Les résultats sont tombés dans la nuit de vendredi. Seulement 42 voix séparent les deux prétendantes au poste de premier secrétaire du parti socialiste. Pour succéder à François Hollande à la tête du PS, Ségolène Royal et Martine Aubry n’ont pas réussi à fédérer les militants socialistes qui, de plus en plus, donnent une image de grande confusion. Pour l’heure, la maire de Lille dépasse la présidente du Poitou-Charentes d’une très courte tête avec 50,02% des suffrages exprimés. Et déjà les lieutenants de Ségolène Royal, Julien Dray et Manuel Valls, sont montés au créneau. Ils dénoncent notamment des irrégularités dans les résultats, publiés à l’issu du dépouillement mais pas vérifiés. Julien Dray a même exigé l’organisation d’un troisième tour pour départager les deux énarques. Proposition rejetée par le clan Aubry.
Réunions houleuses
Ce nouvel épisode stigmatise la crise profonde qui touche le PS depuis la défaite aux dernières élections présidentielles. Un malaise qui se ressent jusqu’aux débats de la fédération héraultaise. Au soir du premier tour de scrutin durant lequel se déroulait également l’élection des secrétaires de section et du premier secrétaire fédéral de l’Hérault, la tension était palpable. Fanny Dombre-Coste, candidate à sa propre succession dans la 4ème section de Montpellier, rappelle qu’elle a subi « une campagne agressive de la part d’un candidat qui défendait une autre motion » (elle-même soutenant Ségolène Royal). « La dernière réunion a été assez houleuse, en dessous de la ceinture par moment » confie-t-elle, émue et soulagée après une large victoire. Sa candidature a recueilli 68 voix sur les 92 votants. Pourtant, elle reste optimiste quant aux conséquences des remous qui touchent son parti. « Au moment des congrès, il y a toujours des mouvements de fonds, comme des plaques tectoniques qui bougent. Il y a des influences, des affrontements, c’est normal » affirme-t-elle. « Ça fait parti du jeu et c’est important que tout le monde puisse s’exprimer. C’est la démocratie ! ».
L’élection du secrétaire fédéral a également démontré la fracture qui touche les socialistes héraultais. Michel Guibal, soutenu par André Vézinhet (président du conseil général de l’Hérault), partisan de la motion Delanoë rallié à Aubry, était opposé à Robert Navarro proche d’Hellène Mandroux et de Ségolène Royal. A l’annonce des premiers résultats, les deux camps, séparés dans les locaux de la fédération de Montpellier par une rangée d’isoloirs, continuaient de défendre mordicus leurs lignes respectives. « Nous accusons un retard de 200 voix, mais il en reste encore 1 700, rien n’est joué » annonçait M. Vézinhet peu avant minuit. Une heure plus tard, Navarro l’emportait. Avec 58% contre 42%, Michel Guibal a néanmoins sérieusement inquiété son adversaire, tendu comme un arc. Il améliore le score de Paul Alliès, précédent opposant de Navarro au même poste, de près de 15 points. Entre joies et rancœurs, l’ambiance est restée explosive toute la soirée, tour à tour ponctuée de félicitations et de petites phrases assassines. Les partisans de chacun séparés par une frontière imaginaire.
«Faire vivre la démocratie»
Au lendemain des résultats la crise des socialistes n’est donc toujours pas réglée. Le parti est littéralement coupé en deux et hésite toujours entre des lignes politiques opposées sur de nombreux points, notamment les alliances avec le Modem de François Bayrou. André Vézinhet veut tout de même arrondir les angles : « Aujourd’hui nous sortons d’un débat d’idées et de personnes qui a fait apparaître certaines tensions, mais il ne faut pour autant en conclure qu’il y a deux partis dans un seul ». Pour Rémi, militant à Montpellier, il ne faut pas s’inquiéter : « ceux qui ne sont pas au PS voient la situation actuelle plutôt négativement, mais au parti il y a toujours eu des courants. A l’époque c’étaient les mitterrandistes et les chevènementistes, aujourd’hui c’est Royal et Aubry… C’est normal ! ». Il ajoute ironiquement, « on n’a pas trouvé mieux pour faire vivre la démocratie ». Une chose est sûre, la future premier secrétaire du PS aura beaucoup de travail pour rassembler le peuple socialiste.
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