Jeune, dynamique, ambitieuse… mais conventionnelle ! Après la reprise de l’exploitation familiale il y a quelques années, Nadège Jeanjean aurait pu mettre cap sur le bio. Mais non : pas de logo «Agriculture biologique» ni de petite feuille verte sur les bouteilles du domaine de Pech-Tort. Pourtant l’exploitante l’assure : «Je n’ai peut-être pas de label mais je travaille en bio»
Les raisons de sa réticence à la certification
«Pour le bio, il faut soit prendre une partie du domaine soit choisir une couleur. Moi ça ne m’intéressait pas de faire du blanc ou du rosé bio» tranche-t-elle. «Quand j’ai pris l’exploitation je n’ai pas scindé le domaine en deux. Je n’ai pas séparé la production qu’on emmène à la cave de celle qu’on prend pour la maison» raconte Nadège. «Puis, c’est encore des démarches supplémentaires, des papiers… Et j’avoue ne pas avoir l’envie de me lancer là dedans.» Conjuguées aux contraintes de culture, ces lourdeurs administratives s’avèrent bien souvent rédhibitoires.
Les « anti-bio » tiquent
La conversion n’est donc pas à l’ordre du jour au domaine Pech-Tort. Et la progression fulgurante des ventes de vin bio – 22% en 2013 – ne perturbe pour l’heure pas Nadège Jeanjean. «Pas sûr que le label bio fasse plus vendre» oppose-t-elle.
Et pourtant, le phénomène, encore jeune dans la viticulture, de la certification bio – aujourd’hui 8,2% des bouteilles – pourrait rapidement devenir la norme. La logique commerciale chuchote d’envisager une conversion… «Je ne sais pas, répond l’exploitante, pour l’instant je n’en ressens pas le besoin. Si j’y suis obligée je ferai les papiers. Mais les normes on les respecte déjà.»
Juste une histoire de paperasse alors… Même l’aspect financier ne semble pas rebuter la viticultrice de Valflaunès : «Au niveau du coût, passer en bio ne changerait pas grand chose puisqu’on travaille déjà avec les produits recommandés.»
Fi de l’étiquette !
Loin de remettre en cause le principe, les «résistants» au bio si on peut les appeler comme ça, résistants à la certification en tout cas, ne sont pas pour autant réticents à ce type de culture. Ils disent même la pratiquer. «On n’utilise pas de désherbants ou de produits nocifs», assure Nadège.
L’exploitante connait évidemment les impératifs de respect des sols et des cultures. Elle parle «d’agriculture raisonnée» plutôt que de bio. Tel est le message : pas besoin de logo pour faire du bio. Nadège Jeanjean l’évoque d’ailleurs volontiers avec ses clients. «On fait beaucoup de vente en direct, précise-t-elle, ce qui me permet d’expliquer cet état d’esprit.» Et de marteler : «Je n’ai pas demandé le label, mais je travaille avec un œnologue qui le connait bien.»
Aux logos verts, Nadège préfère donc ses étiquettes.
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