Il ne faut pas se fier aux apparences. Ce pavé de 670 pages pourrait en effrayer plus d’un au premier abord, mais il s’agit en fait d’un page-turner à la française redoutable. Une fois lancé, difficile de s’arrêter. Ce roman aux multiples tiroirs plonge le lecteur au cœur du processus créatif, avec la naissance d’un roman dans le roman. Les histoires s’enchevêtrent et s’entremêlent pour ne laisser aucun répit jusqu’à la dernière page.
L’intrigue est simple. Le 30 août 1975, dans le New Hampshire, Nola Kellergan, une adolescente de 15 ans disparaît sans laisser de trace tandis que la dernière personne à l’avoir aperçue est assassinée.
Au printemps 2008, aux prémices de l’élection présidentielle, Harry Quebert, écrivain renommé est arrêté suite à la découverte des ossements de la victime dans son jardin. L’Amérique apprend stupéfaite qu’il entretenait une relation secrète avec la jeune fille, 33 ans plus tôt. Il était alors âgé de 34 ans.
Au même moment, Marcus Goldman, jeune écrivain érigé au rang d’auteur à succès suite à son premier roman, souffre de la maladie des écrivains. La fameuse crise de la page blanche. Immédiatement, il quitte New York pour Aurora afin d’innocenter son seul ami et mentor en faisant fi des suppliques de son éditeur qui lui réclame un nouveau manuscrit.
C’est le récit d’un amour impossible entre Nola et Harry bien qu’il soit plus spirituel que physique.
C’est le portrait sociologique d’Aurora, New Hampshire, une petite ville sans histoire où les habitants sont rongés par de terribles secrets, d’impénétrables non-dits.
C’est le parcours initiatique de Marcus qui va affirmer son statut d’écrivain en déterrant les secrets les plus sombres de celui qui lui a tout appris.
L’enquête que va mener Marcus pour blanchir Harry, alterne entre la vie d’aujourd’hui à Aurora et celle des années 70. En revenant sur la genèse de cette disparition, elle donnera lieu à de nombreux rebondissements. Marcus ne pourra en décrocher avant d’en avoir découvert les arcanes les plus profonds… le lecteur non plus !
Joël Dicker [[Après, Les derniers jours de nos pères, ce deuxième roman de Joël Dicker a reçu le Prix Goncourt des lycéens et le Grand Prix du Roman de l’Académie française 2012.]], réalise un thriller magistralement bien construit à la fois léger et grave. Il nous dresse le portrait d’une Amérique moyenne qui n’hésite pas à couvrir d’opprobre ceux qu’elle a glorifiés hier. Il décrit le monde sans pitié des médias, le rôle dictatorial de celui de l’édition, les affres de l’écriture et de la création artistique.
En structurant son livre en 31 chapitres correspondant à 31 conseils pour écrire un grand roman, Joël Dicker nous donne une grande leçon de littérature. Il ne manque pas d’appliquer la règle numéro 4 : «Lorsque vous arrivez en fin de livre Marcus, offrez à votre lecteur un rebondissement de dernière minute…il faut garder le lecteur en haleine jusqu’au bout». C’est réussi !
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