Un pitch simplet et un casting de français en vogue, le dernier film de Michel Leclerc ne révolutionne pas le cinéma.
« Télé Gaucho : la seule télé libre de France » [[Citation du film]]
Retour dans les années 90 : propulsé à Paris où il a dégoté un stage au sein d’HT1 la chaine de télé la plus consumériste du PAF, Vincent, aspirant cinéaste de génie sorti tout droit de sa bourgade de province, se retrouve en même temps enrôlé par un programme télévisé concurrent.
Télé Gaucho c’est le rassemblement de personnalités toutes plus déstructurées les unes que les autres : un chef de fil phobique et névrosé qui se prend pour un grand reporter, une pseudo journaliste gauchiste et butée dont les coups d’éclats virent à l’hystérie, une caméraman bonne à rien et auto-destructrice, complétée par un chanteur travesti et un semblant de révolutionnaire qui se prend pour Che Guevara et vit toujours chez ses parents dans le XVIe arrondissement de Paris. Cette joyeuse équipe de bras cassés se lance dans une lutte contre le capitalisme et les injustices moribondes de la droite au gouvernement. Vivotant dans un immense local de quartier où tout le monde finit par se retrouver pour assister à la diffusion des reportages brouillons et fanfarons. Ça crie, ça boit, ça revendique tout mais aussi et surtout n’importe quoi.
Une ode à l’anarchisme des années 90, qui vire à la dérision.
Largement inspiré de sa propre expérience au sein de Télé Bocal, Michel Leclerc réalise un film qui fracasse la crédibilité des pseudos parisiens révolutionnaires de l’époque.
Le collectif Télé Gaucho s’empare des sujets les plus polémiques d’alors : les expulsions des sans papier, les manifestations du Front National, les premières marches contre le SIDA ou encore celles en défense de l’IVG. Mais Le traitement qu’ils en font est tellement lamentable qu’il en devient risible. L’amateurisme et l’hystérie dont fait preuve tout le long du film l’équipe de télévision, prête à rire ou à pleurer selon les points de vue, mais ce qui se veut comme une comédie est loin de transporter les foules dans des grands éclats de rire. C’est tout juste si l’on ricane un peu.
On retrouve dans le film une tripotée d’acteurs en vogue qui ne suffisent pas à relever le niveau : Maïwenn, que l’on a vu dans Polisse, et Eric Elmosnino, le Gainsbourg du cinéma français, en couple destructeur et furibard qui n’a de cesse de se crêper le chignon. Ils répondent au duo que forment Sara Forestier, la midinette imbécile dont la maladresse confine à la bêtise, et Félix Moati seule véritable surprise du film. Pour son premier grand rôle, celui que l’on avait déjà vu dans LOL, sorti en 2008, campe un cinéaste en devenir qui se perd dans le monde fourbe et perfide de la télévision. Une interprétation touchante qu’il exécute avec brio.
Entre cinéma et télévision, Michel Leclerc fait tomber son premier amour plus bas que terre. Il aurait dû davantage s’inspirer des propos de Godard, qu’il ne cesse pourtant de marteler tout le long du film : « le cinéma c’est regarder vers le haut ».
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