Touchées par la grâce. Deux femmes, Thérèse et Carol, une rencontre, un amour, un interdit. Dressé dans le contexte des années 50, ce mélodrame impose un schéma simple mais d’une finesse étincelante. La grandeur et la portée de l’œuvre ne sont pas le fruit du hasard. Todd Haynes aime « les fifties » et démontre une capacité de reconstitution incroyable. En s’amusant avec ses costumes et ses décors, il restitue l’âme et l’élégance d’une époque, donnant à ses œuvres, et particulièrement à Carol, un classicisme flamboyant tout en gardant une idée de réel historique.
Inscrire une aventure homosexuelle dans une époque réfractaire à cette idée n’est pas anodin. Mais au lieu de jouer sur l’interdit de cette liaison, il focalise son film sur le désir inhérent, sur l’amour inéluctable des deux protagonistes. Et c’est là que le film emporte la mise, par sa sincérité.
La composition de ses cadrages et le placement de sa caméra sont d’une justesse rare. Pas de fioritures, pas de mouvements brusques mais un sens de la mise en scène dans son terme le plus pur. Une élégance qui prend la pleine mesure de son époque, de ses codes, de ses décors et ses costumes tout en mettant en exergue la moindre des attentions : un regard, un sourire, une caresse, une hésitation. Une manière éblouissante de filmer la pudeur des sentiments.
Bercée par les mélodieuses touches de piano de Carter Burwell – qui signe une sublime bande originale – l’œuvre affiche une délicatesse et une sensibilité sans égal. Une émotion palpable qui doit beaucoup à Cate Blanchett et Rooney Mara. La première illumine chaque plan de sa prestance, la deuxième bouleverse par son authentique sincérité. Elles animent au détour d’un regard ou d’un geste toute la complexité de leur relation attisée par l’ardeur d’une flamme qui refuse de s’éteindre. Comme le souvenir d’une étreinte qui vous hante. Somptueux.
La bande annonce du film :