Amateurs : Comme des pros

Par le 19 mai 2008

Le sport de haut niveau ne se limite pas au monde professionnel. Chez les amateurs, les statuts sont différents, les revenus aussi. Malgré des emplois du temps chargés, ces athlètes de l’ombre vivent pour leur passion. Parfois au détriment de leur vie de famille ou de leur carrière professionnelle. Parfois en harmonie. Loin du sport-spectacle, ces passionnés jonglent entre compétition et travail. Et même s’ils n’arborent pas le statut professionnel, ces amateurs sont des sportifs de haut niveau à leur manière qui donnent temps et forces à leur discipline.

D’amateur de sport au sport amateur,il n’y a qu’un pas. Que de nombreux sportifs du dimanche franchissent pour faire de la « compet’ », parfois à haut niveau. Tour d’horizon des acteurs du sport amateur à travers le regard d’entraîneurs, de joueurs et d’employeurs.

LES ENTRAINEURS

Ce sont les premiers confrontés aux problèmes pratiques mis à jour par cette dualité vie professionnelle-vie sportive. Entre gestion des entrainements, des déplacements -parfois longs et compliqués- et l’extrasportif, leur temps libre est compté. « Entre mon travail de professeur d’EPS (vingt heures par semaine), les entraînements quotidiens de l’équipe, les réunions avec les dirigeants, c’est lourd à gérer, reconnaît Thierry Villa, entraîneur de l’équipe CFA2 d’Agde. A l’Education nationale, je suis en congés début juillet et le foot reprend vers le 6. Je n’ai donc pas le temps de prendre trop de vacances. »

Compréhensif, il tâche de mettre son effectif dans les meilleurs conditions. « J’en fais mon devoir et j’essaye de toujours être à l’écoute des joueurs. En période de préparation, les matches amicaux se déroulent en semaine pour permettre aux joueurs de profiter de leur famille le week-end. Ce qui n’est pas le cas le reste de la saison », indique-t-il.
Pour le président du club de hockey sur glace des Vipers de Montpellier, Marc Fornagera, cumuler sport et emploi ne peut être que bénéfique pour les joueurs. « Travailler leurs permet de rester dans les contraintes du réel ».

« C’est une question de mental, il faut savoir ce que l’on veut. Une bonne hygiène de vie est indispensable »

LES JOUEURS

Dans certains cas, les amateurs jouant à bon niveau bénéficient d’aménagements particuliers. C’est le cas de Julien Favier, joueur d’Agde et fonctionnaire de police. L’emploi du temps est aménagé selon la règle du « tiers-temps » qui profite aux « sportifs de valeur nationale ».
« Cela fait cinq ans que j’ai ce statut, confie Favier. Je dispose de 70 jours par an pour les stages et les entraînements. Pour les prendre, c’est un arrangement personnel avec le service dans lequel je travaille. »
Pour obtenir ce statut en football, il faut au minimum évoluer au niveau CFA 2 (bientôt limité à la CFA) et être présent sur la feuille de match. En contrepartie, le sportif policier se trouve dans l’obligation de jouer en équipe de France de police. Le rythme est soutenu, la saison longue.
« Le plus dur est la récupération. Entre les matches de championnat, ceux de l’équipe de France et le travail hebdomadaire au commissariat, j’arrive au bout du rouleau », concède Julien Favier sans faux semblant. Et d’ajouter, « sans ce statut particulier, ce serait encore plus dur pour moi de jouer à haut niveau ».
Pour les sportifs employés municipaux, la réalité est différente. Luc Villalonga, joueur agathois, travaille pour sa mairie. Il fait 35 heures par semaine et commence tôt le matin afin de se rendre disponible pour les entraînements. « C’est une question de mental, il faut savoir ce que l’on veut. Une bonne hygiène de vie est indispensable ».

LES EMPLOYEURS

Les arrangements avec les employeurs sont très variables. Certains sont compréhensifs, d’autres le sont moins. Dans le privé, le soutien aux sportifs dépend du bon vouloir du patron. Dans le service public le phénomène semble mieux accepté. Ainsi la police met-elle les athlètes dans les meilleures conditions.
Côté municipalité, le regard diffère. « Le joueur fait ses heures normales pour la Mairie, on adapte son emploi du temps en fonction des entraînements, précise M. Paiola, élu aux Sports de la mairie de Sète. 30 ans en arrière, le club trouvait du travail aux joueurs, parfois en accord avec la mairie mais cela est moins d’actualité. » Et l’élu d’ajouter : « C’est une solution sérieuse que de privilégier un contrat amateur cumulé avec un emploi car le sport ça n’a qu’un temps et tout le monde ne peut pas percer. Il faut avoir la tête sur les épaules. »

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