La Cie 1 watt sur les traces du burlesque Buster Keaton

Par le 19 mai 2008
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La Compagnie 1 watt a surpris plus d’un passant lorsqu’elle a présenté son spectacle « Le Mur » sur la place de l’ancienne mairie à Castanet. « Qu’est-ce qui se passe, un SDF est en train de construire sa maison ? » se demandait l’air amusé un jeune homme. Sous un beau soleil printanier, l’espace urbain a servi de décor au jeu burlesque des deux facétieux comédiens Pierre Pilatte et Alexandre Théry. Des briques rouges utilisées pour construire le fameux mur sortaient comme par miracle des buissons ou d’une bouche d’égout. Pendant quelques instants, l’agence immobilière bordant la place a même servi de scène aux comédiens devant le regard stupéfait du personnel. « C’est très drôle de les voir jouer avec le public », se réjouissait Estelle, une passante qui s’est finalement attardée toute la durée du spectacle.

L’histoire est celle de deux ouvriers dont l’unique objectif consiste à construire un mur. Un mur quelque part sur une place, qui perturbe, questionne. Un mur qui nous renvoie non seulement à un univers chargé (Berlin, Mexique…) mais aussi à une expérience du quotidien.
Derrière les mimiques clownesques des personnages s’est esquissée une réflexion sur la condition humaine à l’image de la pièce « En attendant Godot » de Beckett. « Il s’agit d’explorer les relations entre les hommes et leur rapport au travail » explique le metteur en scène Sophie Borthwick. La déshumanisation n’est jamais bien loin. Provoquée par la répétition infinie des mêmes gestes, celle-ci est bien illustrée lorsque l’un des maçons décrit avec une ironie cruelle son acolyte : « Ceci n’est pas une machine, un outil, une machine-outil ou un machin, ceci est une homme, mon collaborateur doté d’une membrane élastique et douce au toucher » articule-t-il comme un automate.

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Cette déshumanisation confine parfois à la folie quand les deux ouvriers répètent jusqu’à l’absurde « une brique est une brique » ou « le travail bien fait ». « C’est vraiment du bon boulot même s’il y a quelques longueurs. Cela me fait penser à Buster Keaton. J’ai aimé et je serai là pour la suite ! » s’est exclamée Claude à l’issue de la première partie. Le spectacle s’est prolongé le lendemain, rythmé par trois chapitres distincts : les voisins, la frontière et la fuite. La fable philosophique s’est terminée avec la destruction joyeuse du mur qui a finalement résonné comme une belle promesse de liberté…

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