C’est un baiser qui a fait le tour de la planète, qui est encore plus célèbre que celui de Doisneau.
Dans l’imaginaire collectif, il a une forte charge symbolique. En témoigne sa popularité sur l’East Side Gallery: mitraillée par des nuées d’appareils numériques ou toile de fond pour l’interview d’un politique, l’image fait désormais partie du patrimoine berlinois.
Aussi, au printemps 2009, la municipalité a invité Dmitry Vrubel à immortaliser à nouveau l’image qui a fait sa renommée.
Dans son ombre, et surtout, derrière la célèbre illustration, il y a Régis Bossu, l’auteur du cliché qui a servi de modèle à l’artiste russe.
Durant plusieurs années, ce photographe français a couvert l’actualité allemande, notamment le 30ème anniversaire de la RDA. Ainsi, le 5 Octobre 1979, il se trouve dans la résidence des invités d’honneur et assiste aux discours des politiques, aux échanges de cadeaux diplomatiques.
Mal placé parmi la foule de photographes, il n’a d’autre choix que de zoomer au maximum avec son objectif Nikon 80-200mm pour éviter les têtes de ses confrères. Et quand Erich Honecker et Leonid Brejnev s’embrassent, il est le seul braqué sur leurs visages.
Quelques jours plus tard, les deux dirigeants de l’Est s’exposent en gros plan dans la double page titrée «Le Baiser» que Paris Match leur a consacré. Le choc de la photo n’a pas échappé à l’ Oeil de la rédaction, Roger Thérond. Elle fera le tour du monde. Et, lorsque l’artiste russe Vrubel la découvre, il se promet de la reproduire un jour en format géant sur un mur.
L’occasion lui sera donnée onze années plus tard, dans le quartier de Friedrichshain, là où le plus grand pan du Mur de Berlin est devenu East Side Gallery.
Pourtant, cette photo n’a jamais rendu Régis Bossu réellement célèbre. Jamais son nom n’a été cité pour la reproduction du Baiser.
Trente ans après l’immortalisation du cliché, les organisateurs de la restauration de l’East Side Gallery lui ont rendu hommage en l’invitant à présenter une rétrospective de son oeuvre à l’East Side Hotel et à rencontrer Dimitri Vrubel (qui repeignait alors le Baiser).
Beau joueur, le français à remis au peintre russe la photographie originale prise en 1979, lui glissant: «C’est pour vous aider à repeindre le baiser sur le Mur»
Dans le Berlin de 2009, le photographe a rencontré son Baiser à de multiples reprises: sur des tasses, cartes postales, tee shirts…les articles déclinés sont légion.
Parmi les touristes qui les achètent, d’aucuns connaissent l’origine de l’image qui y figure. Qu’importe, Régis Bossu sait que sa photo de presse appartient déjà à l’Histoire.
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