Aussi étrange que cela puisse paraitre, il existe à Lancaster, en Californie, une Société de Recherche sur la Terre Plate, la « Flat Earth Society », qui prétend « que la Terre est plate, qu’elle a la forme d’un disque avec, au centre, le Pôle Nord et les continents groupés autour de lui sauf l’Antarctique correspondrait en fait à la circonférence du disque », explique Daniel Shenton, son actuel dirigeant. Au premier abord cela peut sembler amusant et on peut croire à une sorte de canular pour distraire les internautes. Mais il en est tout autrement, car derrière cet aspect se cache le problème de la montée du conservatisme religieux aux Etats-Unis.
Histoire brève de la « Flat Earth Society »
Fondée en 1956 par l’anglais Samuel Shenton puis dirigée par l’américain Charles K. Johnson (décédé en 2001), la Flat Earth Society compte aujourd’hui une centaine de membres, des milliers de sympathisants (2469 sur Facebook) et environ 9.000 visiteurs pour le forum de discussion. L’origine de la société remonte à de vieilles croyances du XIXe siècle : c’est l’anglais Samuel Birley Rowbotham (1816-1884), religieux fondamentaliste, qui reprend le premier la vieille théorie médiévale de la terre plate dans son ouvrage « L’astronomie Zetetic » (zetetic signifie sceptique). Ce vieux dogme, qui prône aussi le géocentrisme, réapparaît à la moitié du XIXe siècle, au moment où le rationalisme scientifique prend de l’ampleur, alors que l’autorité religieuse est en plein déclin. Certains penseurs chrétiens décident alors de lancer des attaques, et c’est notamment le polémiste John Hampden, dans les années 1870, qui réalise la célèbre expérience du niveau de Bedford pour prouver que la terre n’est pas ronde. Aux États-Unis, les idées de Rowbotham sont reprises par l’Eglise catholique apostolique et s’étendent dans plusieurs états, notamment dans l’Illinois.
Voici une interview avec Daniel Shenton, président de la Flat Earth society, où il explique pourquoi la terre est plate.
« Galilée avait tort, l’Eglise avait raison »
Mais à une époque où l’homme a marché sur la lune et où les satellites en orbite envoient des photos d’une planète sphérique, comment le concept d’une Terre plate peut-il encore persister? La plupart des membres pensent tout d’abord que la mission Apollo 8 en 1968 était une grosse supercherie, et que la NASA a truqué la photo de la Terre vue de l’orbite de la Lune. « Les agences spatiales du monde sont impliquées dans un complot international pour duper le public », explique M. McIntyre, membre de la Flat Earth Society. Basés sur des observations soi-disant « scientifiques » et sur leur interprétation de la Bible, ils affirment aussi que la terre est un disque immobile et pas une sphère en orbite. Et sans surprise, ils contestent la théorie de l’évolution et du réchauffement climatique.
La Flat Earth Society n’est pas un cas isolé aux Etats Unis : en novembre 2010 s’était aussi déroulé un congrès baptisé « Galilée avait tort, l’Eglise avait raison », à South Bend dans l’Indiana, à 150 km de Chicago. Des conférenciers issus du monde scientifique, et se présentant comme des « experts », ont tenté de prouver que le Soleil tourne autour de la Terre selon le système géocentrique. Il a pourtant coulé de l’eau sous les ponts depuis Galilée et Copernic, mais il s’agit toujours du même combat de l’obscurantisme contre la vérité. Aujourd’hui, des illuminés et des farfelus tentent de manipuler les esprits pour faire passer leurs théories abracadabrantes, et propagent leurs croyances dans l’espoir que les gens donneront aux Ecritures leur juste place. Il faut bien comprendre qu’aux Etats-Unis, l’attachement au religieux est beaucoup plus important qu’en France, et la montée de certains courants fondamentalistes et de mouvements évangélistes n’est pas sans danger, notamment en pleine période électorale aux Etats-Unis. On a d’ailleurs encore à l’esprit les primaires républicaines, où l’on trouvait un candidat mormon, un autre ayant prôné l’étude obligatoire du créationnisme, et un troisième considéré comme le père spirituel du Tea Party. Le doute est un moteur inéluctable de la démarche scientifique, mais manipulé et contraint à des intérêts particuliers, c’est un moteur non moins efficace de confusion et d’amalgame dans le public.
Plusieurs sites sur le créationnisme et le géocentrisme :
• Answers in Genesis (AiG) dirigée par Ken Ham.
http://www.answersingenesis.org/
• Institute for Creation Research (ICR) dirigé par Henry Morris (1918-
2006) puis par son fils John Morris
http://www.icr.org/
•Ce site est consacré à la relation historique entre la Bible et l’astronomie.
http://www.geocentricity.com/
Étiquettes : Insolite