Résumer Knight of Cups n’est pas chose aisée. Ce serait prendre le risque d’en limiter la grandeur, l’essence et la portée pour ceux sensibles à sa poésie et sa réflexion. Il y a pourtant des choses à dire, tant ce cinéaste aujourd’hui bouleverse son art et renouvelle son œuvre.
Le film commence par un conte qu’un père raconte à son fils : « Il était une fois un jeune prince que son père, le souverain du royaume d’Orient, avait envoyé en Égypte afin qu’il y trouve une perle. Lorsque le prince arriva, le peuple lui offrit une coupe pour étancher sa soif. En buvant, le prince oublia qu’il était fils de roi, il oublia sa quête et il sombra dans un profond sommeil… »
Liberté
Knight of Cups est un voyage, une errance de deux heures à travers le monde et ses perversions, ses immensités avec comme symbole Hollywood et Las Vegas. On y suit les déambulations d’un homme, Rick (Christian Bale) à la recherche d’une femme, d’une liberté, en quête de repères. On ne sait pas vraiment en fait. Il arpentera les souvenirs des femmes qu’il a connu, qu’ils l’ont aimé ou haï et de sa famille endeuillée et déchirée par la mort d’un de ses frères.
Terrence Malick a cette faculté incroyable et singulière de capter le beau partout. Une magie qui dans Knight of Cups opère à nouveau. Il suffit d’une seconde pour être saisi par la beauté de l’image. Elle se suffit à elle-même pour exprimer un sentiment, transmettre une émotion. Pas besoin de dialogue ni d’effets visuels. De la pure narration par l’image.
Une marque de fabrique forte servie par la spontanéité du cinéaste – la totalité des scènes sont improvisées – qui casse tous les codes classiques de la narration, du montage et des mouvements de caméra. Une liberté créatrice rare. Les acteurs n’ont que de vagues indications pour jouer. Ils ne sont que de belles marionnettes au service du cinéaste, qu’on rend belles comme on rendrait beau un arbre ou un coucher de soleil. Un drôle de luxe aujourd’hui d’avoir pour splendides marionnettes Cate Blanchett, Natalie Portman ou encore Freida Pinto.
Grâce infinie
Son film ne fait pas preuve d’humanisme, ni d’empathie – finalement on se moquerait presque du sort des personnages. Mais il est porté par une grâce visuelle indescriptible dont lui seul a le secret. Une véritable expérience sensorielle.
La mise en scène est inventive, expérimentale et d’une densité visuelle rare. La succession d’images, de corps en mouvement, de musique et la voix-off omniprésente créent un ensemble qui nécessite d’être emporté par le film sous peine de rester à quai. Et c’est peut-être sa principale limite. L’œuvre, sans dialogues et sans véritable intrigue, en déroutera plus d’un et suscitera l’ennui si l’on n’est pas conquis par ce poème visuel aux questions existentielles.
LA BANDE ANNONCE DU FILM :