Le dernier rapport du Giec porte un regard sans concession sur le changement climatique. En effet, il pointe du doigt la responsabilité des activités humaines sur l’augmentation des gaz à effet de serre. Élévation du niveau des mers, fonte des glaces et des banquises, événements extrêmes plus réguliers : les preuves sont accablantes et les États ne peuvent plus fermer les yeux. C’est aussi le message que le climatologue Jean Jouzel veut faire passer. Le co-lauréat du Prix Nobel de la paix 2007 (décerné conjointement au Giec et à Al Gore) veut faire bouger les lignes.
« L’abandon de l’écotaxe est un désastre »
Dans cette optique, il se félicite du vote à l’Assemblée nationale de la loi sur la transition énergétique. Jouzel est content d’y voir figurer le « facteur 4 » (division par quatre des émissions de CO2 à horizon 2050), la division par deux de la consommation énergétique finale en 2050 ou encore la baisse de 75 à 50% de la part du nucléaire pour 2025. Plus important, il se satisfait de l’objectif de porter à 32% la part des énergies renouvelables en 2030. Malgré tout, le glaciologue se veut pragmatique : « Cette loi est certes une avancée mais le problème reste sa mise en œuvre concrète ».
Il faut dire que le rétropédalage sur l’écotaxe de Ségolène Royal, ministre de l’écologie, n’incite guère Jouzel à l’optimiste. Lui, le breton de naissance, considère l’abandon de cette manne fiscale comme un « désastre ». Il regrette tout autant la récente démission de Christian de Perthuis, alors président du Comité pour la fiscalité écologique, qui dénonçait lundi dernier dans Le Monde « la logique comptable du gouvernement » concernant l’écologie.
« Deux scenarii possibles »
Alors que se profile fin 2015 la conférence Paris climat (COP21), Jean Jouzel annonce qu’un « accord global ambitieux » doit déboucher de la réunion placée sous l’égide de l’Onu. « Deux scenarii sont possibles : soit on ne fait rien et par conséquent, la température à la fin du siècle aura augmenté de 4°C, soit on signe un accord historique qui nous permettra de limiter le réchauffement de 2°C ».
Cependant, les discussions risquent d’être particulièrement tendues entre les pays développés et les pays émergents. Selon l’expert, ces derniers seraient prêts à faire des efforts si les grandes puissances montrent l’exemple et surtout tiennent leurs promesses sur le Fonds vert pour le climat.
« Un autre mode de développement est possible, c’est avant tout un choix politique », déclare Jouzel. La Chine, premier pollueur du monde, loin devant les États-Unis et l’Union européenne, possède les arguments pour convaincre l’administration Obama d’un changement immédiat. Elle avait déjà réussi son coup à Durban, en 2011. La découverte du gaz de schiste et son exploitation croissante outre-Atlantique n’engagent pas à l’optimisme quant on connaît le poids du secteur fossile – et surtout pétrolier – dans les émissions de gaz polluants. Faire évoluer les mentalités : voici la première étape du défi climatique.
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