Le prix Goncourt, c’est le Graal des prix littéraires. Mais au fil du temps, son petit frère, le Goncourt des Lycéens est devenu une autre référence. Le Goncourt a été décerné le 6 novembre et celui des lycéens, le 16. De quoi parlent-ils, l’un est-il plus dur à lire que l’autre ou plus soporifique? Lequel se vend le mieux ? Comptez les points, le match démarre !
Difficulté de lecture : Goncourt des lycéens 1 – Goncourt 0
Le Goncourt détient une réputation de lecture « intellectuelle ». Florence Hochet, libraire chez Sauramps, trouve l’écriture d’Alice Zeniter plus accessible que celle d’Éric Vuillard. Les « Tire-jus », « apophtegme », « esquicher » dans les premières pages du Goncourt peuvent effrayer. Le public qui achète le Goncourt est « un public averti », signale Florence Hochet.
Aline Huille confirme : « L’écriture d’Éric Vuillard est plus mature. C’est un ovni littéraire. Il travaille à partir d’archives pour écrire ses livres ».
Mais l’auteure du Goncourt des lycéens n’est pas une débutante de l’écriture pour autant : « Alice Zeniter est une femme brillante. Son livre est touchant, bouleversant…Mais ce n’est pas larmoyant non plus ».
La thématique : match nul
Les deux livres primés s’inspirent de faits historiques. L’ordre du jour nous révèle les prémices de la Seconde guerre mondiale, de l’arrivée d’Hitler au pouvoir à l’Anschluss. Il souligne la veulerie du pouvoir alimenté par le soutien financier des industriels allemands. « L’histoire est une manière de regarder le présent » expliquait l’auteur dans le Figaro .
Le Goncourt des Lycéens relate l’histoire d’une famille sur trois générations, de l’Algérie Française à nos jours. Comme le souligne Aline Huille, libraire du Grain des Mots, «ce livre c’est aussi la vie romancée de l’auteur». Elle a découvert lors d’un repas de famille que son grand-père était un harki. Ce roman sur l’exil peut aussi renvoyer à la crise actuelle des migrants.
Nombre de pages : Goncourt 1 – Goncourt des lycéens 0
Même si cela semble superficiel, la longueur du livre est cruciale. Si l’épaisseur du Goncourt des lycéens avec ses 506 pages vous terrifie, votre préférence ira pour le Goncourt avec ses 150 pages.
Prix : Goncourt 1- Goncourt des lycéens 0
Le prix est toujours important pour l’acheteur. L’ordre du jour est à 16 euros alors que L’Art de perdre coûte 22 euros.
Ventes : Goncourt des Lycéens 1 – Goncourt 0
Les prix de cette année viennent seulement d’être attribués, mais pour le moment, le Goncourt est le mieux vendu à Sauramps, comme nous l’indique Florence Hochet, responsable littérature du magasin. Le 17 novembre 2017, 273 exemplaires de L’ordre du jour ont été vendu contre 189 pour le prix lycéen. Toutefois, il faut prendre en compte la date de sortie des deux livres : le Goncourt a été publié en mai alors que celui des lycéens est paru en août.
Pour les livres primés l’an dernier, c’est le Goncourt des lycéens qui remporte la partie à Sauramps. En effet, Petits pays de Gaël Faye a été vendu à plus de 780 exemplaires alors que le Goncourt remporté par Leïla Slimani avec Chanson douce a été vendu à 397 reprises (l’édition poche n’est pas pris en compte) au 17 novembre dans le magasin. Ces dernières années, le Goncourt des Lycéens est plus vendu que le Goncourt. La moyenne des ventes est de 395 000 exemplaires alors que le Goncourt est en moyenne vendu à 345 000 exemplaires.
Bilan : 3 à 3, égalité !
La concurrence est rude entre les deux lauréats ! Mais les deux libraires montpelliéraines recommandent de ne pas choisir et de lire les deux livres primés. « C’est de la bonne littérature. C’est un gage de qualité », assure Florence Hochet. « Il faut lire les deux », affirme Aline Huille. Elles insistent sur la liberté et les préférences personnelles de chaque lecteur. Pour elles, le plaisir de lecture sera, à coup sûr, au rendez-vous.
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