« Kokolo » ou « les assoiffés de rythmes Africains », offrent un afro-beat pur, efficace. Formé à l’aube du 21éme siècle par Ray Lugo, un ancien musicien de la scène punk rock New-Yorkaise, ce groupe a su développer un groove incroyable en réunissant l’énergie du hip-hop, du funk et de la Latin Jazz. Le tout noyé dans un tourbillon afro-beat. Le dernier album de « Kokolo », « Love International », est sorti en novembre 2007. Quant à l’aspect « conscient » du groupe, il est renforcé par sa participation cohérente dans une variété de projets et des concerts en faveur de différentes causes (environnement, Darfour…). A cocher immédiatement sur l’agenda : la soirée du 14 mars. Les oreilles montpelliéraines vont trembler pour une nouvelle « Cosmic groove session » au Jam [[100, Rue F. de Lesseps 34000 MONTPELLIER,
21,70 €, 04 67 58 30 30]].
« Who Is This America ? »
A l’image du succès de « Kokolo », se développe aux Etats-Unis, et particulièrement à New-York, une scène afro-beat importante. Un grand coup de cœur pour « Antibalas » : c’est comme un grand verre de sangria. Plein de saveurs. Leur musique jazz, funk, afro-beat donne le sourire. Personne ne peut rester sur place sans danser lorsque la chaleur des cuivres se mélange au rythmes des percussions. Définitivement à voir en concert avec une bonne paire de chaussures.
La génèse d’Antibalas remonte à 1997 avec la volonté de Martin Perna, son fondateur, de prendre la relève de Fela Kuti disparu cette même année. « Pendant des années, nous avons vu que les habitants des pays du Tiers-Monde supportaient des injustices innombrables. Et maintenant de telles injustices arrivent de plus en plus souvent sur les rivages américains. Nous l’avons senti depuis longtemps, mais maintenant c’est devenu un grand, grand problème. » « Antibalas » a donc poursuivi la tradition politique de l’afro-beat. En témoigne « Who Is This America ? » leur troisième album sorti en 2004, l’année des élections. Le nom du dernier album « Security » (2007), en dit long également. Leur combat : véhiculer l’image d’une autre Amerique. Une Amerique humaniste qui croit que l’argent ne peut pas tout acheter, qui pense que la force n’est pas un moyen de faire justice et qui refuse le système Bush.
Quand on écoute « Nomo », on pense «Antibalas». Des points communs, New-York et le style musical, mais une touche spéciale. Totalement inconnu en France jusqu’à peu, ils ont sorti un premier album début 2005. Moins africain dans l’âme mais tout aussi excellent. Un deuxième album est sorti en juin 2006 : « New Tones ». Le résultat est complètement novateur. Un côté jazzy, cuivré, grooveux. Dans un style moins en transe, moins long aussi que celui du maître. Et des cuivres imbattables.
Petit Crochet par le Canada : le dernier album de « SoulJazz Orchestra », « Freedom No Go Die », est en écoute en ce moment dans toutes les fnac. Casque sur les oreilles, là aussi, on ne peut que se trémousser en plein milieu du magasin.
Déferlante en Afrique
En Afrique, on assiste à une véritable déferlante afro-beat depuis que Fela a crée cette musique. Le DJ anglais Miles Cleret a sillonné le Ghana, l’autre pays de l’afro-beat, pendant près de deux ans, à la recherche de 45 tours. A l’arrivée, deux volumes d’une compilation incontournable, sortis en 2005 : « Ghana Soundz ». L’afrique, Fela, James Brown, tout est là, en concentré! Un voyage dans le temps.
En Ethiopie, un genre d’afro-beat s’est imposé sur une durée très courte (1969-1975) : l’ethio jazz. Cette période correspond à une certaine libéralisation des mœurs dans le pays. De nombreux artistes éthiopiens peuvent alors créer librement. Un groove à la fois moderne et roots, qui comme l’afro-beat à la Fela Kuti, a su s’inspirer des musiques occidentales sans oublier les traditions musicales importantes. Toutes ces perles ont été rééditées à travers plus d’une vingtaine de compilations : les « Ethiopiques ». Un best of vient d’ailleurs de sortir.
Médaille des arts et des lettres
En Europe, l’afro-beat peine à se démocratiser. De grands noms parviennent néanmoins à tourner. Comme Tony Allen, le batteur de Fela Kuti. Quant à Manu Dibango, son « Soulmakossa » a fait de lui un homme célèbre. Le camerounais fait ses études en France, puis tente sa chance en Belgique. Un démarrage de carrière difficile, des allers-retours entre l’Europe et l’Afrique. Mais finalement des tubes dans les deux continents et même en Amérique. Celui qui est considéré par beaucoup comme le précurseur de la musique africaine «moderne» reçoit le 14 mars 1986 la médaille des Arts et des Lettres par le ministre de la culture français, Jack Lang. En mai 2004, Manu Dibango est nommé « artiste de l’Unesco pour la paix » par le Directeur général de l’organisation, Koïchiro Matsuura, « en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle au développement des arts, de la paix et du dialogue des cultures dans le monde.» L’infatigable Manu Dibango a sorti en mars 2007 : «Manu Dibango joue Sydney Bechet», un hommage au compositeur et instrumentiste noir-américain originaire de la Nouvelle Orléans.
Petit-à-petit, l’afro-beat fait son nid dans le monde de la musique. On trouve des représentants même en Suède, en Israël. [« Fanga »->
http://www.afrofanga.com/], le groupe « ambassadeur » de l’afro-beat en France, comble avec talent le vide dans notre pays. Un afro-beat évolué, aux sonorités électro. Une ouverture d’esprit aussi, une simplicité qui fait du bien.