Déjà en 1999, la fusillade au lycée Colombine qui avait fait 13 morts, avait choqué l’opinion publique. Le cinéma a depuis mis en scène ce massacre à travers Bowling for Columbine de Mickael Moore ou Elephant de Gus Van Sant.
Depuis, les même scènes se répètent régulièrement dans le monde. Aux USA, comme dans le Minessota en 2005, le plus gros massacre à ce jour étant la fusillade de l’université Virginia Tech en 2007 aux états unis où un étudiant avait tué 32 personnes, avant de se suicider. Mais, l’Europe n’est pas en reste. En Finlande l’année dernière, un adolescent a fait 10 morts dans un lycée professionnel.
Le débat est alors relancé sur les questions du contrôle des armes à feu, de la sécurité dans les écoles et de l’impact des jeux vidéo, de la musique et des films violents, sur les jeunes.
La France n’a pas encore été confrontée à de tels drames
Cependant, la violence dans les lycées de plus en plus présente et fait souvent la une des journaux. Jeudi 12 Mars, un étudiant de 18 ans a été mis en garde à vue après avoir menacé sur Internet de faire un carnage dans son lycée du Raincy. Une mauvaise blague qui arrive dans un contexte tendu, alors que deux jours avant, mardi 10 mars, la veille de la tuerie en Allemagne , un groupe d’une vingtaine de jeunes munis d’armes blanches a fait irruption dans le lycée professionnel Jean-Baptiste-Clément en Seine-saint-Denis, blessant légèrement huit personnes.
La sécurité dans les lycées
Cet évènement a entrainé un renforcement des mesures de sécurité en milieu scolaire. La ministre de l’intérieur réfléchi actuellement à la demande du président de la République sur une série de mesures pour lutter contre les bandes organisées. Au risque cependant de « sanctuariser les établissements scolaires » selon les propos même du Président de la République. En visite dans le lycée, il a déclaré que le filtrage et le contrôle aux entrées des établissements seront renforcés. Souhaite que l’intrusion devienne un délit et non plus une contravention et demande la mise en place de soixante-quinze systèmes municipaux de vidéo protection et surveillance pour quatre cents établissements scolaires.
Plus qu’une politique, la sécurité dans les écoles est aussi devenue un véritable business. Renforcées depuis quelques années par crainte d’attentats terroristes, de nombreux établissements ont mis en place des mesures sécuritaires, telles que le filtrage à l’entrée par des agents, les détecteurs de métaux, les portiques ou encore la biométrie…Mais, si l’absence de sécurité effraie, le tout sécuritaire n’est pas forcément plus rassurant. Ces dispositions, en effet, ne garantissent pas le risque zéro et posent le problème du lycée comme bunker.
Des difficultés psychologiques présentes mais peu visibles
Outre ces considérations matérielles, les adolescents bourreaux sont d’abord victimes de troubles psychologiques.
Curieusement, les profils de ses ados sont souvent les même : des jeunes garçons, issus de classes moyennes ou aisées, plutôt solitaires, discrets, en retrait de la classe et des autres élèves, en besoin de reconnaissance, amateur de jeux vidéos ou de films violents…mais dont personnes n’aurait cru capable de tels actes. A l’exemple de Tim, considéré par son entourage comme un garçon « réservé et sympathique qui passait « beaucoup de temps sur son ordinateur », adepte de jeux vidéo violents. qui n’avait pas beaucoup d’amis.
La violence comme refuge
Ces adolescents ont, pour la plupart, une fascination pour la violence qui serait due, selon de nombreux observateurs, a sa banalisation par les médias. Véhiculée dans de nombreux supports, elle sert parfois de modèle à ces adolescents qui n’arrivent plus a faire la part entre réalité et fiction.
Olivier Mauco, membre de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines de Paris explique pour le site d’informations 24 heures
« Il existe une corrélation prouvée entre le fait de jouer à des jeux vidéo violents et l’existence de comportements violents.Les deux peuvent coexister mais l’un n’induit pas l’autre. Tout est dans la nuance.
Il ne faut pas y voir une cause de violence, mais plutôt un révélateur de mal-être. Ces jeunes étaient tous isolés, mal intégrés socialement, psychologiquement instables. Ils trouvaient dans cette occupation une façon de soigner un profond mal-être antérieur. »
Ce drame en Allemagne est survenu quelques heures après un massacre aux Etats-Unis. Dans l’Alabama, un jeune homme de 27 ans a assassiné dix personnes avant de se donner la mort. Dans une interview à la chaîne allemande N24, un enseignant à l’école de police de Münster, a dressé un parallèle entre les deux drames. Pour Joachim Kresten, les images de la tuerie de l’Alabama diffusées à la télévision, ont pu être un facteur déclencheur du passage à l’acte de l’adolescent allemand. Selon lui, de nombreux tueurs de masses sont motivés dans leur folie par la publicité que feront les médias de leur action et ainsi de leur personne. Une hypothèse qui n’est cependant pas prouvée a ce jour.
Internet: le moyen de rendre l’acte et les intentions publiques
Si le Net est un moyen de publicité de l’acte de violence, c’est aussi un dernier appel à l’aide, une possibilité pour les forces de l’ordre de pouvoir intervenir.
Le jeune Allemand avait annoncé ses intentions. Il avait prévenu un adolescent de son âge, qu’il avait rencontré sur un forum de discussion et ajouté :
« J’en ai marre, j’en ai assez de cette vie qui n’a pas de sens, c’est toujours la même chose. Tout le monde se fiche de moi et personne ne reconnaît mon potentiel »
La responsabilité des parents
Mais au-delà, cette tuerie en Allemagne pose une nouvelle question : celle de la responsabilité des parents qui jusque là a peu été abordée. Hormis le sentiment de culpabilité de ne rien avoir vu venir, les parents peuvent-ils être considérés responsables d’avoir laisser a disposition l’instrument de la violence? Selon les autorités locales allemandes, l’adolescent avait utilisé l’une des dix-huit armes que ses parents possédaient, en toute légalité. Le père avait mit sa collection d’armes a feu sous clé sauf une, celle qui a servi aux meurtres. A l’heure actuelle, la police étudie s’il faut engager des poursuites contre le père du jeune meurtrier.