Comprendre le handicap reste un défi absolu pour celles et ceux qui ne sont pas dans cette situation. Sensibiliser en continu, tel est l’objectif du salon Handi’com organisé à Montpellier. Pour Philippe Natarianni, porteur du projet minibus, la formation et l’éducation tiennent le premier rôle dans la démarche de sensibilisation. «Les enfants sont très importants pour enlever des barrières et lever des tabous», explique-t-il. C’est ainsi que 150 bambins montpelliérains ont pu découvrir le Mobil’Hand, un parcours ambulant qui les met en condition de handicap physique pour appréhender les obstacles du quotidien.
Côté formation, 600 agents municipaux ont tenté de répondre à une question majeure : comment travailler en équipe quand on est en situation de handicap ? «Tout simplement à l’aide d’une déclaration (obligatoire) qui permettra d’adapter les postes», explique Philippe Natarianni. Une démarche loin d’être anodine puisque des fonds sont alloués aux entreprises embauchant au moins 10 % de personnes handicapées.
Le handicap financier des professionnels
Au stand de la Chambre de commerce et de l’industrie de Montpellier, on tient d’abord à définir le handicap, soit «toute limitation partielle ou permanente de la mobilité». On parle ici des malvoyants, des malentendants, en passant par toutes les personnes à mobilité réduite : personnes âgées ou celles accompagnées d’une poussette. Pour les professionnels que la CCI accompagne, le public est large.
Valérie Balaguer, en charge du secteur touristique, affirme que le chantier est tout aussi vaste : «Aujourd’hui, 80 % des établissements recevant du public ne sont pas aux normes alors même que la loi du 11 février 2005 l’imposait au 1er janvier 2015. Un délai a été accordé pour le dépôt des dossiers mais les chambres de commerce et les syndicats sont montés au créneau». Selon elle, les professionnels dérogent pour plusieurs raisons : les exigences des Bâtiments de France, le manque d’implication des syndics ou les impositions techniques.
L’aspect financier va également être un frein. «C’est ce que l’on appelle la disproportion manifeste, soit la différence entre la mise en accessibilité et le coût que cela représente», précise Valérie Balaguer. Mais selon la conseillère, beaucoup de professionnels pratiquent la politique de l’autruche. Elle admet néanmoins que sans aide financière, ces mises aux normes sont difficiles voire impossibles pour les très petites entreprises. C’est pourquoi ces dernières bénéficient d’une dérogation lorsqu’elles sont en mode de survie.
Agir de concert
A Montpellier, on dénombre 27 000 personnes en situation de handicap, soit 10 % de la population. Chef de projets handicap et accessibilité à la mairie, Jean-Pierre Galaud parle de 40 millions d’euros budgétisés sur neuf ans pour rendre la ville accessible. Cela concerne pas moins de 290 bâtiments municipaux.
Pour mener à bien ces projets, il faut se concerter. «Nous avons le projet d’une zone d’aménagement concernée (Zac) baptisée République dont l’objectif est de proposer une conception universelle en mettant autour de la table tous les citoyens. Cela permet de limiter les coûts car les travaux sont pensés en amont», argumente Jean-Pierre Galaud.
De son côté, l’association Cap Horizon, agit de concert avec les sites touristiques en proposant des formations ou la possibilité d’obtenir le label «tourisme handicap». Son président, Jackie Lapalud, est à l’origine du dispositif Audioplage qui rend accessible la baignade aux malvoyants grâce à un système de totems et de balises. Dans le département de l’Hérault, six plages sont concernées (Agde, Marseillan, Balaruc, Carnon, Palavas et La Grande Motte).
Vient ensuite le sport, activité de rassemblement par excellence. Selon Christian Gremaux, vice-président du Montpellier Tandem Club Handisport, l’interaction entre handicapés et valides est un levier d’intégration : «Quand on est sur un vélo en tandem, on parle, on échange.» C’est pourquoi il demande aux guides de son association de ne pas se lancer dans le bénévolat simplement pour faire une bonne action, mais bien pour prendre du plaisir. On évite ainsi le communautarisme, le vice-président de l’association rappelant au passage que dans le milieu du handicap, «ce n’est pas si fréquent».
Comprendre le handicap, c’est donc aussi accepter de vivre la différence… ensemble. Cap ?