Fidèle à l’esprit de Joël et Ethan Coen et à leur humour qui se conjugue au 99ème degré, ce nouvel opus prend cette fois-ci la CIA pour toile de fond. Mêlant l’anecdotique et l’essentiel, le loufoque et l’absurde, le style des deux frères semble néanmoins s’essouffler. Ce dernier épisode de la trilogie sur les héros idiots, débutée par « O’brother » et « Intolérable Cruauté » en est la preuve. Le scénario de « Burn after reading » part dans tous les sens, le spectateur a du mal à suivre les aventures étranges et bizarroïdes des personnages. Bref, on s’y perd très rapidement.
Ce dernier film semble être la farce de trop des frères Coen, qui nous ont habitué à mieux. L’humour noir qui guide les pas des personnages n’est pas très convaincant. Il plonge certes le public dans l’ambiance dès la première scène mais il le noie dans les problèmes de cupidité de ces personnages qui se croisent et se décroisent pour… se détruire à la fin.
Heureusement que le jeu des acteurs sauve cette farce. Le premier par ordre d’entrée en scène, et également par le talent, John Malkovich alias Osborn Cox se fait renvoyer par la CIA en raison de « son problème d’alcool ». Il décide alors d’écrire ses mémoires, pour dire tout le mal qu’il pense de son ancienne organisation. Ses fameux écrits tombent dans les mains de Chad. Comment ? Kate Cox les a volé (pour la procédure de divorce) et les a oubliés dans un vestiaire d’une salle gym assez « plouc » où travaillent Chad Feldheimer et Linda Litzke, interprétés par un Brad Pitt hilarant dans son rôle et Frances McDormand, jouant une femme obsédée par son physique.
Pendant ce temps là, la femme de Cox, jouée par Tilda Swinton, le trompe avec Harry Pfarrer, un homme plein de toc et de manies étranges, un personnage mêlant médiocrité et sex-appeal qui n’est autre que George Clooney, ce dernier étant très pris par la fabrication d’un objet pas très commun dans son garage… Chad se procure le CD des mémoires de Cox, décidé à le faire chanter et associe sa collègue, Linda, seule et désespérée, qui veut se faire lifter et rencontrer l’âme sœur à tout prix. Mais Chad, le maitre chanteur qui n’a que 8 ans d’âge mental se fait assassiner par Harry Pfarrer, amant de Madame Cox et Linda Litzke.
Stop ! Le spectateur est totalement perdu dans ce scénario. Mais pas de panique, c’est le style Coen qui s’essouffle. En effet, « Burn after reading » n’a aucune logique dans sa narration. On filme pour le plaisir de filmer et c’est ça la marque (all rights reserved) des Coen. Cependant, les fans et les spectateurs les plus indulgents trouveront que le film est une caricature très décalée de la CIA, ni plus ni moins, où tout doit bruler et disparaître où un regard critique sur deux mondes que tout sépare à priori.
Enfin, les réalisateurs se font un énième cadeau dans leur dernier opus. Ils filment pour le plaisir de filmer. Il semble que les deux Coen oublient parfois qu’un long métrage est fait pour être regardé et donc, même si tous les gouts sont dans la nature, « Burn after reading » semble être la farce de trop de Joel et Ethan. Un style à revoir absolument !
Toujours à l’affiche dans les salles suivantes:
Gaumont Multiplexe, Diagonal – Capitol, Gaumont Comédie, Le Royal