La cause est entendue. Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste soutient la candidature de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon pour les élections régionales des 14 et 21 mars prochains.
La maire de Lille l’a une nouvelle fois affirmé dimanche 17 janvier au micro du « Grand Jury » RTL – Le Figaro – LCI. Saluant l’action de Georges Frêche pour la région, elle a estimé que « oui », si elle était résidente du Languedoc-Roussillon, elle voterait pour lui. La première secrétaire du PS précisait toutefois qu’elle aurait « préféré une autre solution et un autre candidat de gauche avec l’ensemble de nos partenaires de gauche ». Et de rappeler que « Georges Frêche n’a pas l’investiture du PS ».
Ce soutien de Mme Aubry au président sortant se veut donc avant tout l’assurance pour le Parti socialiste de ne pas voir la droite l’emporter en Languedoc-Roussillon. « J’espère qu’il gagnera parce que je ne veux pas que cette droite gagne […] Jamais je ne ferais le jeu de la droite » a-t-elle ajouté.
Mais ce soutien correspond également à une certaine logique électoraliste pour une première secrétaire qui a affirmé à plusieurs reprises vouloir réaliser le « grand chelem » en l’emportant dans les 22 régions de la France métropolitaine. Dans cet objectif, Martine Aubry a sans doute intérêt à soutenir Georges Frêche, exclu du PS en 2007, aussi controversé soit le personnage. Un récent sondage vient d’ailleurs la conforter dans ce choix en créditant le président de région de 29% des intentions de vote (ndlr notons tout de même que le sondage a été commandité par le PS et, en l’occurence, se porte en faveur du PS). Soutien en demi-teinte donc, soutien « contraint », mais soutien malgré tout.
Victoire « Frêchiste », désaveu socialiste
La candidature de l’ancien maire de Montpellier prend donc une forme de désaveu pour la direction du Parti socialiste qui affirmait, au lendemain de la déroute électorale des européennes de juin dernier, ne pas souhaiter le reconduire à la tête de la région Languedoc-Roussillon. A la Rochelle au mois d’août, lors de l’université d’été du PS, les caciques du parti continuaient d’affirmer qu’« il serait difficile de soutenir Georges Frêche ».
Sur le site du Parti socialiste, Arnaud Montebourg affirmait que « Georges Frêche et son système ne sont décidément pas solubles dans la rénovation du socialisme ». Le Secrétaire national chargé de la rénovation s’en prenait alors à « son hostilité radicale et son mépris affiché pour un parti qu’il n’imagine pas se rénover un jour ».
Et pourtant ! En dépit de cet apparent consensus interne de ne pas voir M. Frêche reconduit à la tête de la région, c’est bien pour ce dernier, sous couvert de la candidature de Didier Codorniou, que les militant ont massivement voté (plus de 90% des votes) les 1er octobre et 3 décembre dernier. Un vote en forme de plébiscite qui se faisait au dépend du candidat soutenu par la direction du parti, Eric Andrieu.
Mise devant le fait accompli, Martine Aubry devait prendre acte, le mardi 8 décembre, de la décision des militants. Sans avaliser officiellement la candidature de Georges Frêche, la direction du parti annonçait qu’elle ne présenterait pas de liste alternative pour faire barrage au président sortant. « Nous n’entérinons pas sa candidature qui] réellement nous a posé un certain nombre de questions » déclarait ainsi Marine Aubry le 9 décembre au micro de [France Inter. « Nous prenons acte du vote des adhérents de cette région […] Nous ne proposerons pas à la Convention nationale de donner l’investiture nationale à Georges Frêche. Et nous ne proposerons pas un autre dispositif, car sans nos partenaires, ce serait ajouter de la division » précisait de son côté Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections. Une petite victoire pour Georges Frêche, qui prend pour le PS la forme d’un désaveu majeur.
« Indéboulonnable » Georges Frêche
Au final, un tel déroulement témoigne d’une chose : l’assise de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon présent depuis 1973 dans le paysage politique local.
Contacté par hautcourant, Michel Noblecourt, éditorialiste au journal Le Monde, spécialiste du Parti socialiste, explique que l’ancien maire de Montpellier « apparaît indéboulonnable, par le parti ». « C’est vrai que c’est un aveu d’impuissance [pour le PS] mais Frêche tient solidement et fermement la région » poursuit l’éditorialiste. A ses yeux, la victoire de du Président ne semble faire guère de doute : « je ne crois pas qu’il puisse être très inquiété » reconnait-il.
Si Georges Frêche s’est félicité de la décision du parti de ne pas proposer d’investiture officielle face à sa liste, jugeant que cela relevait du « bon sens », il n’a toutefois pas manqué de railler la position de la direction socialiste à son égard. Ainsi déclarait il au micro d’Europe 1, samedi 16 janvier : « Ils sont sympas au PS mais il y a beaucoup de faux culs ». Et d’ajouter, non sans provocation « Si je perds ce sera moi qui perdrait, si je gagne ce sera le PS qui gagnera ».
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