Petite foule, gros slogans. La ligue du Midi est « un mouvement de terrain et d’agitation » qui entend défendre les français de souche face aux mondialistes. Si elle n’ambitionne pas de devenir un parti, elle n’en est pas moins en quête de visibilité. Raison pour laquelle « une grosse action » est organisée chaque mois : « les militants en sont friands » assure Richard Roudier, son président.
La dernière en date, la construction d’un mur anti-migrants devant le centre d’hébergement destiné à l’accueil de 90 réfugiés à Montpellier d’ici la fin de l’année. Une fierté pour ces identitaires qui scandent un « Montpellier sans clandestins ».
Rassemblés au Peyrou ce samedi 8 octobre « contre les migrants », ils étaient une soixantaine à assister aux discours de Richard Roudier et de ses invités. Parmi eux, le général Piquemal, radié des cadres de l’armée depuis août dernier, suite à sa participation à une manifestation contre la politique migratoire du gouvernement à Calais.
Présent aussi, Renaud Camus, auteur du concept de « grand remplacement » cher à Eric Zemmour. Selon sa théorie, nous assisterions à une substitution volontaire de la population européenne par une population extra européenne originaire d’Afrique et du Moyen Orient.
Pour cet écrivain d’extrême droite, les remplacistes, c’est à dire les élites politiques, médiatiques et intellectuelles blanches, courent à leur perte : « ils remplacent des veaux par des chacals. Ils seront mangés. » Dans son esprit, « les blancs » seraient les veaux, et « les africains », ces éternels cannibales, des chacals. Renaud Camus serait lui une sorte de berger guidant son troupeau vers « une guerre de libération nationale, de décolonisation, à l’intérieur du pays ».
Front National – Ligue du Midi, deux facettes d’une même pièce ?
Au fil des interventions, les mêmes incantations se succèdent et se répètent : la revendication de l’héritage culturel français face à l’islamisation, la fermeture des frontières, l’assimilation totale des étrangers, et l’incontournable remigration. Pour ces militants qui comptent « sauver la France », le combat à est moins la pauvreté ou le chômage que « l’occupation musulmane et étrangère ».
Un argumentaire semblable à celui du Front National. S’ils aiment à se distinguer, leurs divergences semblent plus subtiles que leurs valeurs communes. Et le FN s’avère être une véritable « caisse de résonance » pour la Ligue du Midi.
Ainsi, dans leur logorrhée, le gouvernement « socialo-islamo-gauchiste » aurait permis aux musulmans et aux étrangers de s’emparer du pays. Les réfugiés seraient à 90 % des migrants économiques en provenance de la corne de l’Afrique et de l’Afghanistan . Les autres, qui fuient la guerre, sont eux « des lâches qui ne se battent pas pour leur liberté ». Quant à l’islam, elle ne serait pas une religion mais « un outil du diable pour propager la haine ». Dans l’assistance, une dame frémit : « si l’on ne fait rien, tous ces jihadistes finiront par nous imposer la charia ».
Des identitaires anti-identités (du moins celles des autres)
Lorsqu’on l’interroge sur l’extrême radicalité de ses propos vis à vis des français musulmans, Richard Roudier assume : « ils n’ont pas à se sentir rejetés s’ils ont été correctement assimilés, et si ça ne leur plaît pas, ils n’ont qu’à rentrer chez eux ». Ceux-ci devraient ainsi occulter une partie de leur origine, de leur histoire et culture au profit d’une seule et immuable « culture française ».
A l’inverse, sur son site, on peut lire : « Fière de ses racines, La Ligue du Midi additionne les héritages culturels et historiques de nos identités, qu’elles soient locales, régionales, nationales ou européennes. » Les liguards peuvent donc additionner leurs différents héritages culturels, mais pas les français musulmans. Si cela peut paraître paradoxal, pour Richard Roudier ca coule de source : la multiplicité des identités est acceptable, « seulement si elle est intra européenne ! »
La manifestation s’est terminée par une collecte de fonds pour « l’organisation des prochains événements ». Et une marseillaise entonnée en choeur par une Ligue dont le jour de gloire est lui, loin d’être arrivé.
Montpellier, plus solidaire qu’identitaire
De l’autre côté de l’arc de triomphe, une toute autre troupe d’environ 300 personnes a tenu « à ne pas laisser la rue aux extrémistes ». Des antifascistes, des associatifs et des militants favorables à l’accueil des réfugiés à Montpellier se sont rassemblés pour clamer leur solidarité et leur souhaiter la bienvenue.
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