Cinéma : « Nos Héros Sont Morts Ce Soir », longue vie à nos héros

Par le 2 novembre 2013

David Perrault nous propose un premier film qui risque de passer inaperçu au près du grand public. Dommage, il conjugue pourtant une beauté visuelle populaire avec une réflexion sur un mal bien commun.

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Situé à Paris dans le milieu du catch au début des années soixante, Nos Héros Sont Morts Ce Soir est un film esthétique. Il met en scène Victor (Denis Ménochet), traumatisé de la Guerre d’Algérie, et son ami Simon (Jean-Pierre Martins) qui le pistonne pour une place sur les rings. Le catch ici n’est qu’un prétexte et son monde n’est pas développé au-delà de quelques clichés (lutteurs écervelés, patron tyranniques, combats truqués). Cet univers est avant tout l’occasion de capter des images, des ambiances, d’autant plus particulières qu’elles sont marquées par le style de l’époque.

David Perrault nous offre ainsi nombre de plans longs sur ces gueules de gars bourrus, sur la grâce des femmes qu’ils côtoient. Il nous permet de profiter de ces corps sur une B.O. limitée à 5 ou 6 titres (dont deux des Tarantula), mais ô combien juste. Le rythme est lent, l’immersion n’en est que meilleure. Le noir et blanc lumineux est complètement approprié, participant à poser l’ambiance, de sorte que l’on croirait presque que le film à été tourné en 1963. Belmondo au détour d’une rue n’étonnerait même pas.

Suis-je le masque que je porte?

Film visuel, Nos Héros Sont Morts Ce Soir propose aussi une réflexion sur le déficit de confiance en soi et les artifices des Hommes pour y palier. Simon esquive, son acolyte se camoufle. Victor est irrécupérable. Incapable de se gérer soi-même, il ne se libère de son aliénation qu’en portant le masque qui représente ce qu’il voudrait être réellement. Ce qui justifie son questionnement: Sommes-nous, au fond, le personnage que l’on joue?

Si cette interrogation s’applique évidemment à tous les artistes, acteurs, showmans et autres politiciens, elle peut se poser à tout-un-chacun. Se cacher derrière un visage qui n’est pas le nôtre permet-il de dissimuler ce que l’on rejette de nous ou bien de faire émerger une part difficilement accessible de notre être? Est-ce encore une forme de cocon, un passage d’une forme inaboutie de nous vers quelqu’un d’épanoui? Le film ne donne pas de réponse. Il montre des choix possibles mais pas forcément glorieux, motivés par des conditions difficiles.

Nos Héros… possède donc cette qualité rare que de faire plaisir aux yeux et de faire agir le cerveau, sans prétention. Un film humble qui vaut la peine d’être vu!

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à propos de l'auteur

Auteur : Grégoire Nartz

Parce que je considère que pour qu'une société fonctionne bien, il est important que les secrets d'une minorité soit connus de la majorité, le journalisme s'est imposé à moi comme une évidence. Vocation issue de réflexions et de prises de consciences, elle s'enracine dans ma volonté de lutter contre les inégalités, dans ma croyance en la capacité qu'ont les Hommes à changer leur destin, dans ma conviction que le Savoir est une arme, surtout lorsqu'elle est manipulée à plusieurs. Bac ES décroché en Isère en 2008, j'enchaine avec une première année en Histoire et Socio, puis sur une Licence en Science Politique à Lyon 2. En Septembre 2012, je pars pour un an à Chypre y accomplir mon Master 1, dans le cadre du programme Erasmus. Enquêtes de terrain, entretiens, animation d'une émission de radio m'ont permis de me roder à certaines techniques nécessaires à un journaliste. Ces années de formations et d'expériences ont développées chez moi le goût de l'écriture et celui de la recherche du fait. J'y ai entretenu ma curiosité, notamment pour les gens, leur parcours et leurs opinions. Etape clef dans mon parcours, le Master 2 Option du Journalisme de Montpellier est pour moi à la fois un aboutissement et une nouvelle étape. Blog perso: http://gregoirenartz.wordpress.com/