foutu de sa gueule avec Guillon et ça l’a foutu dans une rogne noire, j’en suis convaincu. C’est lui qui a ordonné qu’on nous coupe la tête, » a-t-il affirmé.
Edwy Plenel a pour sa part analysé les actes de Hees et Val comme étant un « zèle de servitude. C’est rentrer dans une logique de règlement de compte, où le sang appelle le sang, ou l’obéissance appelle l’obéissance« .
Porte et Plenel contre Sarkozy
Le débat a ensuite naturellement glissé vers l’affaire Bettencourt. Quelle autre affaire a le mieux empêché les journalistes de fournir des informations au public? Edwy Plenel, dont l’organe de presse a révélé toute l’affaire, a expliqué durant la conférence que les pouvoirs publics ont interféré dans l’enquête judiciaire et journalistique afin de protéger un ministre en difficulté, Eric Woerth. Mais il met surtout en avant le fait que c’est Nicolas Sarkozy qui, à la demande de Liliane Bettencourt, aurait interféré dans la décision du juge Courroye.
En somme, dans ces deux thèmes, un dénominateur commun est revenu en boucle: le chef de l’État, Nicolas Sarkozy, doublement accusé de contrôler la presse et de lui cacher des informations concernant les deux affaires.
Les deux hommes de presse ont ensuite évoqué l’insuffisance de textes de lois sur le journalisme. Leur but était également d’éclairer le public sur la difficulté que le métier rencontre lorsqu’il s’agit de « tremper la plume dans la plaie« , comme l’écrivait Albert Londres. C’est chose faite. Et Edwy Plenel de conclure: « Il n’y a qu’une seule légitimité au métier d’informer, le droit à la critique, le droit à l’irrévérence, le droit à l’information qui dérange. Si on ne défend pas ça, c’est notre propre métier qu’on corrompt, qu’on abaisse. C’est la branche sur laquelle on est assis qu’on est en train de scier.«
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