À en croire les derniers sondages, les démocrates ont certes gagné du terrain, mais les républicains ont toujours l’avantage. Dans la course à la Chambre des représentants, l’opposition est en tête du sondage CNN/Opinion Research Corp, avec 52% contre 45% pour les démocrates. CBS News voit également les républicains gagnants avec 45% contre 37%. La situation économique du pays et la politique trop consensuelle du président expliquent en partie ces résultats.
Certes, une plus grave récession fut évitée grâce au plan de relance de 787 milliards d’euros adopté en février 2009. Mais depuis, la reprise tarde à venir. Les chiffres du chômage demeurent à un niveau élevé (environ 10% de la population active). La dette publique a augmenté de 20% depuis 2 ans. Enfin, le nombre de saisies immobilières pourrait dépasser le million à la fin de l’année.
Barack Obama doit aussi son impopularité à sa gouvernance trop centriste. À vouloir être à tout prix consensuel, on finit par déplaire à tout le monde. À gauche, il passe pour un faible toujours prêt au compromis. A droite, c’est un fanatique de gauche. Comme le résume si bien le New York Times, «il s’agit d’un socialiste anti-capitaliste trop proche de Wall Street!».
Déception à gauche
L’aile gauche du partie démocrate ne lui pardonne pas d’avoir choisi dans son équipe Larry Summers ou Tim Geithner, trop proche de Wall Street à leurs yeux.
Par ailleurs, dans une interview accordée au Monde 2, Adriana Huffington, nouvelle porte-parole de la gauche américaine, résume bien les désillusions de son camp à l’égard du président. Elle évoque l’échec du plan de relance (où sur les 787 milliards de dollars injectés, seuls 72 ont été alloués aux projets d’infrastructures), ou encore les 3 000 milliards de dollars du contribuable versés à Wall Street pour renflouer les banques.
Dans son livre Third World America, “L’Amérique du tiers-monde », elle dresse un tableau très noir de la situation économique et social aux Etats-Unis. Selon elle, la classe moyenne américaine serait en voie de disparition, du fait de l’augmentation de la pauvreté depuis 10 ans et de l’état de délabrement des infrastructures publiques. Or, Barack Obama n’a pour l’instant pas réussi à stopper cette descente aux enfers.
Populisme et anti-étatisme à droite
Mais l’opposition la plus virulente à l’actuel locataire de la Maison Blanche se trouve bien évidemment à droite. À la droite extrême même. En effet, depuis l’adoption du plan de relance, s’est mis en place un redoutable mouvement ultra-conservateur et populiste : le Tea Party. Ses partisans refusent toute intervention de l’Etat dans l’économie et se sont violemment opposés au projet de réforme de l’assurance maladie.
Pas moins de 138 candidats républicains sont issus du Tea Party. Selon le New York Times, une bonne trentaine pourrait siéger au congrès et une dizaine au Sénat. Un tel résultat ne ferait qu’accroître leur influence sur la scène politique. Leur programme politique contient des propositions radicales : la suppression du ministère de l’éducation, le retrait des Etats-Unis de l’Onu, ou encore la privatisation du système des retraites…
Les partisans du Tea Party défendent ainsi une vision purement individualiste de la société. Ils ne s’imaginent pas un jour tomber gravement malade sans assurance maladie et devoir payer 30 000 dollars de soins. Ils refusent toutes aides sociales aux plus défavorisés au motif qu’ils auront toujours la possibilité de devenir riche un jour, même à 80 ans passé…
Cap sur 2012
Une probable victoire des républicains priverait l’administration Obama de toute réforme ambitieuse. Néanmoins, l’entourage du président espère limiter les pertes le 2 novembre prochain. En effet, la droitisation du parti républicain pourrait faire fuir l’électorat modéré à leur profit. Ils restent aussi plus optimistes pour les prochaines élections présidentielles en 2012.
Enfin, ce ne serait pas la première fois que les élections de mi-mandat se traduisent par un vote-sanction à l’égard du Président : Ronald Reagan en 1982 et Bill Clinton en 1994 avaient vu leur camp respectif perdre la majorité au congrès. Cela ne les avait pas empêchés d’être réélus deux ans plus tard… Rien ne semble donc perdu pour Barack Obama.
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