Rania Yasin est née le 31 août 1970 au Koweït, de parents palestiniens. Sortie de la Nouvelle Ecole anglaise du Koweït, elle obtient un diplôme en gestion à l’Université américaine du Caire, le Bachelor’s degree in Business Administration. En 1991, elle suit ses parents dans la capitale jordanienne, contrainte de quitter le Koweït en raison de la Guerre du Golfe. Là-bas, elle travaille pour Citybank, puis pour Apple en tant que chargée d’affaires. Tout s’accélère le juin 1993, lorsque Rania épouse le prince Abdallah II, et qu’elle devient la princesse du royaume Hachémite de Jordanie. Les époux deviendront roi et reine au décès du père d’Abdallah, le 7 février 1999. Le prince Abdallah avait été désigné à la succession assez tardivement en raison de ses origines britanniques. Entre temps, Rania ne s’est pas abandonnée à la vie de château.
Un engagement royal en faveur des plus démunis
Déjà en 1995, la princesse créait la Fondation du Jourdain dans un but économique et social, qui permit à de nombreuses femmes de reprendre une activité salariée. En plus de la création de centres de protection des enfants contre les abus sexuels et les violences, elle est également l’initiatrice du programme NetAid World Schoolhouse, destiné à favoriser l’accès à l’éducation. Qualifiée par l’Unicef de premier « Eminent défenseur des enfants » le 26 janvier 2007 au Forum économique mondial de Davos, la reine Rania ne cesse de s’investir dans différents programmes de soutien aux victimes de guerre. En mai 2007, elle lance un appel mondial pour l’aide aux enfants iraquiens : « Pour les enfants pris dans l’engrenage de la violence, la situation a atteint un point critique. Les enfants sont devenus les premières victimes du choléra en Iraq et nous redoutons une vaste épidémie de cette maladie avec la chaleur de l’été. Moins de 30 pour cent des enfants iraquiens peuvent boire un verre d’eau potable. Et à cause de l’insécurité qui règne dans de nombreux secteurs, il est de plus en plus dangereux de se rendre même dans les centres de santé. Un Iraquien sur dix souffre de malnutrition aiguë ». Humaniste inconditionnelle, Rania de Jordanie combat la misère sur tous les fronts. Elle a d’ailleurs défendu avec enthousiasme le micro crédit –qui vaudra à son concepteur le bangladeshi Muhammad Yunus le prix Nobel de la paix en octobre 2006. La reine est également à la tête de l’Institution Internationale contre l’ostéoporose, et préside de nombreuses sociétés de bienfaisance. Santé, éducation, et protection des personnes sont donc les principaux combats de cette mère de quatre enfants. La jeune reine de 38 ans n’en est pas à sa première action pacificatrice.
L’élégance : une arme diplomatique
Elue « reine la mieux habillée du monde » par Vanity Fair en 2005, la reine est une grande amatrice de haute couture. Ceci ne contredit pas forcément sa lutte contre la pauvreté. D’une part, elle a refusé de se faire offrir un diadème de deux millions de dollars pour la cérémonie de son accession au trône, préférant emprunter celui de sa belle sœur. D’autre part, la féminité et la coquetterie de la reine constituent bien un message politique. Musulmane d’origine palestinienne, Rania ne porte pas le voile –ce qui lui vaut les critiques des intégristes religieux-.
Elle déclare qu’elle se battra pour l’émancipation des femmes dans les pays musulmans. Les conservateurs s’arrachent les cheveux quand la reine de Jordanie annonce qu’elle va lutter contre les « crimes d’honneur », les meurtres – rendus légaux par la Charia- des femmes accusées d’avoir « déshonoré » leur famille. Et quand elle livre sa vision de l’Islam, elle ne manque pas d’alimenter les querelles idéologiques, notamment en février 2007, lorsqu’elle déclare dans le quotidien italien Corriere della Sera : « Imposer un voile à une femme est contraire aux principes de l’Islam ». Porter un tchador doit être un « libre choix personnel ». Bien plus qu’un engouement pour la mode, l’apparence de la reine constitue une véritable arme politique et diplomatique, qui suscite tantôt l’admiration des modérés, tantôt l’agacement des traditionalistes. Mais dans les faits, l’investissement humanitaire de Rania de Jordanie envers les plus démunis fait d’elle une véritable reine de coeur.