En 2002, Michel Onfray a relancé le concept des Universités populaires. A-t-il joué un rôle dans la création de l’UPP ?
Nous n’avons pas réagi à l’initiative de M. Onfray à Caen. Henry Solans l’économiste, Jordi Vidal l’écrivain et moi-même avons pris comme référence les UP catalanes. Nous avons d’ailleurs longtemps hésité à nous appeler «Université Populaire de Catalogne». C’était alors un renvoi à l’éducation populaire catalane des années trente. Dans chaque village, les gens les plus érudits faisaient la leçon aux enfants. Cette tradition est simultanément anarchiste et libertaire. Carrément en dehors de l’État et du système républicain qui a supprimé l’éducation populaire en l’intégrant. Ce qu’a fait Onfray, c’est de remettre le concept à jour et de le réinventer en lui donnant un ton et un sens particulier.
Comment fonctionne une UP, et sont-elles marquées politiquement ?
Chaque université a une couleur politique propre, généralement à la gauche de la gauche, et une forme propre. Globalement elles sont toutes libres et gratuites et ne prévoient même pas d’inscriptions. Il n’y a pas d’institutionnalisation trop lourde. D’ailleurs, la moins institutionnalisée, c’est la nôtre. Nous sommes parmi « les anarchistes les plus anarchistes », comme aime à nous appeler Michel Tosi, le patron de l’UP de Narbonne. C’est une volonté pour nous.
Quel public fréquente l’UPP ?
Majoritairement des inactifs : retraités et RMIstes, mais aussi pas mal d’étudiants. En plus bien sûr, de tous les professeurs de philosophie et d’histoire-géographie des alentours.
Qu’est-il enseigné lors des sessions ? Y a-t-il un fil directeur dans les séminaires ?
Les deux premières années, nous avons travaillé la question de la philosophie de l’histoire. La fin de l’histoire économique était le propre du discours d’Henry Solans tandis que Jordi Vidal et moi-même nous sommes concentrés sur les grands thèmes théoriques, les philosophies françaises, italiennes et allemandes. Des thèmes sociaux à la croisée des chemins entre théorie et histoire.
Cette année nous débutons un cycle sur la psychanalyse et sur le travail esthétique à base de workshops [[Ateliers de création.]]. Mais nous réagissons également aux demandes spéciales, l’interactivité est réelle dans nôtre UP.
Quels sont vos modes de financement ? Vous garantissent-ils une bonne publicité et surtout une totale indépendance ?
Nous avons fait le choix de ne pas être prosélyte, de ne pas faire de l’information propagandiste. Nous sommes en souffrance de la communication comme condition sine qua non, et la critiquons. Nous n’avons pas de frais, pas de budget. Les locaux que nous utilisons sont prêtés. Nous communiquons par voie de presse, nous envoyons également les programmes à des contacts par courriels, qui relaient eux-mêmes l’information. Tout est fait dans un souci de gratuité, gage d’indépendance.
Pour finir, sur le plan personnel, que vous apporte l’UP ?
La liberté. La liberté d’aller dans un endroit et de savoir que personne ne m’y envoie. Que je ne serais pas payé, que je n’ai pas à contrôler les gens, mais juste à leur dire « Salut ». Et ça, ça n’a pas de prix…
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