L’épineux problème malien

Par le 23 octobre 2012

Afflux de Djihadistes par centaines, au Sahel, le Président français publiquement menacé de mort, attentat perpétré contre le chef d’état mauritanien, feu vert onusien à une intervention militaire, otages toujours détenus : la situation au Mali devient explosive. Parallèlement, dans un discours prometteur en rupture avec son prédécesseur, François Hollande affirme à Dakar, que le temps de la « Françafrique » est révolu. Comment concilier efforts humanistes et réalités géopolitiques ?

L’équation ne comporte pas véritablement d’inconnue, elle paraît tout simplement insoluble. Au Mali, tout se précipite. Le pays est aujourd’hui géographiquement coupé en deux et contrôlé par plusieurs groupes fondamentalistes, dont le MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’ouest). Dans la zone « occupée » au nord, les islamistes se divisent précisément en différents courants : les Touaregs séparatistes algériens, Al Qaida au Magreb Islamique, et des Djihadistes (MUJAO) qui veulent imposer la charia ( la loi coranique) au pays. Ces derniers, sûrs de leur force de frappe, n’hésitent plus à menacer la vie de milliers de maliens et celle du président français : «  François Hollande doit réaliser que sa vie est menacée, tout comme celle des otages » avertissent-ils.
Un premier incident a d’ailleurs eu lieu selon le Nouvelobs.fr, le 30 juillet dernier. Un drone français Harfang en mission de reconnaissance a été abattu au-dessus du désert malien. Seule une technologie sophistiquée telle que des missiles sol/air de l’OTAN permet de détecter et d’abattre ce type d’appareil. Ce qui laisse à penser que certains groupes de terroristes ont d’ores et déjà fait leur marché en Libye après l’effondrement du régime de Khadafi, comme le rappellent plusieurs sites d’information africains: Slate Afrique. Le gouvernement malien, indique Le Monde, est autorisé par l’ONU à déployer 3000 hommes pour reconquérir le Nord du pays et ne peut donc pas se passer d’un appui logistique des forces françaises.
Hollande doit maintenant se doter d’un certain doigté. Intervenir pourrait potentiellement menacer la vie des otages français tout en perpétrant une forme d’ingérence, dont le discours prononcé à Dakar se voulait pourfendeur. Jean-Yves le Drian, le ministre de la Défense le rappelle dans  les colonnes du Parisien le 16 octobre 2012 : « nous n’enverrons pas de troupes au sol ». Pourtant, selon une révélation du Figaro datée du 23 septembre 2012, 200 hommes des forces spéciales sont aujourd’hui déployés sur le théâtre malien. Le président français annonce de son côté que « la sécurité au Sahel garantit la sécurité en Europe ».


Djihadiste du Mujao

Enjeux politiques

Cette partie du monde, il est vrai, devient le terreau du terrorisme. Cette zone est désertique, deux fois plus grande que la France (1 millions de kilomètres carrés), sanctuarisée par les islamistes radicaux qui en font leur base arrière. Malgré les efforts affichés de la diplomatie française pour réduire sa présence sur le continent africain, on constate que les liens historiques tissés entre l’Hexagone et ses anciennes colonies, condamnent Hollande à la plus grande implication.

La solution ? internationaliser le conflit. Sous l’impulsion de la France, la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest souhaite s’engager dans le reconquête du Nord Mali dans les prochaines semaines. Washington encourage cette initiative et se dit prêt à apporter son aide.
Entre les lignes, le dossier malien permet aussi à Hollande de repositionner ses pions sur l’échiquier africain. Il peut maintenant asseoir cette nouvelle stature de chef des armées, image qui lui faisait cruellement défaut depuis le début de son investiture. L’impuissance diplomatique de Paris en Syrie avait exacerbé ce sentiment.
Enfin, en perte de vitesse dans l’opinion publique depuis quelques semaines, François Hollande a peut-être compris, à l’image de Sarkozy en Libye, que la guerre permet de masquer les difficultés sociales franco-françaises, une stratégie judicieuse, qui doit en revanche s’appliquer avec parcimonie.
Cela s’avèrera à double tranchant, il faut veiller à ce que l’armée française, sûre d’elle, ne se casse pas les dents. Une source officielle indique le 22 octobre 2012 dans le Nouvel Observateur que «  donner un coup de pied dans la fourmilière est une chose, éradiquer durablement le terrorisme au Sahel en est une autre ».

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à propos de l'auteur

Auteur : Jonathan Donzé

Porté par un goût précoce pour l'écriture, qui ne m'a d'ailleurs jamais abandonné, c'est tout naturellement que je me suis tourné vers ce qui épouse le mieux cette vocation de toujours: le Journalisme. Ce n'est pourtant pas ce qui saute aux yeux lorsque qu'on l'on se penche sur mon curriculum vitae. D'abord interessé par la Communication, c'est par un simple BTS que j'ai entamé mes études post -bac. S'en ai suivi une lente et logique transition, qui m'a conduit en licence infocom, en école de journalisme à Paris, pour se conclure par ce M2 de science-politique à Montpellier. Ces multiples formations , aussi différentes soient t'elles, sont davantage une richesse qu'un handicap. Elles m'ont apporté un Enseignement se nourissant de plusieurs disciplines, qui s'avèrent aujourd'hui être complémentaires. Finalement, peu importe la voie empruntée, je pense que le plus important reste de cultiver cette flamme pour l'écriture et l'Information.